Tirs nourris dans la capitale de Guinée-Bissau : La Communauté ouest-africaine évoque une «tentative de coup d’Etat»

02/02/2022 mis à jour: 02:28
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Des tirs nourris ont été entendus hier après-midi dans le secteur du palais du gouvernement à Bissau, capitale de la Guinée-Bissau, petit pays d’Afrique de l’Ouest à l’histoire politique troublée, rapporte l’AFP. 

Le palais du gouvernement, où le président Umaro Sissoco Embalo et le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam étaient présumés se trouver pour un Conseil des ministres extraordinaire, était encerclé par des hommes lourdement armés.

 Les militaires autour du palais du gouvernement, à la périphérie de la ville non loin de l’aéroport, tenaient les gens à distance. Les alentours étaient en proie à des mouvements d’habitants fuyant les lieux. Les marchés se sont vidés et les banques ont fermé leurs portes. De nombreux véhicules militaires chargés de soldats sillonnaient les rues. La Guinée-Bissau, pays d’environ deux millions d’habitants, frontalier du Sénégal et de la Guinée, est abonnée aux coups de force politique. 

Un peu plus tard, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a condamné la «tentative de coup d’Etat» en cours, selon elle, en Guinée-Bissau et a demandé aux militaires de «retourner dans leurs casernes». «La Cedeao condamne cette tentative de coup d’Etat et tient les militaires responsables de l’intégrité physique du président Umaro Sissoco Embalo et des membres de son gouvernement», a déclaré l’organisation sous-régionale dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. 

Auparavant, le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a réclamé hier dans un communiqué «l’arrêt immédiat» des combats à Bissau et «le plein respect des institutions démocratiques du pays». Antonio Guterres est «profondément préoccupé par les informations sur des combats intenses à Bissau», précise son communiqué.

Une longue histoire avec les putschs

Depuis son indépendance du Portugal en 1974 après une longue guerre de libération, ce pays de l’Afrique de l’Ouest a connu quatre putschs (le dernier en 2012), une kyrielle de tentatives de coup d’Etat et une valse des gouvernements. Depuis 2014, elle s’est engagée vers un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui ne l’a pas préservée de turbulences à répétition, mais sans violence. Le pays pâtit d’une corruption endémique. Il passe aussi pour une plaque tournante du trafic de cocaïne entre l’Amérique latine et l’Europe. 

Les forces armées jouent un rôle prééminent. Depuis début 2020, Umaro Sissoco Embalo, un ancien général, est le chef de l’Etat, à la suite d’une présidentielle au résultat toujours contesté par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC), formation dominante depuis l’indépendance. Il a forcé son destin en février 2020 en mettant l’écharpe de Président et en s’installant au palais présidentiel, malgré la persistance de la contestation. 

La Guinée-Bissau est classée 175e sur 189 pays dans l’indice de développement humain du Pnud (classement 2020), qui mesure la qualité de la vie. Près de 70% de la population vivait sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale en 2010 (chiffres les plus récents disponibles).

Les événements de mardi, à la cause toujours inconnue, évoquent immanquablement les putschs en série qui agitent l’Afrique de l’Ouest depuis 2020 ; au Mali en août de cette année-là et à nouveau en mai 2021, en Guinée en septembre 2021 et au Burkina Faso en janvier de cette année. La situation dans ces différents pays devait être discutée cette semaine lors d’un sommet de l’Organisation des Etats ouest-africains, la Cédéao.

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