Objet d’abus et de détournements depuis plusieurs années, les fonds des œuvres sociales des entreprises et administrations publiques sont, depuis décembre 2022, sous la loupe des enquêteurs. En effet, selon des sources proches de ce dossier, des audits financiers sont engagés dans plusieurs entreprises et sociétés publiques à travers le pays, à la faveur d’une instruction présidentielle, émanant personnellement de Abdelmadjid Tebboune. Même si l’Inspection générale des finances (IGF) est toujours sur la brèche, l’expertise de l’inspection de la présidence de la République, née en mars 2022, est désormais à l’œuvre. Depuis le début de décembre 2022, son champ d’action ne cesse de s’étaler, touchant actuellement l’ensemble des enquêtes ayant trait à tous les secteurs d’activité publique. Les premières malheureuses découvertes ont concerné les œuvres sociales dans, au moins, deux ports de l’est du pays, les Entreprises portuaires de Béjaïa et de Skikda en l’occurrence. Dans la première, indiquent nos sources, un trou financier de quelque 110 millions de dinars a été découvert dans les comptes des œuvres sociales du syndicat de l’entreprise, relevant de l’Union locale de l’UGTA de Béjaïa. «Cet important trou de plusieurs milliards de dinars a été mis à jour par un commissaire aux comptes, dépêché par un magistrat relevant du tribunal administratif local, pour enquêter sur cette faille sans justificatif. Les membres de l’actuel et de l’ancien bureau exécutif du syndicat s’accusent mutuellement de détournements, notamment via des crédits non remboursés, depuis au moins 2014», confirme, par ailleurs, le site africaintelligence. La situation est plus grave à l’Entreprise portuaire de Skikda (EPS). Il a été découvert un trou financier de huit milliards de dinars dans les fonds des œuvres sociales. Pas moins de 35 chèques totalisant cette somme colossale sans justificatifs. Le président du comité de participation n’a pas pu se disculper de cette «dépense» et se trouve actuellement sous mandat de dépôt sur ordre du magistrat instructeur près le pôle pénal de Constantine, en charge de ce lourd dossier. Plusieurs autres entreprises portuaires, entre autres, celles de Annaba et d’Oran, sont sur la liste des investigateurs de la présidence. Plusieurs surprises les attendent. A Annaba, et particulièrement au complexe EPE Sider El Hadjar, l’inspection de la présidence de la République enquête depuis plusieurs semaines. La gestion de l’entreprise comme celle des œuvres sociales sont sous la loupe. Selon des indiscrétions, plusieurs milliards manquent à la caisse. Pis, la présidence des œuvres sociales de l’EPE Sider El Hadjar n’a pas été renouvelée depuis près d’une année poussant l’inspection du travail à les mettre en demeure. Sur place, les inspecteurs de la présidence de la République ont auditionné l’ex-président des œuvres sociales, converti récemment président du syndicat de l’EPE Sider El Hadjar dont on ignore le contenu de la discussion. Les œuvres sociales universitaires sont aussi sujettes à des détournements et autres dilapidations. Aux CHU comme dans le secteur de l’éducation, la situation est analogue. Leur gestion a été toujours décriée par les syndicats libres de par l’opacité qui a toujours caractérisé leurs gestions. «Dans la loi de finances 2022, les universités algériennes ont bénéficié d’une enveloppe estimée à plus de 400 milliards de dinars, dont le tiers, soit plus de 138 milliards dinars, pour les œuvres universitaires. Malheureusement, l’étudiant ne bénéficie pas de ces aides sociales directement, mais elles sont réparties sur quatre volets qui sont la bourse, la restauration, l’hébergement et le transport», a déclaré en juin 2022, à El Watan, Noureddine Metnani, responsable de la cellule de qualité à l’université Constantine 3. Rappelons que l’UGTA, le premier syndicat du pays, rejette plusieurs articles inclus dans le projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical qui a été présenté le 9 janvier par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, devant les membres de la Commission de la santé et des affaires sociales de l’Assemblée populaire nationale (APN). «Dans ce nouveau projet, plusieurs abus et autres faveurs ont été éliminés. Il en est, entre autres, du détachement des employés dont le salaire reste à la charge de l’employeur. A l’avenir, c’est l’UGTA qui paye l’employé détaché puisqu’il n’est plus actif à l’entreprise. Il y a aussi la réduction, à deux mandats, la présidence des unions locales et nationales… ce qui n’est pas du goût de l’UGTA qui a actionné ses relais pour engager une campagne pour faire avorter ce projet de loi qui tient à cœur au président de la République, Abdelmadjid Tebboune.» Ali G.