Les participants au deuxième sommet Russie-Afrique qui s’est achevé vendredi à Saint-Pétersbourg ont plaidé pour un «ordre mondial multipolaire plus juste». Dans la déclaration finale adoptée à l’issue de ce sommet, la Russie et les pays africains ont fait part de leur vision du monde et exprimé leur rejet de toute forme de «nationalisme agressif».
Ils se sont également engagés à combattre toute forme de «néonazisme», de «néofascisme», de «l’afrophobie», de «russophobie», de «xénophobie» ou de «racisme et discrimination raciale», qu’elle soit fondée sur «la religion, les convictions ou l’origine». Les participants au sommet de Saint-Pétersbourg ont souligné l’importance de consacrer «le principe de l’égalité souveraine des États» afin d’«assurer la stabilité des relations internationales».
Pour ce faire, les signataires de cette déclaration ont décidé de faire du «Forum de partenariat Russie-Afrique» un «élément central» de la coopération multilatérale russo-africaine.
Aussi, c’est à travers ce Forum que la coopération «mutuellement bénéfique» ,mise en avant lors de ce sommet, sera «approfondie» dans le but de baliser le terrain pour l’avènement d’un «ordre mondial multipolaire plus juste, équilibré et durable».
Sécurité alimentaire et terrorisme
Les participants à ce sommet ont insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts afin de pouvoir relever les défis dans tous les domaines, à savoir sécuritaire, alimentaire ou énergétique. Ils ont appelé à la mise en place une stratégie commune pour «assurer la sécurité alimentaire et énergétique à long terme du continent africain».
La Russie et les pays africains ont convenu dans ce sens de «renforcer le dialogue, le partenariat et la coopération» en contribuant par des politiques efficaces «au renforcement de l’investissement» mais aussi de «la coopération commerciale, économique».
Le décollage économique, comme relevé dans la déclaration finale, ne pourrait être concrétisée que par des politiques souveraines préservant les intérêts de chaque Etat. Ainsi, l’emploi des monnaies nationales dans échanges commerciaux entre l’Afrique et la Russie constitue un des axes de travail auquel a abouti ce sommet dont les participants ont exprimé leur refus de voir le continent africain se transformer en un terrain de «confrontation internationale» entre les grandes puissances.
Lors de ce sommet, une feuille de route, appelée «Plan d’action du Forum de partenariat Russie-Afrique pour 2023-2026» a été approuvée. Ce plan se décline en 180 points regroupés dans quatre grands axes : «politique et sécurité», «finance et agriculture», «énergie» «science et culture». Selon ce document publié par le Kremlin, la Russie et l’Afrique comptent bien «accroître la coopération aux plus hauts niveaux politiques et poursuivre un dialogue constructif dans le cadre de mécanismes internationaux, régionaux, multilatéraux et bilatéraux».
Coopération avec les organisations régionales
Ainsi, la Russie a annoncé son intention d’élargir son cadre de la coopération à l’ensemble des organisations régionales africaines, à l’instar de l’Union du Maghreb arabe (UMA), la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA), de la Communauté d'Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l'Ouest (Cédéao). Une grande attention a été également accordée aux questions sécuritaires et en premier lieu la lutte contre le terrorisme qui affecte plusieurs pays africains et qui plonge une grande partie du continent dans une instabilité chronique.
En Economie, le document a insisté sur l’accès aux «services financiers» et sur «les règlements mutuels en monnaies nationales». Il a également placé «les questions de sécurité alimentaire mondiale en tête de l’agenda multilatéral» afin de «s’attaquer aux causes profondes de la sécurité alimentaire».
Sur la question énergétique, la Russie et les pays africains ont convenu d’axer leur coopération sur la promotion «des sources d’énergie durables à faible émission de carbone». Le plan d’action accorde également une grande importance aux «échanges culturels, scientifiques et éducatifs».
La Russie envisage d’ailleurs «l’ouverture de succursales d’organisations éducatives russes dans les pays africains». Aussi, les participants au sommet évoquent «la possibilité d’organiser l’Année de la culture africaine en Russie et l’Année de la culture russe en Afrique».
Il s’agit donc d’un partenariat global qui touche à divers domaines. Lors de son discours prononcé à l’ouverture du sommet, le président russe, Vladimir Poutine, a affirmé que «le continent africain est devenu le nouveau centre de pouvoir et chacun devra tenir compte de cette réalité objective».
Il s’est félicité du fait que «les représentants des Etats africains ont fait preuve de volonté politique et de leur réel intérêt à développer la coopération avec notre pays», estimant qu’ils «ont démontré leur indépendance». Il faut souligner que ce sommet s’est tenu dans un contexte international tendu à cause du conflit russo-ukrainien.