Stéphane Martin. DG de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP, France) : «Le marketing est incontournable pour accompagner les envies de voyages»  

09/03/2022 mis à jour: 02:55
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  • Quelles sont les grandes tendances du marketing touristique dans le monde ? 
     

Le tourisme international est encore convalescent. Si des aires géographiques lèvent de plus en plus leurs restrictions, d’autres zones, émettrices ou réceptrices nettes de flux touristiques, hésitent encore à s’ouvrir au monde dans un souci de protection de leur population. La tendance sanitaire demeure prégnante et s’impose donc aux professionnels, tant pour les clientèles loisirs que professionnelles, ces dernières sont loin d’avoir renoué avec leurs habitudes d’avant Covid, vraisemblablement pour longtemps, les visioconférences, le télétravail, ont transformé durablement ce secteur.
A l’inverse, la recherche d’une convivialité plus authentique, tendance préexistante à la pandémie, apparaît s’imposer, dans l’esprit de ralentir son rythme d’une vie trépidante, d’une conscience de l’empreinte écologique et sociale du tourisme. 
 

  • Est-ce que l’épidémie de Covid-19 n’a pas rendu le rôle de ce type de marketing plus important ? 
     

Secteur particulièrement impacté par l’épidémie, le marketing touristique innove déjà en se remettant en question. En 2021, les entrées touristiques internationales n’auront progressé que de 4% par rapport à l’année 2020 sinistrée, et restent, selon les premières estimations de l’Organisation mondiale du tourisme, 72% inférieures à 2019. L’institution ne prévoit pas avant au moins 2024 le retour au niveau antérieur. Ainsi, des offres en matière de tourisme interne, de voyages près de chez soi, d’activités de plein air, la conception de produits en rapport avec la nature et le tourisme rural, sont attendues des consommateurs. Le marketing devient encore plus incontournable, en tenant compte d’une envie réelle retrouvée à voyager, aux vacances, à s’évader, mais aussi de contraintes économiques sensibles. 
 

  • Le marketing territorial est de plus en plus utilisé pour attirer les visiteurs dans une région donnée en mettant en évidence ses potentialités. Oran s’apprête à organiser les Jeux méditerranéens cet été. Comment pourra-t-elle avoir plus d’attractivité, selon vous ? 
     

La proximité géographique, mais aussi culturelle, est en effet une attente des consommateurs, d’autant plus si un événement, tel que ces 19es Jeux méditerranéens à Oran, offre des sensations fortes, des moments de liesse partagés, des rencontres humaines, après toute cette période de contraintes, de craintes, et hélas parfois de peines. Toutes ces références positives, l’accent à mettre sur la joie de se retrouver au-delà de la compétition, plairont justement à différentes cibles, communiant toutes autour d’une belle fête sportive. 
 

  • Les Journées internationales du marketing touristique sont régulièrement organisées par RH International communication. Comment ce genre d’événement peut-il être bénéfique pour les participants et les opérateurs ? 
     

Saluons avant tout le courage de RH International Communication à maintenir l’objectif de ses Journées internationales du marketing touristique. L’idée initiale de Rachid Hessas que nous apprenons chacun des partages des uns et des autres intervenants et tout autant des participants, est encore plus d’actualité lorsqu’il faut collectivement se remettre en cause. Il n’y aura pas de retour à la situation d’avant, ce qui est enthousiasmant pour les professionnels du marketing qui voient un champ des possibles s’ouvrir devant eux, en sortant du cadre, qui de toute façon à imploser. Ces Journées professionnelles s’inscrivent aussi dans la formation tout au long d’une vie active, que l’on doit tous s’imposer. 
 

  • Les grands événements sont un atout majeur dans la stratégie marketing de tout pays qui veut se projeter vers un tourisme durable (Coupe du monde, Coupe d’Afrique de foot). Des pays ont pu ainsi devenir des destinations privilégiées (Barcelone, Afrique du Sud, Dubaï). Est-ce que l’Algérie doit suivre ce modèle ? 
     

Pour un Etat, une collectivité locale, une Fédération, les grands événements sont des marqueurs particulièrement visibles et transformateurs. Le revers de cette médaille est qu’il soit non seulement réussi, mais encore plus irréprochable au regard des attentes d’une part grandissante de consommateurs, particulièrement ceux de demain, les jeunes : respect de tous les droits, notamment environnementaux, exemplaires, accessibles, et en effet, durables. Oran 2022 va ainsi contribuer à nourrir la «marque» touristique Algérie, qui pourra capitaliser dessus. 

A tous les autres acteurs du secteur d’y collaborer pour prolonger ce succès, pour éviter – ce qui guette parfois des grands événements –de tout cannibaliser en concentrant sur un même lieu, un même moment, l’essentiel des forces. Je ne doute pas que les expériences citées ont été largement analysées, ce qui fait partie des bases du marketing touristique. 

 

Propos recueillis par Kamel Benelkadi

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