Tunisie : Enquête pour un décès «suspect» après une manifestation

20/01/2022 mis à jour: 04:58
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La justice tunisienne a ouvert hier une enquête, de même que l’Instance pour la prévention de la torture (INPT), après le décès d’un quinquagénaire, retrouvé évanoui lors d’une manifestation réprimée violemment par la police le 14 janvier, rapporte l’AFP citant des sources concordantes.

Le tribunal de Tunis a lancé une enquête officielle concernant «le décès à l’hôpital Habib Thameur» hier d’un homme, que des militants du groupe Citoyens contre le coup d’Etat ont identifié comme Ridha Bouzayane, 57 ans, «décédé à la suite blessures graves à cause de la violence de la police lors de la manifestation» du 14 janvier.

Ces opposants au président Kaïs Saïed ont qualifié la victime de «martyr», tout comme des militants du parti d’inspiration islamiste Ennahdha qui participaient également aux protestations contre le coup de force du 25 juillet de K. Saïed par lequel le président, dont Ennahdha est la bête noire, s’est arrogé les pleins pouvoirs.

L’INPT s’est «autosaisie» du dossier et a ouvert sa propre «enquête pour mort suspecte», a indiqué Lotfi Ezzedine, un responsable de cette autorité publique indépendante. Selon un communiqué du tribunal de Tunis, «une ambulance de la Protection civile a ramené le 14 janvier une personne retrouvée évanouie près du Palais des congrès» qui borde l’avenue Mohammed V, où s’est concentrée la majorité des manifestants.

Une autopsie a été ordonnée, a indiqué le tribunal, en ajoutant que, «selon les premières constatations, le corps de l’homme ne présentait pas de traces de violences visibles».

Une vingtaine d’organisations non gouvernementales tunisiennes ont dénoncé mardi la «répression policière» des rassemblements du 14 janvier, interdits officiellement pour des raisons sanitaires.

Dans des scènes d’une violence rare à Tunis depuis 10 ans, les policiers ont chargé à grand renfort de canons à eau et gaz lacrymogènes, et procédé à des dizaines d’arrestations musclées de militants et de journalistes qui ont été pour certains malmenés et frappés.

Par ailleurs, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a appelé hier le président tunisien à «préserver la liberté de la presse», l’un des principaux «acquis» de la révolte de 2011.

En publiant un rapport intitulé, «Journalisme en Tunisie : l’heure de vérité», l’ONG a dit vouloir «tirer un signal d’alarme», estimant que «le journalisme en Tunisie (était) à un tournant de son histoire» et qu’il y a «un risque de dilution des acquis de la révolution».

RSF affirme dans son rapport que le coup de force du président Saïed de juillet «s’est accompagné d’une augmentation des exactions commises à l’encontre de la presse».

L’organisation mentionne «la violente répression qui a touché une vingtaine de journalistes qui couvraient les manifestations» de vendredi dernier. La Tunisie s’est placée au 73e rang sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF pour 2021. 

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