Le transport maritime connaît de graves perturbations depuis le début du conflit russo-ukrainien avec ses retombées sur le trafic en Mer Noire, et actuellement avec les attaques houthies en mer Rouge et sans oublier les conséquences climatiques dévastatrices sur le niveau de l’eau dans le canal de Panama.
La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, Cnuced, a alerté hier sur l’impact de tous ces événements sur le commerce mondial en soulignant que les attaques «par les Houthis en mer Rouge sont dévastatrices pour les chaînes d’approvisionnement mondiales, déjà ébranlées par les impacts de la guerre en Ukraine et les conditions liées au changement climatique dans le canal de Panama».
Les transits de porte-conteneurs en mer Rouge sont, selon la même source, en baisse de 67% par rapport à il y a un an. «L’impact le plus important concerne les transporteurs de gaz naturel liquéfié (GNL) qui sont complètement à l’arrêt depuis le 16 janvier», explique la Cnuced. Le rythme de passage des transporteurs de GNL avant la crise était de deux à trois par jour, c’est dire l’importance de cette voie pour le transport de gaz, notamment celui en provenance du Qatar.
Les Houthis, qui réagissent, pour rappel, à la sauvagerie israélienne contre la population de Ghaza, multiplient les attaques, depuis novembre dernier, contre les navires israéliens et leurs alliés et tous ceux traversant le passage de la mer Rouge en direction du canal de Suez et des ports israéliens. La réaction américaine et britannique à travers les frappes aériennes contre les Houthis en mer et sur terre a compliqué davantage la situation.
Ce qui a augmenté la tension dans la région. Selon le rapport de la Cnuced, le canal de Suez s’en trouve impacté. «Le canal de Suez est un lien vital pour le transport maritime international et représente entre 12 et 15% du commerce mondial et environ 20% du commerce des conteneurs.
Les perturbations y ont un effet catastrophique et en cascade dans le monde entier, comme on l’a vu lorsque le vaste porte-conteneurs Ever Given s’est échoué en mars 2021 et a bloqué la voie navigable pendant des jours», précise la Cnuced, en notant que pour éviter les attaques, les navires ne prennent plus cette voie maritime et choisissent d’emprunter le passage, beaucoup plus long, qui contourne la pointe sud de l’Afrique.
Le chef de la logistique commerciale à la Cnuced, Jan Hoffmann, estime que les attaques houthies «aggravent les tensions géopolitiques, mais augmentent également les coûts et entraînent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre». Emprunter des chemins plus longs augmente la quantité de fuel utilisée et brûlée. Le transport maritime, soutient le même responsable, «est véritablement la planche de salut du commerce mondial... Ces perturbations soulignent sa vulnérabilité à la géopolitique, aux tensions et aux changements climatiques».
Notons que les effets climatiques ont également leur part de perturbation sur le commerce mondial, comme le prouve la situation au niveau du canal de Panama. La baisse du niveau de l’eau a provoqué une diminution de 36% des transits de navires par rapport à il y a une année, et en baisse de 62% par rapport à il y a deux ans, indique le même rapport de la Cnuced.
Tous ces défis ont eu des conséquences sur le coût du transport maritime et les tarifs moyens au comptant du conteneur. «Les tarifs moyens d’expédition depuis Shanghai ont plus que doublé depuis le début décembre 2023, ceux vers l’Europe ont plus que triplé et ceux vers la côte ouest des Etats-Unis ont également augmenté, même s’ils ne passent pas par le canal de Suez», précise la même source. Cette situation pourrait provoquer une hausse des taux d’inflation et causé des retards d’approvisionnement.