Le ministre des Transports, Saïd Sayoud, a présidé hier le lancement d’un forum sur la sécurité de l’aviation civile, organisé par la compagnie Air Algérie à Bab Ezzouar (Alger). Placée sous le thème «Security Mindset», cette rencontre a rassemblé des acteurs du secteur, cadres du ministère et autorités sécuritaires et des experts de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), ainsi que des partenaires et professionnels du transport aérien.
Dans son discours, il a souligné le rôle stratégique du transport comme levier de mobilité sociale et de dynamisme économique. Il a rappelé «l’engagement constant de l’Etat à garantir la sécurité aérienne, notamment via le renforcement des moyens juridiques et matériels déployés dans les aéroports, les stations aériennes et les appareils».
«Nos institutions veillent à ancrer la sécurité dans toutes leurs opérations, en adhérant aux politiques et normes internationales, pour prévenir tout acte illégal visant les avions, le personnel, les passagers ou le fret», a-t-il déclaré. Prenant la parole, Hamza Benhamouda, PDG de la compagnie nationale Air Algérie, a souligné l’impératif de la sûreté aérienne dans un contexte mondial marqué par des défis sécuritaires de plus en plus complexes et surtout évolutifs.
Cet événement, deuxième du genre après le séminaire sur la sécurité aérienne le 2 novembre 2024, illustre la volonté de la compagnie publique de placer la sûreté et la sécurité au cœur de sa stratégie opérationnelle.
Le secteur aérien fait face à des menaces sans précédent. Cyberattaques, drones malveillants, risques terroristes, ou encore comportements perturbateurs ou indisciplinés des passagers : les défis sont à la fois traditionnels et novateurs, exigeant une approche holistique.
Comme l’a rappelé le PDG : «Les menaces ne se limitent plus aux risques conventionnels.» La digitalisation croissante des systèmes de navigation et de gestion des données, bien que bénéfique, expose le secteur à des vulnérabilités critiques. Les attaques ciblant les infrastructures numériques pourraient paralyser des vols, compromettre des données sensibles ou perturber les communications entre avions et tours de contrôle.
Parallèlement, la prolifération des drones civils représente un danger tangible pour les espaces aériens. Leur usage non contrôlé près des aéroports ou leur détournement à des fins malintentionnées nécessitent des technologies de détection et de neutralisation avancées.
Face à ces enjeux, Air Algérie mise sur l’innovation technologique et la formation continue, tout en collaborant avec les autorités pour renforcer la résilience de son écosystème. Air Algérie a intégré des systèmes intelligents pour anticiper et gérer les risques. Le PDG a cité le système INAD/DEPO (Interdiction de décollage et déportation de passagers), un outil pour identifier et gérer les passagers présentant des comportements à risque (documents frauduleux, agressivité, problèmes sanitaires).
Maintenir la confiance des passagers
Ce système permet une coordination fluide entre équipes au sol et en vol, tout en offrant aux commandants de bord une autonomie décisionnelle pour refuser l’embarquement, en conformité avec les normes de l’OACI.
Consciente des risques digitaux, la compagnie investit dans des solutions de cybersécurité pour protéger ses réseaux, ses données et ses systèmes de navigation. Des partenariats avec des experts internationaux et des audits réguliers visent à contrer les tentatives de piratage, essentiels pour maintenir la confiance des passagers et la fluidité opérationnelle. Le PDG a insisté sur l’importance d’une «culture de sûreté» intégrée au quotidien des employés.
Des programmes de formation adaptés aux nouvelles menaces (gestion de crise, détection de drones, réponse aux cyberattaques) sont déployés.
Air Algérie a consacré, le week-end dernier, une journée spéciale à la formation des journalistes sur le thème du forum, «en reconnaissance de l'importance des médias en tant que partenaire clé dans la diffusion de la culture de la sécurité aérienne et la sensibilisation de l'opinion publique aux questions vitales qui affectent la sécurité aérienne», a rappelé le PDG d’Air Algérie. La compagnie s’appuie sur des accords internationaux, comme la Convention de Chicago (1944), pour harmoniser ses pratiques avec les standards globaux.
Le PDG a également évoqué le système de management de la sûreté (SEMS), une approche proactive d’évaluation des risques et d’amélioration continue, alignée sur les meilleures pratiques de l’OACI. Pour Air Algérie, la sûreté aérienne n’est pas un poste de dépense, mais un investissement.
Le PDG a rappelé que «le transport aérien sûr est la pierre angulaire de la durabilité du secteur».
Cette philosophie se reflète dans les certifications obtenues par la compagnie. A l’heure où les passagers exigent une sécurité absolue, l’engagement d’Air Algérie à «anticiper plutôt que subir» renforce sa crédibilité.