Une étude scientifique du WWA alerte : «La vague de chaleur d’avril dernier causée par le changement climatique»

07/05/2023 mis à jour: 00:27
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Photo : D. R.

La «chaleur extrême» enregistrée fin avril en péninsule ibérique, en Algérie, au Maroc et en Tunisie «aurait été quasi impossible sans le changement climatique», révèle une étude scientifique publiée ce vendredi 5 mai par l’initiative World Weather Attribution (WWA), un réseau mondial de scientifiques qui effectue depuis 2015 des analyses en temps réel des événements météorologiques extrêmes, tels qu’ils se produisent dans le monde, pour permettre au public, aux scientifiques et aux décideurs du monde d’établir des liens évidents entre les émissions de gaz à effet de serre et les événements météorologiques extrêmes.

Fin avril, une grande partie de l’Europe du Sud et de l’Afrique du Nord ont connu des températures extrêmement élevées habituellement connues seulement en juillet et août, souligne l’étude. Certaines températures enregistrées en Espagne, au Portugal, au Maroc et en Algérie étaient supérieures de 20 degrés aux normales saisonnières, établissant ainsi plusieurs nouveaux records absolus pour un mois d’avril. Les scientifiques du WWA soulignent également que ces records de température surviennent alors qu’une sécheresse historique sévit dans ces régions et ne fait qu’aggraver les conséquences sur une agriculture déjà impactée par le stress hydrique résultant du changement climatique et de la crise de l’eau.

«Le changement climatique provoqué par l'humanité a multiplié par au moins 100 la probabilité de cette vague de chaleur record en Espagne, au Portugal, au Maroc et en Algérie» par rapport au contexte climatique pré-industriel et elle «aurait été quasi impossible sans le changement climatique», indique le rapport du WWA. Cette vague de chaleur a été «tellement extrême» qu'elle reste un «épisode rare dans le contexte climatique actuel», même dans une région du monde déjà habituée à une multiplication de ces phénomènes «ces dernières années», poursuit le WWA.

Lors de la présentation de cette étude à la presse, Sjoukje Philip, chercheuse à l'Institut météorologique royal des Pays-Bas et membre du WWA, a prévenu que de telles vagues de chaleur seront de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses à l’avenir dans cette partie du monde. Outre leur impact sur la santé humaine, ces vagues de chaleur précoces et la sécheresse actuelle sur cette partie du monde menacent le rendement de nombreuses cultures, telles que le blé, car elles surviennent à un moment critique pour la campagne agricole dans ces pays impactés. La Méditerranée a été référencée comme l’une des régions les plus réactives au changement climatique et définie comme «hot spot» (point chaud) sur la base des résultats des scénarios de projection du changement climatique mondial.

Les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont été unanimes à identifier le pourtour méditerranéen comme l’une des régions les plus vulnérables au monde vis-à-vis des impacts du réchauffement climatique. Dans un tel contexte de multiplications de signaux d’alarme, on peut légitimement se demander si l’Algérie est suffisamment préparée au changement climatique et à ses bouleversements inéluctables ? Certains pays impactés, tels que le Pakistan, ont déjà pris les devants en nommant un ministre du Changement climatique. 

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