Le ministère de l’Intérieur en Tunisie a affirmé hier que le président Kaïs Saïed faisait l’objet de «menaces sérieuses» contre sa personne, dans un pays en proie à une crise politique depuis que le chef de l’Etat s’est arrogé les pleins pouvoirs.
«Selon des informations sûres et des investigations toujours en cours (...), le président de la République et l’institution présidentielle sont la cible de menaces sérieuses», a indiqué à la presse Fadhila Khelifi, porte-parole du ministère.
Selon elle, les autorités ont mis au jour «un plan impliquant des parties intérieure et extérieure ciblant la sûreté du Président», dans le but de «porter atteinte à la sûreté de l’Etat et créer le chaos». Elle n’a pas fourni davantage de précisions sur le plan en question ou les parties qui en seraient à l’origine.
Ahmed Nejib Chebbi, chef d’une coalition de partis de l’opposition, s’est montré dubitatif face à cette annonce du ministère de l’Intérieur. «C’est pour justifier de nouvelles arrestations et pour se venger de ses adversaires», a-t-il dit à l’AFP. «Le Président est politiquement isolé et cherche à susciter une certaine sympathie au sein de la population à son endroit.» La Tunisie traverse une profonde crise politique depuis le coup de force de M. Saïed le 25 juillet 2021.
Le Président avait alors suspendu le Parlement et limogé le gouvernement, faisant vaciller la balbutiante démocratie dans le pays berceau du Printemps arabe. M. Saïed se trouve sous le feu d’intenses critiques de l’opposition pour l’avoir exclue d’un dialogue national sur une nouvelle Constitution qu’il prévoit de soumettre à référendum le 25 juillet. L’opposition, notamment le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du Président, ainsi que des organisations de défense des droits humains l’accusent de chercher à faire adopter un texte taillé sur mesure pour lui.