De nombreux textes de loi sont en cours d’élaboration au niveau des instances compétentes et touchant à des secteurs névralgiques de la vie nationale. Ils ont pour vocation d’accompagner et de matérialiser la vision des autorités s’agissant des nouvelles perspectives pour le pays et à l’ombre des crises majeures qui continuent de secouer le monde.
Le maître-mot de ces projets de refonte et de redéfinition des missions est la «responsabilité».
Celui de l’autonomie est également suggéré si l’on en juge par la teneur du texte devant régir à l’avenir les relations de travail. Le dernier Conseil des ministres a indiqué dans son communiqué que «le projet de loi en question doit garantir une représentativité effective des syndicats et assurer la promotion du volet socioprofessionnel des travailleurs, loin des tendances politiciennes qui ont vidé l’action syndicale de sa véritable essence».
Même si cela est très peu admis, la surpolitisation de tous les segments de la société a montré ses limites à un moment où les profonds bouleversements dans le monde commandent un retour aux métiers premiers de la production, la lutte étant, désormais, celle de la survie.
Cela implique de se défaire de nombre de certitudes et autres dogmes qui ont prévalu au temps de l’abondance et de la quiétude. La crise sanitaire, non encore enrayée, et à multiples mutations, amène à dédramatiser les reconversions professionnelles et à désacraliser l’emploi dans des secteurs rendus brutalement inopérants.
L’influence extra-syndicale, qui grève le fonctionnement des entreprises et autres entités et institutions, n’est pas seulement le fait du pouvoir du moment, elle peut également provenir des organisations qui militent pour l’accession à ce même pouvoir. Les universités les plus «éruptives» au plan de la contestation ne sont pas celles qui déposent des brevets d’invention et les doctorants qui atterrissent à la Silicon Valley ne sont pas issus des campus bloqués la moitié de l’année.
L’autonomisation des structures sociales et syndicales est un vrai défi qui engage les autorités comme l’opposition. L’équipe dirigeante a gardé, comme héritage du passé, la même capacité à se contredire dans un même élan réformateur. Le Conseil supérieur de la jeunesse, dont des élections ont eu lieu mardi dernier au niveau local, suscite des interrogations sur la cohérence de la démarche des autorités.
En examinant le plan d’action du gouvernement adopté en septembre 2021, on y lit que cette nouvelle structure «constituera un espace privilégié pour la participation effective des jeunes à la vie politique et socioéconomique du pays». Dans des comptes-rendus ultérieurs, il est indiqué que ce Haut conseil, qui sera constitué de jeunes âgés entre 18 et 35 ans, élus ou désignés, «aura pour mission de soulever des avis, des recommandations et des suggestions sur des questions liées aux besoins des jeunes dans les domaines économique, social, culturel et sportif».
Cette structuration d’envergure à travers des collectivités locales qui ont des priorités autrement plus basiques en direction des administrés ne démontre pas dans quelle mesure elle sera fonctionnelle et si elle ne heurte pas l’épanouissement de ces mêmes jeunes.
A 18 ans, ils n’ont pour seule préoccupation que de se former et de s’accomplir dans leur cursus scientifique. A 35 ans, ils ne sont pas seulement à même d’émettre des avis, mais de diriger.