Sommet des chefs d’état à Alger du 29 février au 2 mars 2024 : Le FPEG face à l’évolution du marché mondial du gaz et de la nécessaire transition énergétique

24/02/2024 mis à jour: 00:57
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Photo : D. R.

1.-Le FPEG et le marché du gaz mondial : quelques indicateurs
Créé en 2001, le Sommet des pays exportateurs de pétrole et de gaz, le FPEG, est constitué de 11 pays membres : 5 d’Afrique (Algérie, Egypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigeria) ; 2 du Moyen-Orient (Iran, Qatar) ; 3 d’Amérique du Sud (Bolivie, Trinité-et-Tobago, Venezuela) ; et la Russie. Par ailleurs, 7 pays non membres ont le statut d’observateur : l’Angola, l’Azerbaïdjan, les Emirats arabes unis, l’Irak, la Malaisie, la Norvège et le Pérou.

Face aux défis de la transition énergétique, et pour stabiliser les prix sur le marché libre, très volatils, fluctuant de 2023 et février 2024, entre 30 et 50 dollars le mégawattheure, après avoir atteint plus de 200 dollars au début du conflit Russie/Ukraine, relancer les investissements hautement capitalistiques s’impose et dont la rentabilité est à moyen et long terme, d’où la référence de nombreux producteurs de contrat à moyen et long terme.

C’est ainsi que l’Algérie accueillera, du 29 février au 2 mars 2024, le 7e Sommet du GECF. Le FPEG réunira les principaux pays exportateurs mondiaux de gaz, représentant ensemble 70% des réserves mondiales de gaz prouvées, plus de 40% de la production commercialisée, 47% des exportations par gazoducs et plus de la moitié de la commercialisation du GNL.  
1.- Les réserves se calculent par rapport au coût et à l’évolution du prix international, pouvant avoir des milliers de milliards de mètres cubes gazeux de réserves mais dont une fraction n’est pas rentable. La durée globale dépendra de plusieurs facteurs, à commencer par la consommation de gaz naturel dans le monde. De nombreux pays sont engagés dans un processus de transition énergétique. Conséquence : leur mix énergétique est amené à évoluer et le gaz naturel, comme les autres énergies 

«historiques», sera amené à cohabiter avec des énergies renouvelables. La potentielle découverte de nouveaux gisements est aussi susceptible de faire évoluer à la hausse cette moyenne. Ainsi, on ne doit pas confondre les réserves de gaz avec la production. A titre d’exemple pour l’Algérie, 15/% devant être réinjectés dans les puits pour éviter leur dessèchement, 55% étant les exportations et 45% constituent la forte consommation intérieure, renvoyant dossier des subventions.

Le Centre international d’information sur le gaz naturel, Cedigaz, évalue les réserves prouvées mondiales de gaz naturel à 205 507 milliards de mètres cubes au 31 décembre 2022, quasiment stables (-0,2%) sur un an. Sefe Energy.fr donne par ordre pour les réserves commerciales de gaz : Russie 32 740 milliards de mètres cubes gazeux, l’Iran 32 100, le Qatar 24 700, le Turkménistan 13 600, les USA 12 300, la Chine 8400, le Venezuela 6300, l’Arabie Saoudite 6000, les Emirats 5900, le Nigeria 5500, l’Irak 3500, l’Algérie 2500 et le Canada 2400.

Les réserves gazières sont très largement concentrées dans les pays du Proche-Orient (40%) et en Europe (33%), dont 23% pour la seule Russie. Au 31 décembre 2022, le ratio mondial des réserves sur la production commercialisée représente  environ 50 années, au rythme de la production de l’année 2022.

La demande mondiale de gaz devrait augmenter de façon constante dans les 20 prochaines années, dans un contexte de réserves abondantes et d’une utilisation accrue du gaz pour produire de l’énergie, une hausse de la demande mondiale de gaz d’au moins 2% par an, pendant plusieurs décennies, ce qui devrait porter cette demande à 4500 milliards de mètres cubes de gaz par an d’ici à 2030 contre 3861 en 2020 et 4036 en 2021 et 4050 entre 2022 et 2023.

Pour la production au niveau mondial en 2022, nous avons par ordre décroissant : USA 21 027 milliards de mètres cubes gazeux, la Russie 699, l’Iran 244, la Chine 219, le Canada 205, le Qatar 170, l’Australie 162, la Norvège 128, l’Arabie Saoudite 105, l’Algérie 102, mais possédant la troisième réserve mondiale de gaz de schiste environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, la Malaisie 76 et l’Egypte 68.

Entre fin 2022 et fin 2023, nous avons la structure suivante de l’approvisionnement du marché européen par canalisation : Norvège (2022) 6,1% et (fin 2023) 54%, Russie (2022) 17,4% et en 2023 à 17%, Algérie 2022 13,4% et en 2023 à 19%, l’Algérie courant près de 40% de la consommation italienne et étant devenue pour l’Espagne, fin 2023 le premier client avant les USA et la Russie.

Pour le GNL, nous avons la structure suivante au 1er janvier 2023 : USA 40,2% ; Russie 13,2% ; Qatar 13,1% ; Algérie 6,7% ; Norvège 6,6%. Concernant l’Afrique, (source APS), l’Algérie a exporté, en 2023, 13 millions de tonnes de GNL contre 10,2 en 2022, occupant la première place en tant qu’exportateur de GNL pour la première fois depuis 2010, dépassant ainsi le Nigeria. Sur le plan strictement du marché du gaz naturel, plus de 33% de ses recettes en devises à la fois par canalisation et en GNL, l’Algérie doit être attentive au marché européen, son principal client. 

L’Union européenne (UE) est prête à consolider et à développer davantage un partenariat énergétique avec l’Algérie, celle-ci ayant toujours été un fournisseur important et fiable de gaz naturel pour l’UE.

Selon les données de l’Opep, le gazoduc Medgaz reliant l’Algérie à l’Espagne a connu une augmentation de l’ordre de 2 milliards de mètres cubes en 2022, en passant de 8 milliards de mètres cubes à 10 milliards mètres cubes, tandis que les quantités de gaz acheminées vers l’Italie, via le Transmed, ont atteint 23,5 milliards de mètres cubes en 2022 contre 21,5 milliards mètres cubes en 2021.

L’Algérie entend investir encore dans les énergies transitionnelles dont le gaz propre, dans le cadre de la transition énergétique, et favoriser l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables dans toutes leurs composantes, l’hydrogène vert et bleu.

2.-Le FPEG face à la transition énergétique : les impacts du réchauffement climatique
Selon les relevés de la NASA de janvier 2023, lorsque les émissions de gaz à effet de serre se multiplient, ils agissent comme une couverture autour de la Terre et retiennent la chaleur du soleil, ce phénomène entraînant alors un réchauffement de la planète ainsi que des changements climatiques. Aujourd’hui, la Terre se réchauffe plus vite que jamais, avec un excédent de température de +0,89°C par rapport à la moyenne de 1951-1980.

Je recense sept impacts négatifs du réchauffement climatique dont l’Afrique n’est pas responsable, selon les rapports de l’ONU, de moins de 5%. 
Premièrement, la hausse du niveau des mers qui, avec la hausse moyenne des températures, provoque une fonte des glaces continentales (glaciers, icebergs, etc.). Le volume de glace fondue vient s’ajouter à celui de l’océan, ce qui entraîne une élévation du niveau des mers. Près de 30% de cette élévation est due à la dilatation causée par l’augmentation de la température de l’eau.

Le taux moyen d’élévation du niveau marin s’accélère, sachant qu’il était de près de 1,3 mm par an entre 1901 et 1971, d’environ 1,9 mm par an entre 1971 et 2006, et il atteint près de 3,7 mm par an entre 2006 et 2020, le GIEC estimant que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,1 m d’ici à 2100. Comme impact, les zones côtières seront confrontées à des inondations dans les zones de faible altitude plus fréquentes et plus violentes et à l’augmentation de l’érosion du littoral. 

Deuxièmement, la modification des océans qui absorbent naturellement du gaz carbonique, en excès dans les océans, acidifie le milieu sous-marin, ce qui provoque la disparition de certaines espèces, notamment des végétaux et des animaux tels que les huîtres ou les coraux. En plus de son acidification, la modification des océans entraîne une baisse de sa teneur en oxygène, réchauffement et augmentation de la fréquence des vagues de chaleur, affectant les écosystèmes marins et les populations qui en dépendent.

Troisièmement, l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent dans certaines régions, et des sécheresses plus intenses et plus fréquentes dans de nombreuses autres régions.

En effet, lors de pluies violentes, les sols ne peuvent pas fixer l’eau, s’écoulant alors directement vers les cours d’eau plutôt que de s’infiltrer, les nappes d’eau souterraines ne pouvant se reconstituer. Le réchauffement planétaire entraîne le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes : tempêtes, ouragans, cyclones, inondations, vagues de chaleur, sécheresses, incendies.

Quatrièmement, le réchauffement climatique est une menace sur les plantes et les animaux, car les cycles de croissance des végétaux sauvages et cultivés sont modifiés  : gelées tardives, fruits précoces, chute des feuilles tardives, etc. Beaucoup d’espèces ne supporteront pas les nouvelles conditions climatiques et l’agriculture devra s’adapter en choisissant des espèces précoces. Les comportements de nombreuses espèces animales sont perturbés et devront migrer ou s’adapter sous menace d’extinction.

Cinquièmement, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. 
Certains de ces effets sont irréversibles où selon le rapport du Giec, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique. Si le niveau des mers augmente de 1,1 m d’ici à 2100, près de 100 millions de personnes seront contraintes de changer de lieu d’habitation, et certaines terres côtières ne seront plus cultivables.

Sixièmement, les dérèglements climatiques perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité. De plus, les rendements agricoles et des activités de pêche sont impactés. Les rendements agricoles pourraient baisser d’environ 2% tous les 10 ans tout au long du XXIe siècle, avec des fluctuations chaque année.

Septièmement, les impacts sur les coûts. Ainsi, les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20% des réductions d’émissions d’ici à 2030 et devant investir chaque année jusqu’à 4000 milliards de dollars/an au cours de la prochaine décennie. 
La priorité est de diriger la majorité de ces investissements vers les économies et vers de nouveaux investissements : les véhicules électriques, l’hydrogène, le captage/stockage du carbone et biocarburants, sur l’efficacité énergétique dont le transport de l’énergie, le Btph, l’industrie, sans compter d’autres secteurs, comme la santé, l’agriculture et les loisirs avec un nouveau mode du tourisme.

Cela nécessite la réforme du système financier mondial du fait que les obligations vertes représentent en 2021 seulement 2% de la valeur du marché obligataire mondial. Sans changement de trajectoire, les prévisions du Nges, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5% du PIB mondial d’ici à 2050, et jusqu’à 13% d’ici à 2100.

En conclusion, fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté. Si l’Afrique, l’Asie dont la Chine et l’Inde plus de 4 milliards d’habitants sur les 8 milliards en 2023, avaient le même modèle de consommation énergétique que l’Europe et les USA qui représentent moins d’un milliard d’habitants pour un PIB mondial dépassant les 40%, il faudrait, selon les experts, trois à quatre fois la planète terre, d’où l’urgence de revoir le modèle de consommation énergétique mondial. 

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