Le secteur automobile du pays fait face à une nouvelle tension. La relance opérée tous azimuts de l’activité dans ce secteur, après une privation qui a duré cinq ans, n’a pas encore permis au marché d’atteindre le taux de maturation escompté.
Après les retards cumulés dans l’importation du quota de véhicules neufs de l’exercice 2024, les restrictions imposées sur l’importation de la pièce de rechange et les huiles moteur pour lesquelles la demande se fait ostensiblement sentir, une nouvelle pénurie sur les pneus vient de s’installer. Cette nouvelle crise exacerbe davantage le marché, qui enregistre déjà une dynamique en perte de puissance, caractérisée par l’envolée des prix, la déstructuration de la distribution, la dégradation de l'offre et la prédominance des marchés parallèles.
Force est de constater que cette pénurie est la résultante des restrictions imposées à l'importation par le gouvernement en vue d'encourager la production nationale, et lutter contre la surfacturation des importations, selon les experts du secteur.
Une situation qui déstabilise le marché, crée des pénuries et favorise la hausse des prix et la spéculation. Toute la complexité de ce marché tient ses racines par ailleurs d'un mal qui le ronge depuis longtemps.
L’Union nationale des transporteurs (UNAT) sort de son silence et tire la sonnette d'alarme sur la pénurie des pneus pour bus sur le marché national.
Dans un communiqué rendu public le 11 septembre, l’organisation indique que les pneus pour bus sont introuvables sur le marché. Trouver un pneu de bus sur le marché est devenu un véritable casse-tête pour les transporteurs. Des bus sont à l’arrêt car leurs propriétaires ne trouvent pas de pneus sur le marché, déplore l’UNAT. De plus en plus de bus sortent du service à cause de ce problème de pneus.
Approvisionnement et casse des prix
Pour mettre fin à cette tension, le ministère a précisé qu’un premier lot de 100 000 unités de pneus importées a été injecté sur le réseau de distribution national, et ce, depuis la wilaya de Aïn M’lila.
L’importateur Haj Arab, basé à Ain M’lila, a été à l’origine de cette initiative qui a nécessité l’arrivée de 240 conteneurs. L'opération a été supervisée par le directeur régional du commerce de la région de Batna, Mohamed Serdoune, en compagnie de cadres et d'agents de contrôle de la direction du commerce et de la promotion des exportations de la wilaya de Aïn M'lila, et ce, lors d'une visite sur le terrain effectuée aux entrepôts de la société chargée de l'importation de cette quantité.
Dans une déclaration à l’APS, M. Serdoune a indiqué que cette première opération s’inscrit dans le cadre d’un programme visant essentiellement l’importation de 300 000 unités avant la fin de l’année en cours, soulignant qu’il y a 17 autres opérateurs (au niveau de la région de Batna) qui injecteront parallèlement des quantités importantes dans les semaines à venir.
Actuellement, la marque de pneus Iris, basée à Sétif, classée 1re en Algérie et 3e sur l'échelle africaine, est le seul fabricant habilité à fournir cette pièce «maîtresse».
Cet énorme pôle industriel repose sur un processus 100% local, sa capacité est estimée à 2 millions de pneus légers, utilitaires et semi-lourds par an durant la première phase et connaîtra, à partir du mois d'octobre prochain, une augmentation considérable de la cadence de production atteignant les 4,5 millions de pneus par an pour la deuxième phase.
Concernant la hausse des prix, le vice-président du groupe, Djamel Guidoum, interrogé par la chaîne Ennahar, a affirmé que les prix de leurs pneumatiques n'ont pas augmenté. «Si les prix ont augmenté, cela s’est fait en dehors d’Iris.» Et d’indiquer : «C'est une pénurie provoquée pour maintenir des prix élevés, c'est ce que nous avons constaté sur le terrain.»
Par Aziz Kharoum
[email protected]