Sommet de Tunis et harmonisation des réponses aux défis : Développement complémentaire et soucis sécuritaires partagés

24/04/2024 mis à jour: 03:14
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Un sommet algéro-tuniso-libyen en réponse aux récents développements dans les pays du Sahel, de l’évolution de la crise libyenne et de l’instabilité récurrente dans le monde.

 Des réponses misant sur le développement économique complémentaire et la lutte contre les défis du terrorisme, du stress hydrique et de la migration irrégulière. Mise en place d’équipes pour passer à l’action.

Le communiqué final du sommet tripartite, tenu avant-hier à Tunis, entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye, laisse entendre que les Présidents Abdelmadjid Tebboune, Kaïs Saïed et Mohamed Younes El Menfi cherchent le développement de leurs pays respectifs, en misant sur le renforcement des capacités intrinsèques et l’apport de réponses concrètes aux défis sécuritaire, alimentaire et hydrique. 

En effet, si l’on reprend les propos du politologue Iyed Dahmani sur la radio tunisienne Mosaïque Fm, «face aux spéculations des médias étrangers, notamment français, sur la création d’une entité de substitution de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et aux propos ‘pas de Maghreb arabe sans le Maroc et la Mauritanie’, les termes du communiqué n’ont pas cité l’UMA, même pas pour constater qu’il est dans le coma, bien que son dernier sommet se soit tenu en 1994, il y a 30 ans».

 «Une prudence diplomatique compréhensible pour laisser les portes grandes ouvertes à l’accès à ces concertations de la Mauritanie, voire du Maroc», a-t-il ajouté, quoique le royaume chérifien a déjà exprimé le vœu de rejoindre la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), ce qui signifie clairement que les intérêts marocains sont ailleurs qu’au Maghreb. 

L’UMA étant en état de stagnation depuis 30 ans, l’Algérie, la Tunisie et la Libye ont donc décidé de bouger pour installer un minimum de concertation sur les questions internationales et asseoir de la complémentarité dans les domaines sécuritaire, alimentaire et en rapport avec le développement. D’autres questions d’importance capitale, comme la lutte contre l’immigration irrégulière ou le stress hydrique, ont également été traitées par le sommet de Tunis, tel que souligné dans le communiqué final. Et comme prévu à la veille du sommet, la crise libyenne a été examinée. 
 

Groupes de travail

Les dirigeants algérien, tunisien et libyen ont déclaré rejeter catégoriquement les ingérences étrangères dans les affaires intérieures libyennes et soutenir les efforts visant à organiser des élections garantissant l’unité et l’intégrité territoriale de la Libye, ainsi que sa sécurité, sa stabilité et son développement. Le communiqué final a insisté sur le rôle majeur des pays du voisinage de la Libye et l’appui apporté aux autorités libyennes sur la voie de stabilité, sécurité et reconstruction.
 

L’intérêt de l’Algérie, la Tunisie et de la Libye a également porté sur des questions internationales ayant un impact sur leur sécurité intérieure. Ainsi, et au-delà de ses problèmes humanitaires, la guerre du Soudan a entraîné des flux migratoires vers les pays voisins, notamment la Libye  et des centaines de Soudanais sont également passés en Tunisie. Les trois Présidents ont donc demandé l’arrêt de cette guerre. Par ailleurs, le sommet a évoqué le danger accompagnant les multiples interventions étrangères dans la région du Sahel et leur impact négatif sur la paix dans le monde. 

Le communiqué de Tunis a appelé à la nécessité de soutenir les Etats de cette région, renforcer leur souveraineté sur leurs territoires et  les partenariats avec eux dans les domaines économiques, commerciaux et de développement. Il y a également la question de renforcer les concertations sur le terrorisme et tout ce qui est en rapport avec la traite des humains. Les trois dirigeants ont, par ailleurs, condamné fermement les crimes de guerre et le génocide commis à l’encontre du peuple palestinien, appelant à mettre fin immédiatement à cette agression barbare et brutale et à lever le blocus imposé à la bande de Ghaza.

Et pour une concrétisation dynamique des vœux exprimés par le sommet de Tunis et une réponse efficace aux défis des trois pays, notamment, les volets sécuritaire, alimentaire et hydrique, les trois dirigeants ont décidé que seront créés des groupes de travail conjoints pour coordonner les efforts sur la sécurité des frontières communes face à la migration irrégulière et la mise en place de grands projets d’investissements communs sur la production de céréales et le dessalement de l’eau de mer. 

Le sommet de Tunis, c’est donc «surtout davantage de coopération, plus d’échanges politiques et économiques entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye et c’est loin d’être une volonté de torpiller l’Union du Maghreb arabe», si on reprend les propos du politologue tunisien Iyed Dahmani sur Radio Mosaïque Fm. 

 

Tunis
De notre correspondant  Mourad Sellami
 

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