L’es plateformes numériques, devenues des terrains de recrutement pour les extrémistes, ont besoin d’une protection de nouvelle génération contre l’exploitation extrémiste, ont averti des experts de l’ONU, plaidant pour le renforcement de la collaboration entre les spécialistes de la lutte contre le terrorisme et les sociétés de jeux.
Début décembre, l’ONU a accueilli un événement marquant sur la question, appelé New Quest Unlocked (Une nouvelle quête s’ouvre), qui a rassemblé des sociétés de jeux, des décideurs politiques et des chercheurs pour aborder la question des extrémistes violents dans les espaces de jeux. «Cette tendance alarmante a nécessité une approche de recherche collaborative avec l’industrie du jeu et les plateformes adjacentes», a déclaré, à ONU Info, le directeur adjoint du Centre des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (Unoct), Steven Siqueira, soulignant que les groupes extrémistes ciblent de plus en plus les espaces de jeux et les plateformes adjacentes.
Selon ce responsable onusien, en 2023, l’industrie du jeu et les plateformes adjacentes représentaient 196 milliards de dollars, soit cinq fois plus que l’industrie cinématographique, qui représentait environ 40 milliards de dollars. «Les terroristes et les groupes extrémistes violents atteignent les jeunes par l’intermédiaire de ces plateformes», où les vidéos de propagande apparaissent «de plus en plus souvent», a-t-il affirmé.
Si les jeux présentent de nombreux aspects positifs en termes d’interaction sociale dans le monde entier, «le risque que des terroristes et des groupes extrémistes violents utilisent ces plateformes et les plateformes adjacentes pour faire passer leur message est également en augmentation», a-t-il ajouté. Il cite, à ce titre, le cas de l’Australie où «environ un cas de lutte contre le terrorisme sur cinq implique désormais des jeunes», soutenant que «les plateformes de jeux jouent un rôle dans chaque cas enquêté».
De son côté, le directeur par intérim de l’Institut interrégional de recherche des Nations unies sur la criminalité et la justice (Unicri), Leif Villadsen, affirme que leur recherche se concentre particulièrement sur le marché des jeux numériques en Afrique, «devenue l’un des marchés à la croissance la plus rapide pour les jeux mobiles». «Avec un taux de croissance sans précédent de 11% d’une année sur l’autre, le continent représente à la fois une opportunité extraordinaire et une vulnérabilité potentielle», a-t-il expliqué.
Pour rendre ces espaces de jeux plus sûrs à l’horizon 2025, Leif Villadsen préconise la création de normes mondiales communes en encourageant la collaboration entre les gouvernements, les entreprises technologiques et la société civile afin de pouvoir «fournir un cadre pour faire face à ces menaces d’une manière plus coordonnée».