Sommet de l’alliance Aukus : Pékin et Moscou fustigent l’accord sur les sous-marins nucléaires

15/03/2023 mis à jour: 05:21
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La Chine et la Russie ont fustigé hier le programme de coopération concernant les sous-marins nucléaires lancé la veille par les Etats-Unis, l’Australie et la Grande-Bretagne, dans le cadre de leur alliance baptisée Aukus. 

Pour Pékin, il s’agit d’une «voie erronée et dangereuse», violant les objectifs du Traité de non-prolifération avec «un risque grave de prolifération nucléaire». «Ces trois pays s’engagent de plus en plus sur une voie erronée et dangereuse, au profit de leurs seuls intérêts géopolitiques et au mépris total des préoccupations de la communauté internationale», a fustigé devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Accusant les trois pays occidentaux d’inciter à une course aux armements, avec une alliance incarnant «une façon de penser typique de la guerre froide», il a ajouté que la vente des sous-marins «constitue un risque grave de prolifération nucléaire et va à l’encontre des buts et objectifs du Traité de non-prolifération». 

Pour sa part, la Russie a accusé les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni d’orchestrer «des années de confrontation» en Asie. «Le monde anglo-saxon bâtit des structures de bloc comme Aukus, avançant l’infrastructure de l’Otan en Asie, et faisant sérieusement le pari de longues années de confrontation», a déclaré, lors d’un discours à Moscou, le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov. De son côté, le Kremlin s’est inquiété du risque de prolifération nucléaire que poserait l’accord entre Washington, Londres et Canberra. «Dans tous les cas, beaucoup de questions se posent concernant la problématique de non-prolifération», a estimé le porte-parole de la Présidence russe, Dimitri Peskov. «Il faut une transparence toute particulière», a-t-il ajouté lors d’un point-presse. 

Le président américain Joe Biden, le Premier ministre britannique Rishi Sunak et son homologue australien Anthony Albanese ont annoncé lundi depuis une base navale de San Diego, aux Etats-Unis, l’accord sur le programme de coopération de sous-marins nucléaires. Programme proclamé il y a 18 mois aux dépens de Paris, qui a vu ses propres sous-marins évincés, et destiné à conter Pékin dans la région indo-pacifique. 

Défi dans le Pacifique

A cette occasion, le président J. Biden a évoqué une coopération «sans précédent». Avec un principe «crucial», a-t-il indiqué. «Ces sous-marins seront à propulsion nucléaire, mais ne porteront pas d’armes nucléaires», pour respecter le principe de non-prolifération. «Nous nous mettons dans la meilleure position qui soit pour faire face ensemble aux défis d’aujourd’hui et de demain», a-t-il soutenu. Il a implicitement fait référence à la Chine en affirmant que l’alliance Aukus devait assurer que «la zone indo-pacifique reste libre et ouverte». Une formule qui dans le jargon diplomatique américain désigne la volonté de contrer l’influence chinoise dans la région. 

Pour A. Albanese, l’Australie réalise «le plus grand investissement» de défense de son histoire. Selon Canberra, ce projet coûtera près de 40 milliards de dollars sur les dix premières années et générera environ 20 000 emplois. Rishi Sunak a vanté les efforts pour doper le budget de défense du Royaume-Uni qui s’engage dans «l’accord de défense multilatéral le plus important depuis des générations». 

Le programme de sous-marins d’attaque, qui a l’ambition de remodeler la présence militaire occidentale dans le Pacifique, se déclinera en trois phases, selon la Maison-Blanche. Il y aura d’abord une phase de familiarisation de l’Australie, qui n’a pas de sous-marins à propulsion nucléaire ni de technologie nucléaire militaire ou civile. Ses marins, ingénieurs, techniciens seront formés au sein d’équipages américains et britanniques, ainsi que dans les chantiers navals et écoles spécialisées américaines et britanniques. L’objectif est de déployer, à partir de 2027 et sur un principe de rotation, quatre sous-marins américains et un sous-marin britannique sur la base australienne de Perth (Ouest). 

Dans un deuxième temps, sous réserve du feu vert du Congrès américain, l’Australie achètera trois sous-marins américains à propulsion nucléaire de la classe Virginia, avec une option sur deux supplémentaires. Ils doivent être livrés à partir de 2030. Dans la troisième et la plus ambitieuse étape du programme, les Etats-Unis, l’Australie et le Royaume-Uni vont s’associer pour une nouvelle génération de sous-marins d’attaque baptisée SSN AUKUS. Cela impliquera un gigantesque effort industriel, surtout pour l’Australie qui doit se doter d’un nouveau chantier naval à Adelaïde (Sud). Les nouveaux navires, de conception britannique et incorporant des technologies américaines avancées, seront construits et déployés par le Royaume-Uni et l’Australie. Ils doivent être livrés à partir de la fin des années 2030 et du début des années 2040. 

Les sous-marins à propulsion nucléaire sont difficiles à détecter, peuvent parcourir de grandes distances pendant de longues périodes et embarquer des missiles de croisière sophistiqués. 

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