Tipasa. Centre national de recherches archéologiques : Mission impossible

17/01/2022 mis à jour: 04:12
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Les chercheurs et les fonctionnaires du CNRA épuisés par les promesses non tenues depuis des années, de surcroît inquiets pour leur avenir, avaient préféré organiser un sit-in devant le siège du MCA le mardi 4 janvier 2022 / Photo : D. R.

L’Etat, à travers ses deux ministères, en l’occurrence celui de la Culture et des Arts (MCA), d’une part, et, d’autre part, celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), devra être sûr systématiquement d’assurer les bonnes conditions de travail, avec plus de sérénité aux chercheurs et fonctionnaires du Centre national de recherches archéologiques (CNRA), afin d’atteindre les objectifs définis dès la création en 2005 de cet établissement qui chevauche entre les deux institutions.

En ce début de l’année 2022, il semblerait que ce n’est pas le cas, si on se réfère aux revendications des scientifiques et les employés de ce centre de recherches en archéologie, transféré d’Alger vers Tipasa. 

Les chercheurs et les fonctionnaires du CNRA, épuisés par les promesses non tenus depuis des années, de surcroît inquiets pour leur avenir, avaient préféré organiser un sit-in devant le siège du MCA le mardi 4 janvier 2022, afin de dénoncer, selon leurs propos, une situation socioprofessionnelle intenable et l’irresponsabilité. 

Contactée par nos soins, la Directrice du CNRA, Mme Amel Soltani, affirme qu’elle avait commencé à entreprendre les démarches avec l’administration de la fonction publique depuis un moment pour régler les problèmes. 

«Nous avons pris en charge les dossiers de tout le personnel du CNRA, quand ils observaient le sit-in, nous autres étions en pourparlers avec les services de la fonction publique, ce problème avait été résolu non pas par rapport au sit-in, mais bien auparavant, l’administration du CNRA a fait son travail, explique-t-elle. 

«Avec le responsable du personnel du CNRA, j’ai tenu une séance de travail avec nos éléments pour les informer et leurs expliquer la situation, j’ai bien envoyé le courrier à notre tutelle depuis longtemps pour débloquer les salaires et ce n’est pas le sit-in qui est à l’origine du déblocage des salaires. Notre tutelle a fait le nécessaire avec le ministère des Finances. Notre tutelle est en pourparler avec les services de la fonction publique pour régler la situation du personnel de deux établissements, le CNRA et le CNRPAH (Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique, ndlr). En ma qualité de directrice du CNRA, mon dossier n’est pas inclus avec les dossiers des employés qui font l’objet d’une étude, je ne suis pas chercheure, j’ai travaillé dans les musées et j’ai été nommée à ce poste au CNRA par notre tutelle» enchaîne-t-elle. Je n’ai pas de solution pour le transport des employés de notre établissements. Certes, le CNRA est pourvu d’un fourgon de 12 places et d’un autre de 8 places, alors que l’effectif de notre centre s’élève à plus de 100 personnes. Les chauffeurs de nos véhicules légers transportent leurs collègues depuis Alger vers Tipasa. Enfin, sachez que les portes de mon bureau demeurent ouvertes pour accueillir et discuter en aparté ou en groupe avec le collectif du CNRA. J’ajoute que la situation administrative existe depuis 2008. Enfin, je précise que l’intégration de notre personnel dans l’organigramme selon les règles de la fonction publique est en cours, bien que de nombreux points avaient été déjà réglés, donc pour ma part, tout ce qu’avaient déclaré les personnes lors du sit-in sont dénuées de tout fondement», conclut Madame Soltani, directrice du CNRA. 

Quatre représentants du personnel du CNRA ayant observé le sit-in avaient été reçus le mardi dernier par Madame Wafa Châalal, ministre de la Culture et des Arts, qui ne semble pas avoir été informée de la situation administrative des scientifiques et employés de cet établissement qui relève de son ministère. 

Des personnes qui travaillent au CNRA de Tipasa, contactés par nos soins, avaient tenu à faire des déclarations, afin d’attirer l’attention des hautes autorités du pays. «Pour le retard dans le règlement de nos salaires, c’est la directrice et le responsable du personnel, son complice, qui sont à l’origine de cette gabegie et ce retard. D’ailleurs, elle n’a pas demandé le budget dans les délais, c’est logiquement que les fonctionnaires services de la fonction publique et leurs homologues du contrôle financier avaient exigé la régularisation de nos dossiers administratifs pour le suivi de notre évolution, les chercheurs n’ont pas évolué depuis 2008, les contractuels ne sont pas confirmés depuis l’année de leurs recrutements au CNRA, nous expliquent-ils. L’administration dépend du ministère de la Culture tandis que la recherche dépend du ministère de l’Enseignement Supérieur. Nous n’avons pas été payés depuis 04 mois. Le règlement de nos salaires auparavant avaient été effectués avec l’argent des prestations qui se trouvait dans un compte. C’est hors budget, car cet argent devait servir pour l’achat des équipements pour notre centre et non pas pour le paiement des salaires. Notre centre de recherche compte 32 archéologues chercheurs et des employés. Le CNRA est à présent dirigé par l’ex-conservatrice du musée des antiquités d’Alger, promue au poste d’Inspectrice du patrimoine. Le directeur-adjoint avait décroché sa décision non reconnue par la fonction publique,par ailleurs, grâce à ses connaissances, nous faisons partie de ce Centre de recherches, pourvu des scientifiques ambitieux. Malheureusement, nous affirment nos interlocuteurs, le Conseil d’Administration du CNRA n’a pas siégé depuis 2013. Plus grave encore, le Conseil scientifique n’a pas siégé depuis le mois de février 2020, vont-ils prétexter la crise sanitaire encore, pour justifier ces lacunes. Le Conseil scientifique doit avaliser les thèmes de recherches. Pourquoi la directrice du CNRA ne s’est pas inquiétée sur cet autre problème ? Néanmoins, nous nous interrogeons sur les objectifs décidés par l’ex-ministre de la Culture (Bendouda Malika, ndlr), en décidant d’écarter l’ex-directeur du CNRA, un scientifique et chercheur reconnu pour ses compétences à l’échelle internationale, qui avait établi une démarche et défini une vision claire pour hisser le CNRA au niveau international. L’ex-ministre de la Culture et des Arts avait pris la décision de l’écarter de son poste, sans daigner le recevoir au moins une fois. Nous sommes conscients de notre mission au sein du CNRA. Nous voulons aller de l’avant, en travaillant au service de notre pays et du secteur de la culture, car la richesse archéologique subaquatique et terrestre demeure un atout prometteur pour l’économie nationale», concluent nos interlocuteurs, irrités par l’atmosphère décourageante qui règne au sein de leur centre de recherche. Un malaise qui ternit la gestion du CNRA, un centre de recherche est en quête d’une éclaircie, de la transparence.

Il y va pour l’intérêt de cet établissement scientifique, déjà secoué par les coups bas, selon l’humeur des décideurs de ce ministère, celui de la Culture et des Arts.

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