Le réseau SaNuit-Maghreb a analysé l’état des lieux dans les trois pays. Il regroupe une cinquantaine de représentants de 15 établissements, de laboratoires, d’enseignants-chercheurs et de médecins issus d’Algérie, Tunisie, Maroc et France.
La sécurité routière est une problématique pour l’ensemble des pays à travers le monde. Ceux du Maghreb ne dérogent pas à la règle. Ils sont aussi confrontés à une accidentologie pour le moins préoccupante. En Algérie, le bilan 2021 fait état de plus de 14 000 accidents.
En Tunisie, l’Observatoire national de la sécurité routière a recensé 4633 accidents. Au Maroc, l’année 2020 a enregistré 85 208 accidents. Tous les indicateurs sont en hausse. Le réseau SaNuit-Maghreb a analysé l’état des lieux dans les trois pays.
Il regroupe une cinquantaine de représentants de 15 établissements, de laboratoires, d’enseignants-chercheurs et de médecins issus d’Algérie, Tunisie, Maroc et France. Il ne réduit pas son champ d’intérêt à la sécurité routière, mais a pour ambition de plancher sur toutes les nuisances du transport, à savoir la pollution, le bruit, la congestion du trafic, la dégradation du paysage, l’occupation de l’espace ou encore le stress.
Ce projet vise à consolider une communauté scientifique intéressée par ces problématiques. Il a pour double objectif la mutualisation des connaissances et des expertises.
Sa première année d’existence a été clôturée par un colloque international, à la fois scientifique et de connaissance réciproque, organisé récemment à Tunis (Tunisie) en mode hybride. Dans ce comité de pilotage, l’Algérie est représentée par les universités de Béjaïa, Batna 1, Blida, Khemis Miliana, la Faculté de médecine d’Oran et l’Ecole nationale supérieure de technologie (ENST) d’Alger.
Actions et objectifs
«En effet, comment promouvoir les transports publics ou la mobilité active si on se limite à une seule nuisance de la voiture, à savoir l’insécurité routière ?» s’interroge, le Pr Mohamed Mouloud Haddak, coordinateur du réseau SaNuit-Maghreb, relevant que «la voiture en ville ne provoque pas seulement des accidents de la route, mais elle est cause d’autres nuisances qui ont des effets négatifs sur la santé, entre autres le bruit et surtout la pollution».
Et au chercheur en transports et santé publique à l’université Gustave Eiffel (campus de Lyon) de détailler : «Dans l’immédiat, compte tenu des enjeux de santé publique au Maghreb, la priorité est donnée à la sécurité routière, mais il faut garder en tête la vision, surtout quand il faudra effectuer une analyse comparative coût-bénéfice de chaque mode de transport de personnes ou de marchandises».
Il est ainsi question de promouvoir l’enseignement de la sécurité routière via des modules, des options, des sujets de stage ou de mémoire de fin d’études en sécurité routière (dans les masters existants en statistique, santé publique et épidémiologie, sciences économique et de gestion, sciences humaines et sociales, transport, logistique et environnement durable, par exemple).
Aussi, investir dans la recherche en sécurité routière, en proposant des sujets de thèse dans les écoles doctorales, en cotutelle ou en codirection, entre le Maghreb et la France, et en mettant en place des séminaires de recherche périodiques et thématiques.