Les rencontres diurnes et autres nocturnes perceptibles au niveau des sièges des partis politiques à Souk Ahras, quelques jours seulement avant les élections locales, ont cédé la place devant une désertion déclarée de ces lieux, naguère, bondés de prétendants au rang d’édile de la cité ou de l’assemblée populaire de wilaya.
Les échecs successifs et cuisants ressentis récemment par les deux anciens partis les plus en vue, ces trois dernières décennies, en l’occurrence le FLN et le RND, ont eu leur effet sur le moral de leurs militants.
«Chaque rendezvous électoral enchaîné grogne et dissidences à cause d’abord de la confection des listes qui ne mène pas forcément vers l’unanimité et par la suite ce sont les mêmes mécontents des listes des candidatures qui rentrent dans leurs communes prêcher la rupture voire l’hostilité à l’adresse des dirigeants de la formation boudée», a déclaré Abderrezak N., militant du FLN non concerné par le dernier rendez-vous électoral.
Il a indiqué que toutes les kasmas sont dans leur majorité fermées à double tour et le siège de la Mouhafadha peine à rassembler ses anciens fidèles.
L’ouverture occasionnelle des bureaux du RND dans les circonscriptions de la wilaya est loin de drainer les foules et les activités antérieures à l’annonce des résultats des dernières joutes font déjà partie du passé. Une permanence est toutefois assurée, a-t-on constaté, au niveau du siège principal du chef lieu où des visites sporadiques sont visibles.
«Il faut reconnaître que l’ère du militantisme altruiste et dénué d’ambitions est à classer avec une caste de gens totalement disparue ou presque et l’heure est plutôt au positionnement par rapport à la gestion des carrières et des prébendes», a déclaré un fidèle sympathisant du RND qui a critiqué les militants de la base.
Non loin du local de cette formation, les bureaux de Takatol El Ahrar sorti pourtant ragaillardi à l’issue du dernier rendez-vous électoral n’assurent plus la forte affluence d’il y a quelques semaines.
Le Front El Moustakbal, une force politique émergente tant à l’échelle nationale que locale, présidée, de surcroît par un ancien cadre des organisations de masse, ne déroge pas à la règle.
La situation est encore pire du côté des partis ramenés à titre conjoncturel par les transfuges et autres novices de la politique, partis chercher allégeance auprès des autres formations, parfois au risque de la stabilité de la municipalité et des intérêts de la population.
Les tractations qui ont précédé l’installation de l’APC de Souk Ahras et celle de Tiffech en sont les parfaits exemples. Pour Toufik B., docteur en sociologie, tout est dans la conception erronée de l’acte partisan qu’il croit totalement dévoyé pour des raisons endogènes et autres exogènes.
«On ne peut espérer un dévouement et une quelconque conviction chez un militant qui émarge au bout de cinq longues années d’absence sur la liste des prétendants aux assemblées locales. Sa raison d’être est – pour ainsi dire – fortement scellée avec cette opportunité cyclique où les militants qui se connaissent de manière approximative lorgnent chacun de son côté sur le statut d’élu souvent porteur d’avantages qu’il ne saurait atteindre loin de ce circuit. Aussi, dès l’annonce des résultats du vote, des groupes se composent et autres se décomposent, au moment où ces partis censés assurer d’autres tâches au sein de la société retrouvent leurs tempéraments casaniers et quittent pour longtemps les feux de la rampe», a-t-il argumenté.
Sous d’autres cieux, ce sont les partis qui remettent à l’ordre leurs élus en cas de défaillance et assurent leur soutien indéfectible le long de leur mandat.
Leurs assises sont renforcées auprès de la population dans le cadre des programmes de sensibilisation et d’approches didactiques. Des rencontres périodiques et des propositions font de ces entités une force de proposition et un support non négligeable pour les pouvoirs publics.