Quelque 2000 partisans du Parti destourien libre (PDL, opposition) ont manifesté hier à Tunis pour dénoncer l’«accaparement du pouvoir» par le président Kaïs Saïed et la crise économique dans laquelle est plongé le pays, rapporte l’AFP. Ces derniers mois, le PDL s’est hissé en tête des intentions de vote en vue d’éventuelles législatives.
«Le gouvernement est incapable de trouver des solutions pour les Tunisiens (...). Si nous continuons à garder le silence, le pays court à sa perte», a lancé à la foule la cheffe du PDL, Abir Moussi. Elle a fustigé le cavalier seul de K. Saïed, élu démocratiquement fin 2019 mais qui s’est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet dernier.
Ce dernier a gelé depuis cette date les activités du Parlement, accusant cette instance, dominée pendant 10 ans par le parti islamiste Ennahdha, de bloquer toute décision. Mme Moussi a qualifié le président Saïed de «souverain (qui) a préparé le budget seul et n’en a discuté avec personne». «Le pouvoir en place est illégitime et n’engage pas les Tunisiens», a-t-elle ajouté, appelant à des élections parlementaires immédiates.
Ces dernières semaines, la Tunisie, déjà engluée dans une grave crise économico-sociale avec une inflation et un chômage très élevés, est confrontée à des pénuries d’aliments de base. Le président Saïed a accusé certains commerçants d’entreposer des marchandises pour faire grimper les prix, et déclaré cette semaine «la guerre aux spéculateurs», les menaçant de lourdes peines de prison.