Signature des contrats gaziers entre l’Italie et l’Algérie : Vent de panique sur Madrid

20/04/2022 mis à jour: 19:35
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Le PDG de Sonatrach signe un accord avec le directeur général d’Eni, Claudio Descalzi,

L’Espagne voit rouge depuis que l’Italie gagne du terrain en matière de contrats gaziers signés avec les pays de la rive sud de la Méditerranée, à commencer avec l’Algérie, principal fournisseur de la péninsule ibérique.

 Après le passage du Premier ministre italien Draghi en Égypte, l’Espagne dépêche son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, qui, depuis Le Caire, a déclaré que son pays «est irremplaçable sur le marché international du gaz et un point de référence sur le marché européen». Une pique adressée à l’Italie qui traduit sans ambages un état de panique à l’idée de voir le concurrent italien gagner plus de marchés et compromettre ainsi le projet espagnol de devenir un hub de distribution de gaz vers toute l’Europe. 

Le message d’Albares s’adresse également aux pays européens qui seraient tentés de miser sur le passage obligé par l’Italie pour abandonner leur dépendance vis-à-vis du gaz russe. Interrogé lors d’une conférence de presse sur les contrats gaziers que l’Italie vient de signer avec l’Algérie et l’Egypte, Albares a expliqué que «la structure commerciale du gaz de l’Espagne et de l’Italie est différente». 

Il soutient qu’en «Espagne, ce sont des contrats d’entreprises privées, et en Italie il y a aussi une entreprise publique. Par conséquent, la relation est différente». Albares, qui a discuté avec son homologue égyptien, Sameh Hassan Shoukry, des questions énergétiques, précise encore qu’il y a «des entreprises espagnoles qui ont des intérêts importants en Algérie avec des contrats internationaux et, bien sûr, l’Espagne continue d’être un point central pour tout ce qui concerne la regazéification du GNL et c’est un pays irremplaçable». 

Une manière de dire que malgré la brouille politique avec Alger, les contrats internationaux sont une garantie pour la poursuite des liens commerciaux en matière énergétique. Sauf que la partie ne semble pas facile pour le royaume ibérique qui a compromis lui-même son projet de hub européen en se mettant à dos un partenaire essentiel qu’est l’Algérie. 

En effet, le changement brusque de la position espagnole sur la question du Sahara occidentale a jeté un froid dans les relations diplomatiques entre Alger et Madrid et outre le rappel de l’ambassadeur algérien en Espagne, les conséquences économiques ne cessent de se traduire sur le terrain.

 Madrid se voit donc obligé de retarder son projet de hub énergétique, alors que l’Italie attire tous les regards de l’Europe. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, une course effrénée entre l’Italie et l’Espagne a commencé pour savoir qui pourra desservir l’Europe une fois l’approvisionnement russe coupé. Madrid comptait beaucoup sur le gazoduc relié à l’Algérie, afin d’alimenter ses usines de stockage et de regazéification et devenir un hub pour la distribution de gaz en Europe. 

Ce hub se traduirait par la remise sur la table du projet MidCat, consistant à relier le Portugal, l’Espagne et la France à travers un gazoduc traversant les Pyrénées entre la Catalogne et le sud-ouest de l’Hexagone. 

Ce gazoduc, tel que rêvé par l’Espagne, permettrait de relier les réseaux espagnols et portugais au réseau européen pour un coût de départ de 400 millions d’euros. L’Espagne comptait sur sa position de pays disposant de la plus grande capacité de stockage et de regazéification de gaz en Europe (35%), mais contrairement à l’Italie, elle manque de moyens de connexions avec le reste du vieux continent. 

La position géostratégique de l’Italie lui offre des opportunités bien plus grandes que l’Espagne, pour devenir un pays clé dans la carte énergétique de l’UE, et ce, grâce aux gazoducs la reliant avec l’Algérie et la Libye, mais également aux interconnexions avec le Nord de l’Europe via la Suisse, l’Autriche et la Slovénie. 

L’Italie gagne ainsi une longueur d’avance sur l’Espagne, grâce aux nouveaux contrats signés avec l’Algérie, l’Egypte et bientôt avec d’autres Etats africains, dans le but de renforcer ses capacités gazières et devenir le hub 
incontournable pour l’Europe. 
 

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