Une nouvelle expérience est tentée en Algérie : Des déchets en plastique pour en faire du béton

05/05/2022 mis à jour: 20:26
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Une solution écologique aux déchets plastiques qui ne peuvent être recyclés. De nombreuses expériences d’intégration de déchets dans les matériaux de construction ont déjà été tentées. Rencontre avec Oum Keltoum Haddad qui a tenté cette expérience. 

 

Elle s’appelle Oum Keltoum Haddad. A 27 ans, cette ingénieur en génie civil a eu, dans le cadre de son projet de fin d’étude, la merveilleuse idée d’inclure les déchets plastiques dans les matériaux de construction, et ce, dans le but de réduire leur quantité dans l’environnement mais aussi de baisser le coût des projets de construction. 

«Mon but premier lors de mes recherches de sujet pour ma thèse de fin d’études était de m’éloigner du modèle habituel d’études en laboratoire, trop souvent répété année après année. Mais pas que ! J’avais également l’objectif d’étudier un sujet à travers lequel nous pourrions intégrer le génie civil dans la vie publique et les exigences de la vie urbaine», raconte-t-elle. 

Et quoi de mieux comme problématique de celle liée à la pollution de l’environnement et le réchauffement de la planète ! «Il s’agissait déjà, et ça l’est toujours, l’un des sujets les plus urgents et les plus discutés», assure-t-elle. Son sujet était donc tout trouvé : ajout de déchets plastiques dans la composition du béton. 

Autrement dit : étudier la possibilité d’inclure un type de déchet plastique commun comme matériau de construction granulaire en y corrigeant le sable de dune afin de recycler le PET et protéger l’environnement de cette substance à lente dissolution. En effet, les déchets plastiques peuvent être incorporés dans des matrices de ciment. 

En fait, des études ont montré qu’il est possible d’utiliser les déchets plastiques dans le béton comme liant pour produire un matériau ainsi que de les utiliser sous forme de fibres pour résister à la traction. Les bouteilles peuvent également être utilisées dans la construction de maisons et utilisées comme briques pour la construction. 

D’ailleurs, à en croire certains résultats d’études expérimentales, notamment celle de Samir Beniman, Farid Debieb, Mohamed Bentchikou et Mohamed Guendouz de l’université de Médéa, le renforcement de la matrice cimentaire avec des fibres plastiques ondulées montrent une nette amélioration de la résistance à la traction du béton ainsi qu’une diminution remarquable de sa capacité d’absorption de l’eau lorsqu’on utilise des grains plastiques. 

Et pour mener à bien leur étude et arriver au résultat escomptée, les jeunes filles ont suivi un processus bien particulier. «Nous avons donc créé un programme expérimental avec 24 échantillons cylindriques de 16 x 32 cm, utilisant les matériaux locaux et en ajoutant les déchets plastiques», explique-t-elle. La première étape consiste à appeler l’établissement de traitement des déchets pour leur fournir des matériaux en plastique. 

A noter que les déchets plastiques sont spécifiés, autrement dit, la qualité du plastique est imprimée sur les pièces en plastique. Vient ensuite l’étape broyage des déchets plastiques pour obtenir des granulés semi-homogènes. Ces granulés sont ensuite triés et classés par taille. Sachant que la composition du béton est le ciment, le sable, le gravier et l’eau, un certain pourcentage (5%-10%-15%-20%) de sable est remplacé par des granulés de plastique et le processus de mélange se fait normalement.

 Le béton est alors mélangé avec de l’eau et mis dans des moules pour pouvoir y effectuer des expériences de pression. Il existe bien évidemment d’autres expériences à l’état liquide, telles que le niveau de viscosité. «Afin d’évaluer le potentiel d’utilisation de ce matériau recyclé, la distribution granulaire, le module de finesse, la masse volumique apparente et absolue et la résistance à la compression ont été mesurées en laboratoire», explique-t-elle. Les résultats sont ainsi recueillis après une semaine, puis après 28 jours. 

Et comme dernière étape : comparer les résultats et à en tirer la conclusion. Si leur idée était claire, le processus a, quant-à-lui, été difficile, «en raison du manque de ressources et de notre incapacité, en tant qu’étudiants, à mettre en œuvre pleinement nos plans en raison d’obstacles administratifs et du manque de temps», se désole-t-elle.

 En termes de résultats, Mme Haddad énumère : «Nous avons constaté que l’ajout de déchets en plastique diminue la masse volumique de béton mais les performances mécaniques des bétons (résistance à la compression) sont augmentées en fonction des pourcentages d’ajouts des déchets de caoutchouc.» 

Affirmant également que l’ajout de déchets en plastique diminue la porosité de béton, ce qui améliore l’adhérence des constituants de béton. Il a également été constaté, selon Mme Haddad, un gain économique lors du remplacement des quantités de sable par les déchets en plastique, ce qui va influencer positivement les coûts de réalisation des projets. En plus d’une possible amélioration de la durabilité des bétons grâce à la capacité des particules de plastique à remplir les vides plus efficacement. 

«Malheureusement, les résultats n’étaient pas ceux que nous espérions. Il est vrai que ce type de béton était plus léger et moins coûteux, mais il était trop faible pour être utilisé dans la construction de grands projets portant de grandes charges», se désole-t-elle. Assurant toutefois la possibilité de l’utiliser dans les petites opérations de construction telles que les trottoirs et les murs de clôture. 

Estimant au passage que cette approche vise à développer et à soutenir l’utilisation de ces déchets industriels dans divers ouvrages de génie civil qui, d’une part, contribueront à la préservation de l’environnement, et d’autre part, réduiront les coûts induits par l’utilisation de matériaux de plus en plus rares, notamment dans certaines régions du pays.

 

Sofia Ouahib 
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Bio-expresse  

Née à Béchar, Oum Keltoum vit aujourd’hui à Ouled Brahim Timmi, une commune de la wilaya d’Adrar. Elle était scolarisée dans le primaire puis le collège de son village avant de déménager en centre-ville où elle intégrera le lycée cheikh Bin Abdul Karim Al-Mughili, spécialisé dans les sciences expérimentales. Après l’obtention de son bac, Oum Keltoum intègre l’université Ahmed Deraya d’Adrar en filière science et technologie. Elle s’est ensuite spécialisée en génie civil. Actuellement, elle travaille dans le bureau d’études fondé par son frère en tant qu’architecte. Et travaille également dans le domaine des formations aux compétences générales et des compétences du XXIe siècle.

 

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