L’âge moyen déclaré de l’agresseur est de 37 ans, il est généralement de sexe masculin (69%) et plutôt instruit. «Les caractéristiques des agresseurs montrent qu’ils sont instruits, mais le niveau d’instruction ne semble pas un frein à la violence, au contraire, il lui confère une autre caractéristique. On trouve que plus du tiers des agresseurs sont des chômeurs (facteur de risque).»
Les femmes victimes de violences sont relativement jeunes, avec un âge moyen de 35 ans, et instruites dans 65% des cas. C’est ce que montre le dernier rapport publié par l’Institut national de santé publique (Insp) consacré au système de collecte des données relatives aux femmes victimes de violence.
Ce document, qui se base sur une enquête menée durant les 12 mois de l’année 2019 dans cinq wilayas du pays (Alger, Oran, Blida, Médéa et El Oued), permet de dresser les profils des femmes victimes de violences ainsi que ceux de leurs agresseurs.
Au total, 3647 femmes victimes de violence ont été étudiées durant l’année 2019 dans ces cinq wilayas du pays. Les grandes villes semblent plus touchées par le phénomène, selon le rapport dans lequel la wilaya d’Alger (60%) vient en tête, suivie de celle d’Oran (27%).
Si l’âge moyen des femmes agressées se situe autour de 35 ans, il est à souligner une prédominance dans la tranche des 25-34 ans qui représente une fréquence de 33% des femmes consultantes. En tout et pour tout, 61% des femmes agressées sont mariées, 21% sont célibataires, 5% sont divorcées et 3% sont veuves.
Parmi les femmes agressées, 22% ont un niveau moyen, 20% ont fait des études secondaires, 13% sont universitaires, 10% ont un niveau primaire et 8% sont sans instruction. Si l’on en croit les chiffres de l’Insp, les femmes au foyer sont les plus représentées (55%) parmi les femmes agressées.
La plupart de ces femmes (43%) se rendent seules à l’hôpital et les autres sont accompagnées par un membre de la famille (39%) ou autre, dont 11% par la mère. L’agression s’est déroulée dans 31% des cas durant la journée, c’est-à-dire entre 9h et 16h, et survient généralement au domicile (65% des cas), les femmes étant généralement au foyer. Les lieux publics sont en cause dans 24% des cas, puis les agressions commises en milieu du travail dans 2%, et enfin celles en milieu scolaire représentent 1% des cas.
L’âge moyen déclaré de l’agresseur est de 37 ans, il est généralement de sexe masculin (69%) et plutôt instruit. «Les caractéristiques des agresseurs montrent qu’ils sont instruits, mais le niveau d’instruction ne semble pas un frein à la violence, au contraire, il lui confère une autre caractéristique. On trouve que plus du tiers des agresseurs sont des chômeurs (facteur de risque)», peut-on lire dans le rapport en question.
Selon ces données, 33% des agresseurs sont sans emploi, 27% sont fonctionnaires et 2% retraités. Dans 38% des cas, ces violences sont commises par le mari. «Concernant les violences intrafamiliales, celles perpétrées par la fratrie à l’encontre de leurs sœurs représentent 4%. Les voisins tiennent une place dans les violences contre ces femmes dans 8% des cas», écrivent les enquêteurs de l’Insp.
En ce qui concerne la nature des violences, celles-ci sont majoritairement physiques : 98% des agressions signalées se manifestent sous forme de coups et blessures volontaires. Viennent ensuite : les agressions psychologiques (5%) et sexuelles (3%). Les violences psychologiques et sexuelles restent cependant, selon l’Insp, encore mal reconnues par les victimes.
La prise en charge des victimes, quant à elle, paraît insuffisante, car peu de victimes (17%) ont bénéficié d’une prise en charge psychologique, en dépit du fait que la violence engendre, selon les rédacteurs de l’enquête, des conséquences graves de type psychologique chez la femme agressée.
«Les victimes ont bénéficié d’une ITT (Incapacité totale de travail) en moyenne de 6 jours, cela entraîne une perte d’autonomie et des fonctions impossibles du fait de l’emplacement des blessures ou de la perte complète d’une fonction particulière (la perte d’un œil ou la paralysie d’un membre), cette incapacité peut concerner le travail personnel de la victime ou non professionnel (une femme au foyer ou retraitée).
L’établissement du certificat médical constitue une pièce essentielle lors du dépôt de plainte qui permet au magistrat de mesurer l’importance des dommages subis, la gravité des agressions et de décider des poursuites judiciaires à la lumière des faits établis. Mais dans 3% des cas, ce certificat médical n’a pas été délivré à la victime», souligne le rapport.
En tenant compte de la fréquence des violences, une femme sur dix est battue plus de 6 fois par an. Aussi, l’insp recommande d’apporter aux personnels de santé une compréhension du phénomène des violences à l’encontre des femmes, et de signaler les principaux signes cliniques et surtout d’encourager le dépistage, les soins, l’accompagnement et l’orientation des femmes victimes. Une bonne estimation des tendances démographiques de la population à risque est également nécessaire.
Les rédacteurs de l’enquêtent préconisent, par ailleurs, de mobiliser et coordonner des ressources humaines et matérielles : gynécologues, ophtalmologues, médecins légistes, orthopédistes, psychologues, psychiatres, généralistes, ainsi que de mettre en place une action globale du secteur de la santé contre les diverses conséquences de la violence à l’égard des femmes (création de procédures et de protocoles officiels d’orientation-recours).