Une voiture, une légende : Renault 5 Turbo, la citadine bodybuildée

08/02/2022 mis à jour: 07:00
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La fabuleuse Renault 5 Turbo

Après avoir pris un grand plaisir à raconter l’histoire de 4 grands pilotes ayant marqué le sport mécanique à travers 4 volets, quoi de mieux que de parler de voitures ayant elles aussi marqué l’histoire du sport automobile durant les années 80 et 90. 

Pour cette première édition, nous allons traverser la Méditerranée à la découverte d’une petite voiture au cœur grand comme ça ! Elle a failli ne jamais voir le jour, mais l’idée était si bonne que son développement a tout de suite été accepté. 

Son palmarès en rallye en a fait une légende et même un exemplaire de ce modèle mythique est caché à Alger depuis des décennies. Il s’agit de la Renault 5 Turbo. Une bombe de 750 kg et 130 chevaux en version civilisée et 360 chevaux en version groupe B.

Le prototype

Quand on parle de Renault, on pense souvent à des voitures fades, insipides. De banales familiales qui ne sont ni belles à voir ni à conduire, mais lorsqu’il s’agit de Renault Sport, on change totalement d’état d’esprit, et les choses deviennent plus intéressantes et la R5 Turbo en est le parfait exemple. 

On parle d’une petite voiture de 750 kg à qui on a greffé un moteur Turbo, et cette idée, on la doit à Jean Teramorsi. Dans les années 70, la R5 connaît un succès incroyable et parallèlement à ça, Renault est en train de développer le Turbo et en toute logique, une idée commence à germer entre Teramorsi et son assistant. 

Après avoir convaincu les patrons, un cahier des charges est élaboré en 1976 et c’est Marck Deschamps, designer auto, qui va tirer les premières lignes de l’auto. 

En 1976, un drame arrive. Jean Teramorsi, le père spirituel de l’auto, meurt soudainement et Gerard Larousse prend la suite du projet. Le premier modèle est dévoilé au Salon de Paris en 1978 et le succès est là et ils ne peuvent plus reculer. La version définitive sera dévoilée en 1980 au Salon de Bruxelles. Elle affiche une cylindrée de 1376 CC, 160 chevaux et 950 kg.

La R5 Turbo

La voiture est entrée en production et les premiers exemplaires arrivent en concession, mais les problèmes commencent à surgir. En premier lieu, elle fait 20 000 francs de plus que ce qui était prévu, soit 115 000 au lieu de 95 000. 

Aussi, la voiture est vraiment dédiée aux amoureux de rallye. Elle est difficile à manier, et au quotidien, elle est brusque. Il faut une certaine expérience pour la conduire, et avec le turbo qui catapulte, quelques-unes ont rapidement été crashées. 

Pour Renault, la priorité était de réduire les coûts de production et ils vont y installer des pièces de R5 Alpine. Elle sera vendue à 1630 exemplaires. En 1982, Renault lance la Turbo 2. 

Comme mentionné plus haut, la R5 turbo est équipée de pièces de R5 Alpine comme le tableau de bord et des éléments mécaniques et de carrosserie comme le pavillon, les portes ou même la culasse.

 Grâce à ce mélange de pièces, le prix va baisser à 92 000 francs. Les performances, quant à elles, restent inchangées. Toujours 1376cc, 160 cv et 950kg. Grâce à cette politique 3167 exemplaires sont livrés. 

Sur circuit la petite bombinette est incroyable. Renault, pour se débarrasser de la coupe R8 Gordini qui était trop vieille, décide de créer la coupe R5, un championnat qui se déroulera à travers les circuits du monde de Formule 1 juste avant le Grand Prix. 

Une chance incroyable pour la marque et pour le modèle qui aura une visibilité sans égale. Ainsi, elle aura couru sur le circuit de Monza en Italie, Monaco, le Castelet ou même le Nurburgring et se déroulera sur 4 saisons de 1980 jusqu’à 1984. 

Grâce à ça, beaucoup de pilotes vont s’intéresser à la bombinette, on citera le Maestro de la R5 Jean Ragnotti, Tierry Sabi ou encore Dany Snobek. Pour limiter la préparation, les choses se sont limitées à un arceau cage boulonné et des roues un peu plus larges. 

La plus impressionnante sur circuit reste sans nul doute la super production. Ce modèle faisait 350cv et 370cv en évolution 2. En 1987, Erick Comas remporte le championnat avec.

La Seven, la tour de corse, la groupe B

La Seven est développée pour la course et est homologable pour le groupe 4 qui était le prélude du groupe B. La voiture sera modifiée mécaniquement pour encaisser 200 chevaux et le châssis a totalement été renforcé et idem pour les trains roulants. 

A l’intérieur, elle reçoit des sièges baquets, des harnais et un arceau-cage. Aucune ressemblance avec la R5 TL. La tour de Corse, quant à elle, est un véritable monstre. 

Elle est directement homologable pour le groupe B, catégorie reine à cette époque. Elle sort d’usine au prix de 385 000 francs, plus large de 7cm, reçoit un kit gros freins 4 pistons, l’embrayage et le refroidissement sont renforcés et le moteur sort 240cv et peut encaisser 320.

La maxi

En 1984, l’auto était déjà dépassée, son budget développement était serré et elle doit faire face à des autos plus méchantes que jamais avec quatre roues motrices, on citera l’Audi Quattro et la Peugeot 205 Turbo 16. 

Cependant, entre les mains de grands pilotes comme Jean Ragnotti, la voiture était véritablement monstrueuse sur l’asphalte. Pour encaisser les 350 chevaux, le châssis a encore une fois été élargi et renforcé et les suspensions ont un meilleur débattement et un système de dépression du turbo issus de la F1. 

Le moteur fait 1573cc. Elle est vendue à 850 000 francs alors qu’elle coûte 1 100 000 francs à Renault, un effort fait par la marque pour attirer les écuries privées. 

3 voitures seront retenues par Renault officiel, il s’agit de la jaune et noir Diac pour François Chatriot, la 33 ESport pour Didier Oriol et la Phillips pour Jean Ragnotti. En 1985 Jean Ragnotti bat la concurrence au tour de Corse face à des autos plus abouties. La R5 rentre dans l’histoire !

Conclusion

La R5 Turbo est une voiture spéciale. Elle aura marqué l’histoire grâce à sa bouille sympathique, mais aussi grâce à sa mécanique légendaire. Elle aura été pilotée par de grands noms du sport automobile. 

Grâce à cette bombinette, Renault Sport aura réalisé quelque chose d’incroyable et aura inscrit son nom dans le livre d’or de l’histoire des rallyes. Quant au modèle qui est là à Alger, elle n’a plus vu le soleil depuis des années et prend la poussière quelque part dans un garage. 

Espérons qu’elle reverra le jour prochainement. 

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