Une vente aux enchères à New York pour redonner vie à la maison de Nina Simone

20/05/2023 mis à jour: 05:55
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Des artistes ont réuni onze œuvres, dont des tableaux de Cecily Brown ou Sarah Sze, pour faire de la maison natale de la diva de la soul un site culturel. La vacation, orchestrée par Pace et Sotheby's, se déroule sur internet et s'achève mardi 23 mai.

Un lieu pour faire vivre la mémoire de Nina Simone: à New York, des artistes ont mis leurs œuvres aux enchères pour faire de la maison natale de la diva de la soul et militante des droits civiques un site culturel, avec le soutien de Venus Williams.

La demeure, une modeste maison sur piliers avec porche d'entrée et façades en planches de bois, est nichée sur une colline de la petite commune de Tryon, dans un comté rural de Caroline du Nord, au sud-est des États-Unis.

Elle était en vente en 2017 quand quatre artistes, Julie Mehretu, Ellen Gallagher, Rashid Johnson et Adam Pendleton, l'ont rachetée 95.000 dollars pour qu'elle ne risque pas de disparaître.

«Nina Simone s'est battue pour une Amérique inclusive et diverse», explique Adam Pendleton. Permettre «aux gens de voir et visiter» sa maison natale, «c'est une manière de maintenir son héritage, sa musique, en vie pour les générations futures», ajoute-t-il à l'AFP, à l'intérieur de la galerie Pace de New York, où les œuvres à vendre étaient exposées cette semaine.

«Premier geste»

«Depuis cinq ans, nous avons récolté 500.000 dollars», utilisés en partie pour de premiers travaux de consolidation et de peinture, ajoute Brent Leggs, directeur d'un programme spécifique pour le patrimoine afro-américain au sein du National Trust for Historic Preservation, qui travaille avec les artistes. Mais la maison de 60 mètres carrés a encore besoin de financements pour devenir un site permanent, ouvert aux visites et aux événements culturels.

Pour donner un coup de pouce, les artistes ont réuni onze œuvres, dont des tableaux de Cecily Brown ou Sarah Sze, dont la vente alimentera le projet. Les enchères, organisées par Pace et Sotheby's, se déroulent sur internet depuis le 12 mai et jusqu'à mardi. Brent Leggs espère en tirer 2 millions de dollars, notamment grâce à un gala samedi soir à New York, soutenu par la championne de tennis Venus Williams. «C'est l'héritage de Nina Simone qui a permis à des gens comme moi d'être visibles», assure dans une vidéo la première joueuse noire devenue numéro un mondiale.

 

Black Lives Matter

Nina Simone, dont certaines chansons composent les playlists du mouvement Black Lives Matter, a eu une relation complexe, souvent difficile avec les États-Unis, où elle est née en 1933, pendant la ségrégation raciale. Dans la maison de trois pièces de Tryon, où elle vit ses toutes premières années avec ses parents et ses frères et soeurs, la petite Eunice Waymon de son vrai nom baigne dans la musique, commence le piano à trois ans, et excelle sous les leçons de «Miss Mazzie», une professeure anglaise qui lui transmet sa passion pour Jean-Sébastien Bach. Mais son rêve de devenir concertiste classique se fracasse à la porte d'entrée du conservatoire de Philadelphie, un échec qu'elle attribuera toute sa vie au racisme.

Sa carrière épouse dans les années 1960 la lutte pour les droits civiques des Afro-américains, parfois avec un discours radical, parfois en chansons, avec Mississippi Goddam, réponse à l'incendie meurtrier d'une église dans l'Alabama par des membres du Ku Klux Klan (1963), ou avec le poignant Why ? (The king of love is dead), qu'elle interprète trois jours après l'assassinat de Martin Luther King (1968).

Elle avait fini par quitter les États-Unis et a vécu ses dernières années dans le sud de la France, où elle est décédée en 2003. Selon Brent Leggs, la maison de Tryon pourrait être ouverte au public dès 2024. «Notre pays commence à comprendre qu'il faut préserver l'ensemble de notre histoire, et reconnaître et célébrer la diversité de notre pays», ajoute-t-il. «Une période passionnante pour la protection historique», selon lui.

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