Magasins fermés, routes barrées et universités à l’arrêt : au Soudan, la «désobéissance civile» décrétée après sept nouveaux morts dans la répression des anti-putsch a bloqué hier Khartoum et ses banlieues, selon l’AFP.
«Magasin fermé pour cause de deuil», proclament une série d’affichettes collées sur les rideaux baissés des échoppes d’Al Sajane, énorme marché de gros pour les matériaux de construction de Khartoum totalement à l’arrêt. L’un de ses commerçants, Othmane Al Chérif, a été tué par balle lundi, au cours d’une des journées les plus sanglantes depuis le coup d’Etat du général Abdel Fattah Al Burhane, le 25 octobre.
Depuis cette date, 71 manifestants ont été fauchés par une répression qui ne faiblit pas, en dépit des appels au calme venus de l’étranger. Si très peu de journées de manifestation se sont conclues sans mort, celle de lundi a été particulièrement violente.
Les forces de sécurité ont pour la première fois sorti leurs armes lourdes et n’ont pas hésité à ouvrir le feu, selon l’ensemble des chancelleries occidentales, même si la police a redit hier n’avoir jamais tiré. Face à ce nouveau déchaînement de violence, l’Université soudanaise des sciences et technologies a annoncé interrompre toutes ses activités pour observer le deuil et la désobéissance civile «au putsch des traîtres».
Le 21 novembre, le Premier ministre civil, Abdallah Hamdok, a accepté de coopérer avec les généraux, pour «faire cesser l’effusion de sang». Il a finalement jeté l’éponge début janvier, alors que des manifestants continuaient d’être tués dans les rues. Aujourd’hui, dans un pays sans Parlement, ni gouvernement, ni aucune institution élue, c’est la communauté internationale qui tente de remettre la transition vers la démocratie sur les rails.