Son environnement a eu un impact sur la construction de sa personnalité : Boubaker Kadri, un quart de siècle voué à la promotion de l’amazighité

11/01/2024 mis à jour: 04:32
APS
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Site du palais de Baghaïa à Khenchela

Mu par une farouche volonté de préserver la culture amazighe, Boubaker Kadri, chercheur et écrivain natif de la wilaya de Khenchela, parmi les plus connus, a consacré 25 ans de sa vie à l’enrichissement de la Bibliothèque nationale et à la transcription et l’enregistrement du patrimoine oral amazigh. 

Chercheur émérite en matière de patrimoine amazigh, auteur, Boubaker Kadri est né en 1956 au village de Taberdga, dans la commune de Chechar (sud de Khenchela). Tabergda, une localité haut perchée, avec ses maisons anciennes recouvertes de tuile rouge, trônant au cœur de vergers de palmiers, de figuiers et de grenadiers, véritable parangon de l’architecture berbère, semble avoir été la muse de Kadri dont l’amour pour le pays chaoui transparaît dans tous ses écrits.  Boubaker Kadri a grandi dans une famille révolutionnaire. 

La disparition de son père, tombé en chahid pendant la Révolution, suivie de celle de sa mère, peu de temps après, ont fait qu’il a été élevé orphelin. Cependant, l’environnement conservateur dans lequel il a grandi, avait-t-il confié à l’APS, a eu un impact profond sur la «construction» de sa personnalité. Il fut ainsi naturellement amené à chérir ses racines amazighes et la culture distinctive qui en émane et qu’il s’attelle aujourd’hui, avec une passion chevillée au corps, à préserver et à transmettre aux générations montantes. 

Après un cursus scolaire entamé une fois l’indépendance recouvrée, Kadri est entré dans la vie active, travaillant dans le commerce, puis embrassant une carrière de cadre en finances et comptabilité dans de nombreuses entreprises nationales et étrangères, avant de faire valoir ses droits à la retraite. 

Cet enfant de la commune de Chechar affirme que ses engagements professionnels et la satisfaction des besoins de sa petite famille ne l’ont pas empêché, durant un quart de siècle, de participer à différents événements et forums culturels dédiés à la préservation de l’identité amazighe. Boubaker Kadri a ainsi publié, au cours des 5 dernières années, deux livres en amazigh (transcrits en arabe et en français), en plus de sa contribution, durant une dizaine d’années, à l’animation de nombreuses émissions radiophoniques destinées à enseigner aux jeunes générations les règles et les fondements de la langue amazighe. 

C’est en 2020 que Boubaker Kadri a commencé à écrire et à faire imprimer ses livres en publiant, chez un éditeur basé à Batna, «Couleurs et douleurs» en langue française, un ouvrage de 200 pages traitant de sujets socio-philosophiques et historiques inspirés de son environnement, contant des histoires qu’il a vécues et d’autres qui lui ont été racontées par des membres de sa famille. 

Des événements dont la plupart se sont déroulés à Douar Tabergda entre 1830 et 1962. Dans ce recueil de 23 histoires, Kadri a recouru à 350 reprises à des termes amazighs en évoquant le quotidien des femmes dans les Aurès, leur existence dans cette région au climat rude, sa vie d’enfant orphelin, les chutes de neige à Chechar et ses alentours et autres récits. En 2022, Kadri, après la publication d’un autre livre de 210 pages en langue amazighe, transcrit, cette fois, en arabe, sous le titre «De nos vies», narrant les préoccupations des habitants de la région sud de la wilaya de Khenchela, en général, et de Chechar, en particulier, vient juste d’achever l’écriture de deux nouveaux livres intitulés «Toponymie des Aurès» (270 pages) et «Les oiseaux des Aurès» (220 pages). 

Deux livres dont l’édition a été retardée en raison des coûts d’impression élevés et pour la publication desquels l’écrivain espère un soutien financier afin de les mettre sur le marché. Il s’attelle également à la finalisation de l’ébauche de la deuxième partie du livre «Couleurs et douleurs» à travers laquelle il racontera 27 histoires sociales à dimension philosophique. 

Boubaker Kadri participe régulièrement, par ailleurs, à des rencontres parrainées par le Haut commissariat à l’amazighité (HCA) dans différentes wilayas du pays. Il a également récemment participé, dans la wilaya d’Oum El Bouaghi, à un forum littéraire dédié au regretté chantre de la chanson chaouie, Aïssa Djarmouni. Une rencontre durant laquelle il avait animé une conférence consacrée à plusieurs étapes de la vie l’artiste chaoui, pionnier incontesté de la chanson aurésienne. 

A l’occasion du Nouvel An amazigh, Kadri donnera une conférence au musée Bouteraâ, dans la région Ouandoura, à Chechar, sur la fête ancestrale de Yennayer qui reste, estime-t-il, «une tradition sociale qui ne contredit en aucune manière les enseignements de l’islam». 

Pour rappel, cet écrivain et chercheur en patrimoine amazigh a été honoré par la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, lors de sa visite de travail et d’inspection dans la wilaya de Khenchela, le 30 décembre dernier, pour ses efforts de valorisation et de diffusion du patrimoine chaoui. 
 

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