Dans le cadre du programme algéro-européen «Jil Siyaha» et à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale du tourisme, une sortie pédagogique et touristique a été organisée récemment aux villages de Beni Yenni dans le cadre des formations du personnel enseignant et administratif de l’Ecole nationale supérieure du tourisme (ENST) d’Alger.
La visite pédagogique est liée à la formation sur le thème : «Potentialités du territoire et du marketing territorial». Elle constitue un terrain d’application pour les apprentissages des participants. Cette immersion dans des villages de montagne, riches en patrimoine naturel, culturel immatériel (artisanat) et matériel (histoire, savoir-faire, architecture, urbanisme, paysages), leur permet de se familiariser avec les enjeux du tourisme durable.
Les objectifs principaux sont d’identifier et utiliser les lieux d’information sur les atouts du territoire pour mieux communiquer ces informations, mettre en pratique des méthodes de diagnostic territorial à travers la documentation, l’observation et l’enquête sur le terrain, comprendre et analyser un circuit thématique lié aux spécificités du territoire et proposer un diagnostic territorial à des fins touristiques, en tenant compte des ressources locales et des potentialités du développement durable.
De nombreux villages ont préservé une partie de leurs structures et de leurs activités traditionnelles, en particulier artisanales. Chaque village a sa spécificité (poterie, tissage, bijouterie et ébénisterie).
Notre guide, Nourredine, à travers ses explications a su comment capturer l’âme des lieux. Il a cette capacité de faire voyager ses auditeurs dans le temps. «Ath Yenni est un village ordinaire, sauf qu’il est inscrit dans le circuit touristique national de tout temps. Déjà durant les années 1970, il y avait plein de touristes qui passaient par cette région avant de partir à Bou Saâda.
Il fallait passer par ici pour acheter des bijoux. Nous sommes au cœur de la Kabylie. Au nord, nous avons Fort national (Larbaâ Nath Irathen), à l’Est, nous avons Aïn El Hammam, anciennement Michelet. A l'ouest, nous avons Beni Douala, et au sud, nous avons Ath Wasif et le majestueux Djurdjura. Nous sommes à 850 mètres d’attitude, c'est idéal pour un athlète ou pour s’oxygéner», dira-t-il. Pour lui, la région sort du lot : «C’est la capitale du bijou.
Il est présent depuis 1520 et le défi est de pérenniser cette activité et garder cet artisanat. Ath Yenni est connu aussi pour ses enfants, on peut citer l’écrivain Mouloud Mammeri, l’intellectuel Mohammed Arkoun, les chanteurs Idir et Brahim Izri, l’essayiste Joher Amhis-Ouksel et bien d’autres.» C’est en somme une terre de culture, de littérature, une société d’instituteurs et de médecins.
Ath Yenni vit chaque année «un été de culture». Le guide précise : «Nous sommes à la 18e édition de la Fête nationale des bijoux, organisée fin juillet. L’année passée, on a drainé 40 000 visiteurs. C’est la fierté de la région.» Pour les héberger, il y a l’hôtel Bracelet d’Argent. Un très bel hôtel public de trois étoiles et une Auberge de jeunes.
Après avoir renoué avec les flux touristiques, des maisons d’hôtes ont poussé comme des champignons. Il y en a à peu près 5, avec une capacité d’accueil de 20 personnes chacune. La plus connue est la maison d’hôtes OGAL Ath Yenni, qui a reçu la visite de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite en Algérie, des touristes français et espagnols. Elles sont réglementées et agréés par l’Etat pour respecter les normes.
Les habitants de Ath Yenni ont développé le côté accueillant et hospitalier et ils sont contents de recevoir des visiteurs, considérés «comme un rayon de soleil parce que, finalement, la vocation de la région est artisanale et touristique», met en exergue le guide.