Une zone de contrôle des émissions d'oxydes de soufre (ECA SOX MED) a été désignée : Un carburant moins polluant pour les navires méditerranéens

31/03/2022 mis à jour: 03:04
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Photo : D. R.

Une décision historique : désignation de la mer Méditerranée dans son ensemble en tant que zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre (ECA SOx Med). Ce projet implique un changement du type de carburant utilisé à bord des navires. Ils navigueront dans trois ans avec un carburant moins polluant. C’est l’un des moyens pour réduire les effets néfastes constatés jusque-là sur les Méditerranéens et la biodiversité méditerranéenne. Explications.

La soumission de la proposition conjointe et coordonnée à l’Organisation maritime internationale (OMI) visant à désigner l’ECA SOX Med a été établie en février dernier. Elle sera, selon le rétro planning, rendu publique par le Plan Bleu, censé éclairer et mener des actions de sensibilisations de proximités avec entre autres le MedEcc, par une évaluation en juin prochain.

La date prévue de la mise en application effective de ce projet est fixée en principe pour janvier 2025. Cette nouvelle proposition a été convenue par l’ensemble des parties contractantes de la Convention de Barcelone en décembre 2021, lors de la COP22.

Les décisions pour protéger la Méditerranée et les Méditerranéens urgent surtout lorsque nous décortiquons le rapport portant sur l’état de l’Environnement et du développement en Méditerranée RED 2020. A l’exception de deux bonnes nouvelles soulevées, à savoir moins d’accident d’hydrocarbure et le maintien des eaux de baignade en haute qualité.

Autrement dit, même si elle est parmi les voies maritimes les plus fréquentées au monde, cette mer enregistre une diminution des accidents de déversement d’hydrocarbures mais aussi l’amélioration de la qualité des eaux de baignade avec 90% qualifiées comme «bonnes» voire «excellentes», mais le reste du tableau est malheureusement noir.

Risque sur les Méditerranéens

Le rapport relève les détails des polluants qui impactent la santé humaine, la biodiversité et endommagent les infrastructures par les pluies acides. L’un des moyens de réduire ces effets consiste ainsi à édicter des normes pour le carburant utilisé à bord des navires.

Les eaux de la Méditerranée supportent 20% des transports maritimes de commerce, 10% du trafic mondial de conteneurs et plus de 200 millions de passagers chaque année. Les navires naviguant en Méditerranée consomment environ 19 millions de tonnes de carburant (fuel-oil) par an, à un coût d’achat estimé d’environ 10 milliards de dollars (REMPEC, 2019).

Les mouvements de navires entraînent des émissions de polluants atmosphériques et de particules provenant de la combustion de carburant, dont les oxydes de soufre (SOX). Ces polluants impactent la santé humaine, la biodiversité et endommage aussi les infrastructures par les pluies acides.

La désignation d’une ECA SOX Med implique un changement du type de carburant utilisé à bord des navires, basculant vers un carburant plus cher (REMPEC, 2019) mais nettement moins polluant. Aucune modification des moteurs des navires n’est nécessaire. La traversée de toute la Méditerranée (du Canal de Suez jusqu’à Gibraltar) d’une tonne de cargo est prévue de coûter 1,31 $ US de plus avec l’ECA SOX Med.

Le dernier rapport de Giec sur le changement climatique 2022 inclus d’ailleurs un chapitre sur la vulnérabilité de la région et les risques importants dus aux changements climatiques. C’est la première fois dans les rapports de GIEC la Méditerranée est étudiée en tant qu’entité. Cela démontre la situation critique de la région.

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