Un forum économique bilatéral en perspective à Lisbonne : Les tensions algéro-espagnoles profitent-elles au Portugal ?

13/03/2023 mis à jour: 02:17
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Lisbonne, la capitale du Portugal - Photo : D. R.

Après avoir longuement commenté, ces derniers mois, le rapprochement entre l’Italie et l’Algérie, estimant qu’il interférait avec les relations algéro-espagnoles, la presse et les analystes espagnols pointent du doigt actuellement la redynamisation des relations algéro-portugaises. On estime ainsi en Espagne que «le Portugal profite de la rupture diplomatique espagnole pour gagner du terrain économique en Algérie».

Des ressentiment qui se manifestent à l’approche du forum d’affaires algéro-portugais, qui sera organisé prochainement à Lisbonne, dans le but de favoriser le rapprochement des investisseurs des deux pays et d’examiner les perspectives de coopération et de partenariat offertes, a indiqué, récemment à Alger, le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache.

M. Rekkache s’exprimait dans une déclaration à la presse au terme d’une rencontre avec le secrétaire d’Etat portugais au Commerce international et aux investissements étrangers, Bernardo Ivo Cruz.

Cette rencontre, qui regroupera des hommes d’affaires algériens et portugais, permettra de donner une impulsion à la coopération économique entre les deux pays, notamment en ce qui a trait à l’investissement, avait ajouté la même source.

«Nous avons informé le secrétaire d’Etat portugais de la grande évolution du climat d’affaires en Algérie, et lui avons affirmé que toutes les conditions étaient réunies pour accueillir les investissements directs portugais, en vue de les promouvoir au niveau des relations politiques entre les deux pays», avait déclaré M. Rekkache.

Lors de cette rencontre, avait-il ajouté, il a été convenu de redynamiser le mémorandum d’entente signé en 2014 entre l’ex-Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI) et l’Agence portugaise du commerce et de l’investissement, ainsi que le comité technique conjoint. Cette redynamisation sera suivie, selon le DG de l’AAPI, d’autres mesures pratiques à même d’augmenter le nombre d’investissements portugais en Algérie, et promouvoir la coopération et l’échange d’expériences entre les entreprises des deux pays.

La rencontre avait permis de mettre en avant la grande disponibilité de la partie portugaise à renforcer la coopération en matière d’investissement, avait fait observer M. Rekkache, ajoutant que le nombre d’investissements du Portugal en Algérie avait atteint seulement huit projets jusqu’à 2022.

Face à ses développements, la presse espagnole décortique l’état des échanges entre l’Algérie et le Portugal, soulignant que «l’année dernière, les importations du Portugal en provenance d’Algérie ont dépassé 1120 millions de dollars (environ 1060 millions d’euros). Sur le total, plus de 878 millions d’euros correspondent aux énergies fossiles.

En revanche, les exportations portugaises vers l’Algérie atteignent à peine 300 millions d’euros, principalement pour les produits de l’industrie papetière et la vente de machines. Un déséquilibre de la balance commerciale qui pourrait commencer à compenser le vide laissé par l’Espagne», écrit El Independiente.

Après l’Italie, le Portugal...

«Après l’Italie, dont les entreprises ont signé des accords gaziers juteux avec l’Algérie l’année dernière, profitant de la crise ouverte par l’Espagne après le changement de position historique sur le Sahara occidental, voilà que le Portugal, voisin ibérique, profite de la disgrâce de l’Espagne, avec une fermeture totale des échanges avec Alger, pour se déployer dans le pays nord-africain et remplacer les entreprises espagnoles désormais interdites du marché algérien», écrit encore El indépendiente. «C’est ce que confirment les rencontres tenues ces derniers mois entre dirigeants algériens et portugais.

La dernière rencontre a eu lieu la semaine dernière, lorsque le ministre algérien de l’Industrie, Ahmed Zaghdar, a reçu à Alger le secrétaire d’Etat portugais au Commerce international et aux Investissements étrangers, Bernardo Ivo Cruz. Tous deux ont souligné le bon climat des relations commerciales et ont montré leur intérêt à renforcer la coopération et les relations commerciales», poursuit le média.

Le journal souligne que les entreprises espagnoles ont subi des pertes dépassant les 700 millions d’euros, estimant qu’une telle situation profite au Portugal, qui peut accroître ses échanges commerciaux avec l’Algérie dont divers domaines dont le gaz. Le média rappelle qu’au cours de cette  année, les contacts ont été entretenus au plus haut niveau entre l’Algérie et le Portugal.

Ainsi, rappelle-t-il, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a rencontré le Premier ministre portugais, Antonio Costa, en marge du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba le mois dernier. Tous deux ont partagé la prévision des «attentes prometteuses» qui attendent les relations bilatérales fondées sur un traité d’amitié et de bon voisinage signé en 2005.

Convergences algéro-portugaises sur les questions internationales

Pour le journal, «Lisbonne ne cache pas son intérêt à nouer de nouveaux liens et associations stratégiques dans les domaines du gaz, des énergies renouvelables, de l’hydrogène vert, de la production d’ammoniac et de ce qu’on appelle l’économie bleue, la gestion économique efficace des ressources marines».

Le média met l’accent sur la «convergence des positions» entre les deux gouvernements sur les questions internationales et régionales, de la nécessité de promouvoir le dialogue en Méditerranée à l’obligation de s’attaquer aux racines de l’instabilité au Sahel. Une unanimité qui tranche, indique le journal, «avec la dissonance qui caractérise les relations espagnoles au Mahgreb».

Le journal souligne que «jusqu’à présent, le Portugal a réussi à rester en dehors des différends politiques et territoriaux qui marquent les relations toujours compliquées entre l’Espagne, le Maroc et l’Algérie et a évité de se laisser entraîner dans les turbulences de la diplomatie espagnole».

Dans un article publié pour le compte de la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, une institution liée au Parti libéral allemand (FDP), la politologue espagnole Raquel Barras Tejudo déclare pour sa part : «Le Portugal est dans une position avantageuse avec l’Algérie, l’un des pays clés à un moment délicat pour l’environnement énergétique mondial, après le conflit en Ukraine», pronostiquant une croissance de la présence économique du Portugal grâce à «son exercice vertueux de la politique économique, la diplomatie et sa capacité de relance économique». 

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