Une grève sans précédent éclate dans le secteur automobile aux États-Unis

15/09/2023 mis à jour: 01:36
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Aux Etats-Unis, le dernier arrêt de travail qui a touché le secteur automobile est celui des salariés de General Motors en 2019, en grève durant six semaines pour des hausses de salaires et la pérennisation des emplois. (Ici, des salariés de GM, le 11 octobre 2019.)

Depuis plusieurs jours, le syndicat unique des ouvriers de l'industrie automobile brandit la menace d'un débrayage en marge du grand salon américain du secteur à Détroit, dans le Michigan.

Le syndicat des travailleurs de l'industrie automobile, l'UAW (United Auto Workers), a mis à exécution sa menace en paralysant la production de trois des modèles les plus populaires de General Motors, Ford et Stellantis. Cette grève simultanée des trois constructeurs américains historiques, débutée à minuit heure de Washington, est sans précédent.

Shawn Fain, le nouveau président de l'UAW, a élaboré une stratégie "économique" visant à maximiser la pression sur les trois constructeurs tout en minimisant les coûts pour les 146 000 ouvriers qu'il représente. Au commencement, seuls 12 700 ouvriers de GM, Ford et Stellantis ont interrompu leur travail. Si cette démonstration de force ne suscite pas de nouvelles propositions concernant les salaires, les retraites et les réformes de l'échelle des rémunérations, l'UAW se réserve le droit d'étendre la grève à d'autres usines au-delà des trois actuellement visées.

Le Monopole de l'Embauche : Un Atout Stratégique de l'UAW

L'UAW détient le monopole de l'embauche sur les chaînes de GM, Ford et Stellantis. Tout ouvrier rémunéré à l'heure chez ces trois constructeurs doit obligatoirement être membre du syndicat. Shawn Fain, élu de justesse en mars dernier, entend bousculer les relations de travail chez les "Big Three" de Détroit en s'en prenant simultanément à GM, Ford et Stellantis, rompant ainsi avec la tradition de négociation avec un seul constructeur pour un nouveau contrat de quatre ans.

Les Enjeux : Une Revendication de 100 Milliards de Dollars

La négociation du nouveau contrat de travail de l'UAW débute avec une demande d'augmentation de 40% et la suppression de la double échelle de salaires instaurée en 2009. Celle-ci garantit la meilleure rémunération de plus de 32 dollars de l'heure pour les ouvriers ayant plus de 8 années d'ancienneté, tandis que les plus récemment embauchés touchent actuellement moins de 17 dollars de l'heure. Malgré une réduction de ses ambitions salariales à 35% ces dernières semaines, l'UAW et les constructeurs demeurent éloignés dans leurs positions. Aucun des trois géants n'a encore proposé la suppression de la double échelle de salaires.

Ford estime que les demandes de l'UAW doubleraient le coût du travail de l'entreprise aux États-Unis. De son côté, GM évalue à 100 milliards de dollars sur quatre ans le coût des revendications de salaires et de retraites formulées par le syndicat. Shawn Fain rétorque que les dirigeants des constructeurs ont bénéficié de rémunérations massives ces dernières années, que les profits sont élevés et que les rachats d'actions au marché boursier avantagent les actionnaires aux dépens des ouvriers.

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