Trafic des ordonnances pour l’achat de psychotropes : Le nouveau dispositif en attente de textes d’application

30/12/2024 mis à jour: 23:12
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Photo : D. R.

La consommation des psychotropes fait des ravages dans la société. Le pays compte plus de 3 millions de toxicos, filles et garçons, âgés entre 15 et 35 ans, a indiqué récemment Abdelkrim Abidat, directeur du Centre national de prévention et de lutte antidrogue.

M. Abidat a souligné que 70% des crimes, 30% de l’échec scolaire et 50% des violences sont dus à la consommation de drogues. Pour lutter contre ce fléau, plusieurs mesures ont été prises par les pouvoirs publics, mais beaucoup reste à faire dans ce domaine, estiment des spécialistes.

En sus de la cellule familiale, l’école, la mosquée, les médias, le pharmacien d’officine a un rôle crucial à jouer pour limiter l’usage illicite des psychotropes. «L’officine peut constituer un rempart contre le détournement de ces produits et garantir leur mise à disposition thérapeutique légale au profit des malades», a souligné récemment Mahdi Smadhi, président du Syndicat des pharmaciens d’officine (Snapo) de la wilaya de Boumerdès.

M. Smadhi estime que le nouvel arsenal juridique, notamment la loi n° 23-05 du 7 mai 2023, constitue une avancée indéniable dans le domaine de la prévention de la consommation des psychotropes. Cependant, dit-il, certaines dispositions nécessitent des textes d’application qui ne sont pas encore élaborés.

Répertoire électronique des ordonnances

La loi a fixé, en effet, la liste des drogues et des psychotropes en définissant des règles qui permettraient de mieux sécuriser le circuit des médicaments en évitant le trafic des ordonnances dans le but d’acquérir des psychotropes. Une pratique qui persiste, d’où l’urgence de durcir la réglementation.

Dans l’art. 5, il est stipulé qu’«un répertoire national électronique des ordonnances relatives aux stupéfiants et psychotropes est institué auprès du ministère de la Santé. Le répertoire est mis à la disposition des juridictions, de la police judiciaire, des praticiens de santé, des services de contrôle du ministère de la Santé et de la douane. Les conditions et les modalités d’application du présent article sont fixées par voie réglementaire».

Le pharmacien est tenu, selon la même loi, d’informer immédiatement les services de santé territorialement compétents  de toute ordonnance qui ne satisfait pas aux prescriptions fixées par la réglementation en vigueur, soulignant que le pharmacien concerné est exempt de toute poursuite pénale si la dénonciation n’a abouti à aucun résultat.

Le Dr Smadhi rappelle que 80 millions d’ordonnances sont traitées annuellement dans le cadre du système du tiers payant par 12 500 pharmacies conventionnées avec la Cnas. Ce système, qui profite à 19 millions de personnes détentrices de cartes Chifa peut constituer un moyen efficace pour garantir l’usage licite, contrôlé, maîtrisé et rationnel des psychotropes.

Le responsable du Snapo insiste, par ailleurs, sur l’importance d’instaurer une numération par code-barres (data matrix)  afin de garantir une meilleure traçabilité concernant la circulation des médicaments, de leur sortie d’usine jusqu’à leur destination finale. 

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