Tensions entre la russie, la chine et les occidentaux : Revoilà la guerre froide 

18/08/2022 mis à jour: 08:27
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Un bouleversement géostratégique

Alors que le bruit des bottes se fait lourdement entendre dans la mer de Chine, la guerre en Ukraine boucle son sixième mois. Cette guerre opposant l’Occident et la Russie et la tension qui s’accumule plus à l’Est à cause de Taïwan entre l’Occident et la Chine marquent la fin du monde unipolaire tel que nous le connaissons depuis 30 ans. 

L’expression est désormais lâchée, en tout cas par Moscou, qui entend expliquer au monde sa vision des conflits actuels et les enjeux qui les sous-tendent. Et c’est le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, qui s’est chargé d’énoncer cette thèse. «Le 24 février 2022, date du début de l’opération militaire spéciale en Ukraine, marque la fin d’un monde unipolaire. La multipolarité est devenue une réalité. Les pôles de ce monde ont été clairement définis», a-t-il déclaré dans un discours prononcé à l’ouverture de la conférence de Moscou sur la sécurité internationale.

 Rappelant à notre souvenir les discours d’Andreï Jdanov, qui mettait des mots sur le début de la guerre froide, Sergueï Choïgou précise que si le monde multipolaire est devenu «la réalité d’aujourd’hui», ce passage de la domination d’un leader mondial à plusieurs centres de gravité n’est pas facile. «Cependant, cela crée des conditions réelles pour le développement d’Etats souverains», a-t-il développé, tel que rapporté par l’agence russe Sputnik.
 

La conférence, qui se tient dans le cadre du forum «Armée 2022», se déroule-t-elle dans le contexte d’un changement radical du système de sécurité mondial et régional ? Le ministre russe en est convaincu, affirmant que la domination inconditionnelle des Etats-Unis et leurs alliés appartient au passé. 
 

Échec à la mondialisation
 

S’exprimant à la même occasion, le président russe, Vladimir Poutine, a pointé du doigt un Occident qui «essaie de forcer des pays indépendants à obéir à sa volonté et à vivre selon les règles des autres afin de maintenir son hégémonie et de s’immiscer dans ces pays, alors que les Etats-Unis et leurs partisans s’immiscent de manière flagrante dans les affaires de pays souverains, organisant des provocations, des coups d’Etat, des guerres civiles, des menaces et des chantages, des pressions et des diktats». 
 

Poutine a ouvertement reproché aux Etats-Unis une volonté de «déstabiliser» le monde. «La situation en Ukraine montre que les Etats-Unis cherchent à faire traîner ce conflit. Et ils agissent de la même manière en cultivant la possibilité d’un conflit en Asie, en Afrique, en Amérique latine», a-t-il martelé à la tribune du même événement.
 

Mais selon lui, le modèle actuel de mondialisation du monde est voué à l’échec, et le monde évolue de manière dynamique vers la multipolarité, car de plus en plus de pays et de peuples choisissent la voie du développement souverain. Il s’est même engagé à prendre des mesures qui contribueraient à construire un monde plus démocratique, qui protège les droits de tous les peuples et garantit leur diversité culturelle et civilisationnelle.   
 

Moscou veut armer ses alliés
 

Ceci dit, le patron du Kremlin insiste seulement sur l’aspect militaire de cette offre. Alors que son ministre de la Défense affirme que l’opération en Ukraine «a dissipé le mythe de la “super arme” que l’Occident fournit à l’Ukraine et prétend qu’elle est capable de renverser l’équation au front», Poutine, cité par l’AFP, a pris le relais pour vanter les armes de fabrication russe. «Partout dans le monde, (ces armes) sont appréciées par les professionnels pour leur fiabilité, leur qualité et, surtout, pour leur haute efficacité. Elles ont quasiment toutes été employées à maintes reprises dans des conditions de combat réelles», a-t-il expliqué devant ses invités. Aux «alliés», il a proposé «les types d’armes les plus modernes, des armes d’infanterie aux engins blindés, en passant par l’artillerie, l’aviation de combat ou les drones», mais aussi des formations militaires et même à participer à des manœuvres militaires communes avec Moscou.
 

Tandis que Washington somme les pays à choisir entre le «monde moderne» et le nouvel «axe du mal» que représentent pour elle la Chine et la Russie, Moscou bat le rappel de ses «nombreux alliés», en Amérique latine, en Asie et en Afrique, «des Etats qui ne fléchissent pas devant une soi-disant hégémonie» et dont les dirigeants «font preuve d’un vrai caractère viril», déclare Poutine.
D’un côté comme de l’autre, ces déclarations nous renvoient à 1947, l’année qui a connu la fin du pacte antigermanique et la bipolarisation du monde. 
 

Sauf que cette fois, la guerre n’est plus adossée à des antagonismes idéologiques comme établi dans la doctrine Truman et la doctrine Jdanov, les deux camps étant au service du capitalisme et de l’impérialisme, avec de légères différences. Les peuples ont le droit de se réjouir d’une fin de la domination occidentale et ses conséquences faites de néocolonialisme, de réduction de l’humain à la fonction de consommation et de surexploitation de la planète, mais ces peuples ont-ils la garantie d’une vie meilleure si le monde devient multipolaire ?
 

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