Des cadres de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV) ont été rattrapés par la justice dans le cadre d’une enquête pour corruption, quelques jours après le limogeage du PDG de l’entreprise.
Le navire Badji Mokhtar 3 d’Algérie Ferries, filiale commerciale de l’ENTMV, avait effectué presque à vide le 2 juin la desserte Marseille-Alger avec «seulement 78 passagers et 25 voitures à bord, alors que la capacité du navire est de 1800 voyageurs et plus de 600 véhicules, et ce, malgré le fait qu’un grand nombre de passagers souhaitaient obtenir des places», a annoncé, hier, le procureur de la République près le pôle pénal, financier et économique du parquet du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) dans un communiqué.
Le désormais ex-PDG de l’ENTMV et six autres hauts responsables à Algérie Ferries ont été auditionnés après l’ouverture d’une enquête «pour des faits de corruption ayant porté atteinte aux citoyens et à la Société nationale de transport maritime», selon le parquet. Ils ont été présentés le 6 juin devant le procureur de la République, lequel a décidé de placer trois mis en cause en détention provisoire, selon le juge d’instruction du pôle pénal, financier et économique du parquet du tribunal de Sidi M’hamed. Il s’agit de l’ex-PDG Kamel Issad, du directeur marketing, logistique et chef d’escale et du directeur commercial.
Deux autres mis en cause, à savoir le directeur général adjoint et le chef du service informatique chargé des réservations, ont été placés sous contrôle judiciaire. Ils sont tous poursuivis pour «dilapidation» et «utilisation illégale de biens et d’argent publics», «trafic d’influence», «mauvaise utilisation de la fonction», «octroi d’indus avantages», «enrichissement illicite» et «non-déclaration de patrimoine», a conclut le parquet. Pour rappel, le PDG de l’ENTMV, Kamel Issad, et son chef d’escale à Alger, Kamel Eddalia, ont été limogés, jeudi dernier, par le ministre des Transports, sur instruction du président Abdelmadjid Tebboune.
La présidence de la République avait déploré «leur attitude attentatoire à l’image de l’Algérie et préjudiciable aux intérêts des citoyens». A la mi-mai, les agences d’Algérie Ferries en France, prises d’assaut par les voyageurs, ont dû être fermées suite à des scènes de pagaille.