Un monde injuste

23/09/2024 mis à jour: 00:56
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Tous les enfants du monde prennent actuellement le chemin de l’école. Les enfants de Ghaza, eux, prennent le chemin des cimetières. La journée de samedi n’a pas échappé à la règle. Les écoliers palestiniens ont leur rendez-vous quotidien avec la mort.

 13 d’entre eux ont été tués hier dans une école, conformément au plan israélien fondé, depuis le 7 octobre, sur l’élimination physique du Palestinien en priorité tant qu’il est dans un bas âge. L’armée israélienne a décidé de faire des Palestiniens des animaux, selon les objectifs de Yoav Gallant, le ministre de la Défense, qui a affirmé qu’ils ne peuvent être considérés comme des êtres humains et, par conséquent, il faut commencer par les priver d’eau, de nourriture et de médicaments. Son plan marche. Des nouveau-nés meurent faute de soins. 

La famine s’est installée dans l’enclave palestinienne. Les écoles ont pratiquement toutes été détruites. L’Unesco, dont la mission première est la défense des enfants et leur droit à l’existence, observe un silence criminel. 

Le message de l’armée israélienne aux parents palestiniens est clair : «Gardez vos enfants dans vos tentes si vous ne voulez pas qu’ils subissent un sort funeste.» 

Une politique de la terreur imposée à une humanité tétanisée, incapable de prendre une quelconque initiative pour protéger des innocents. Un seul pays peut arrêter le massacre : les Etats-Unis. 

Malheureusement, quand Israël tue les innocents à Ghaza, en Cisjordanie ou au Liban, les Américains s’empressent d’appeler à «la retenue» sans plus. Mais si une opération militaire est menée par le Hamas ou le Hezbollah, la condamnation est immédiate et des sanctions sont prises. Israël et les Etats-Unis ne cherchent même pas à ménager leurs alliés arabes de la région. 

Apparemment, ils pensent que la cause palestinienne est le dernier de leur souci. Malheureusement, ils ont raison dans un certain sens. Les dirigeants arabes ne se mobilisent plus comme ils le faisaient lors des précédentes guerres israélo-arabes. La preuve ? La Ligue arabe a mis 10 mois pour se réunir et pour pondre une déclaration incolore, inodore et sans saveur. 


Il fut un temps où la mobilisation était générale en cas de guerre. Les pays qui avaient une quelconque relation avec Israël la suspendaient en signe de protestation. En 1965, le président tunisien Habib Bourguiba avait appelé les pays arabes à reconnaître Israël «avant qu’il ne soit trop tard», disait-il, estimant que Tel-Aviv accepterait alors le partage décidé en 1947 par les Nations unies. Mal lui en pris. Tollé général dans le monde arabe. 

A l’appel du raïs égyptien Gamal Abdel Nasser, la majorité avait décidé d’ostraciser la Tunisie pour la punir de son audace. Elle est loin cette époque. Aujourd’hui, et à l’appel du président américain Donald Trump, certains d’entre eux ont signé ce qu’il a appelé «les accords d’Abraham», par lesquels ils reconnaissent Israël et nouent des relations diplomatiques avec lui. 

Le Maroc a même reçu en cadeau le logiciel israélien Pegasus avec lequel il peut espionner qui il veut, y compris des chefs d’Etat occidentaux, pour le compte des Israéliens bien sûr, et pour faire peur aux Algériens notamment. Sans compter une coopération militaire poussée entre les deux pays. 


Malgré le massacre de dizaines de milliers de Palestiniens, aucun des pays liés par ces accords n’a jugé utile d’au moins rappeler son ambassadeur pour consultations. Une victoire inespérée pour Israël qui avait réussi à provoquer une scission terrible au sein des Arabes. Tel-Aviv lorgnait même du côté de Riyad mais, en apparence, le 7 octobre a mis fin aux calculs israéliens.

A bientôt une année de la guerre contre Ghaza, le monde arabe semble tétanisé et pas concerné par ce qui se passe au Moyen-Orient, à l’exception de quelques pays, dont l’Algérie et son ambassadeur aux Nations unies, Amar Bendjama, qui se bat pour maintenir la communauté internationale en éveil. Et il réussit, car ses efforts ont permis une mobilisation du Conseil de sécurité pour Ghaza et la Cisjordanie.

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