Sider El Hadjar, qui a toujours financé ses opérations par des crédits bancaires remboursables, dispose aussi de son propre fonds pour engager la 2e phase de son plan de développement (PLD). Seulement, plus de 46,5 milliards de dinars de Sider El Hadjar sont toujours bloqués.
L’entreprise Sider El Hadjar doit-elle engager la deuxième phase de son plan de développement (PLD), bloqué depuis 2018 ? Affirmatif, répondent à l’unanimité plus de 6000 sidérurgistes de ce complexe. En effet, pour eux, «outre l’aspect historique et social, Sider El Hadjar arrive économiquement à se prendre en charge financièrement et génère même des entrées conséquentes en devise, malgré les lourdes contraintes qui pèsent sur l’entreprise».
Quatre années après, le staff dirigeant est toujours de cet avis : «Nous sommes conscients des enjeux stratégiques et conjoncturels et nous ne ménagerons aucun effort, tant qu’on est soutenus continuellement par notre management, par le PDG du groupe Imetal, disponible, engagé, et fortement impliqué pour faire aboutir toutes les mesures envisagées par les pouvoirs publics.»
Cet appel est lancé à l’adresse du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui accorde une importance particulière au complexe pour le soutenir. Il faut savoir que Sider El Hadjar, qui a toujours financé ses opérations par des crédits bancaires remboursables, dispose aussi de son propre fonds pour engager la deuxième phase de son plan de développement (PLD). Ainsi, plus de 46,5 milliards de dinars de Sider El Hadjar sont toujours bloqués.
«Dans le cadre de son plan de développement, Sider El Hadjar bénéficiait, depuis la première phase, du régime dérogatoire de la convention d’investissement, relative au développement de l’investissement pour la réhabilitation et l’extension du complexe sidérurgique d’El Hadjar. Par cette convention, établie avec l’ANDI, Sider El Hadjar profitait des exonérations en matière de franchise de droits et taxes et tout autre prélèvement à caractère fiscal», a expliqué l’un des financiers de Sider El Hadjar. Cependant, la convention initiale avait expiré et n’avait été renouvelée qu’une seule fois.
Cette dernière a encore expiré fin 2019, sans pour autant entamer la deuxième phase du plan de développement de l’entreprise. «Depuis, malgré toutes les démarches (verbales, écrites et physiques) pour obtenir une prolongation de délai et pouvoir entamer la deuxième phase, l’ANDI nous a informés que malgré la résolution du CPE, elle ne peut déroger à une loi, ses prérogatives se limitent à deux accords de prolongation.
Toujours selon l’ANDI, la demande relève du Conseil national d’investissement (CNI), qui devra l’examiner et statuer», regrette la même source. Selon les dirigeants de l’entreprise, cinq équipements sont en souffrance au niveau du port de Annaba, générant des surcoûts en centaines de millions de dinars.
L’allongement du délai de dédouanement de ces équipements accroît davantage les frais de magasinage et les pénalités de retard de dédouanement, en plus de la détérioration et la perte de garantie des fournisseurs.
Il s’agit, entre autres, des tableaux de distributions électriques, chaudière de 30 t/h, un lot de voie ferrée, un convertisseur pour l’aciérie et l’osmose inverse. «Pis, des demandes de paiement sont également bloquées au niveau du FNI, en l’absence de franchise, exigée par le Trésor public pour la mise à disposition des fonds, générant aussi des pénalités de retard et des pertes de garantie», déplorent des dirigeants de Sider El Hadjar.
Rappelons que le Conseil de participation de l’Etat (CPE), dans sa session du mois de mars 2018, a validé le PLD actualisé qui lui a été présenté, et a accordé à Sider El Hadjar une rallonge budgétaire de 25,5 milliards de dinars pour la mise en œuvre de la deuxième phase. A l’époque, Sider El Hadjar disposait encore d’un reliquat de budget de la première phase, de l’ordre de 20 milliards de dinars.
Ces deux enveloppes totalisent un montant de 45,5 milliards de dinars, objet d’une résolution CPE du mois de mars 2018. Le bailleur de fonds de ce crédit est le FNI, avec lequel deux conventions ont été signées entre décembre 2019 et janvier 2020, il ne reste que la troisième, qui est en cours de signature.
Ainsi, une dérogation s’impose pour libérer les fonds de Sider El Hadjar lui permettant de lancer son plan de développement, devenu inéluctablement un plan de sauvetage.