Kaylia Nemour, notre gymnaste émérite, est consciente, du haut de ses 17 ans, de la tâche qui l’attend. C’est la mère, Stéphanie Nemour, qui l’a fait éclore à cette discipline, qui en parle. Contacté, elle ne nous cache pas que sa fille est heureuse d’être au village olympique parmi les autres membres de la délégation algérienne.
Propos recueillis par Omar Kharoum
Kaylia est aujourd’hui, comme elle en a rêvé, aux Jeux olympiques, en plus à Paris, pas loin de la maison familiale. Comment a-t-elle ressenti cette nouvelle page qui s’ouvre dans sa vie sportive ?
Kaylia est heureuse de se retrouver au village parmi les siens et de goûter et d’apprécier l’ambiance de ces premiers jours olympiques. Elle a été accueillie chaleureusement par les membres de la délégation lesquels ont apprécié que, d’entrée, une passerelle de communication s’est établie avec les autres membres de la famille olympique nationale. Kaylia jouit de tous ses moyens et continue avec persévérance sa phase de préparation avec ses entraineurs.
Une « fièvre Kaylia » s’empare progressivement des Algériens à l’orée de ces JO. Comment ressent-elle cette attention particulière que lui accordent nos ressortissants en Algérie et de l’étranger ?
Même si Kaylia est habituée à la haute compétition nationale et internationale, elle n’a que 17 ans. Elle sent qu’elle a tout un peuple derrière elle et c’est là une pression qu’elle n’a psychologiquement jamais ressentie. Nous avons tout mis en œuvre pour la mettre dans de bonnes conditions et la rassurer. Elle sait faire et maitriser, le moment venu, c’est-à-dire au cours de la compétition, ses nerfs et son stress. Elle connait la gymnastique depuis son plus jeune âge. Nous lui avons dit : nous savons que tu vas donner le meilleur de toi-même et que quoiqu’il arrive, les gens seront fiers de toi.
Effectivement, les barres parallèles où elle excelle sont sans doute l’épreuve la plus difficile en gymnastique.
Arrivera-t-elle à faire table rase de la pression qui l’entoure ?
Ecoutez, on ne peut présager de rien dans des épreuves où la concurrence est lourde. Ils sont nombreux à lui dire que tout un peuple qui l’a adoptée et aimée la suit et espère une médaille. Elle en est consciente et espère être digne de porter haut les couleurs algériennes. Mais par-delà ce sentiment national, elle essaiera d’atteindre un rêve qui lui a échappé d’un cheveu aux championnats du monde à Anvers, celui d’une reconnaissance irréversible de son talent, et les JO peuvent lui valoir cette immense satisfaction avec laquelle elle vivra toute sa vie.
D’où lui viendra une rude concurrence particulièrement dans l’épreuve où elle excelle ?
Mais bien entendu de la Chinoise qui lui a ravi la couronne mondiale pour quelques millièmes aux championnats du monde. Elles ont pratiquement le même niveau, le même talent et sensiblement la même note. Tout dépendra des circonstances dans lesquelles Kaylia va évoluer et surtout de son mental qui lui indique que c’est le moment idéal de s’affirmer définitivement et historiquement dans le monde de la haute compétition gymnique. Et surtout pour faire 45 millions de gens heureux et fiers d’elle.
Avoine (Indre et Loire), la localité où vous êtes établis connait le même engouement pour Kaylia que les Algériens et les émigrés. Avez-vous prévu quelque chose ?
Bien entendu. Toute la population de la commune d’Avoine va suivre avec enthousiasme l’évolution de son petit prodige comme elle l’a fait d’ailleurs pour d’autres compétitions de Kaylia et de l’équipe d’Avoine Beaumont Gymnastique. En fait, c’est au sein de ce gymnaste de la ville et dans cette équipe où, très jeune, Kaylia et d’autres de ses coéquipières se sont affirmées en devenant au mois de juin dernier vice-championnes de France. Nous avons aménagé à Avoine une salle qui peut recevoir plus de 250 personnes avec écran géant pour suivre les épreuves de gymnastique et particulièrement l’évolution de Kaylia. Au terme du concours, nous espérons que la ville va s’illuminer à la fête et aux feux d’artifice…