Secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire en Algérie : Booster les projets à caractère innovant

07/04/2025 mis à jour: 21:49
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Photo : D. R.

Par M. Bergheul
Expert-consultant-formateur-facilitateur en entrepreneuriat vert-ESS-ODD

Le développement de l’agriculture en Algérie en 2025 est l’une des priorités majeures pour le gouvernement algérien, avec pour objectifs principaux d’atteindre la sécurité alimentaire, de diversifier l’économie au-delà des hydrocarbures et de créer des opportunités d’emplois pour nos jeunes. Plusieurs tendances et initiatives-clés façonnent le développement de l’agriculture en Algérie cette année.

Sur instruction des hautes instances de l’Etat, un accent majeur est mis sur l’augmentation du volume de production nationale de cultures stratégiques, telles que le blé dur, l’orge, le maïs et les oléagineux, afin de réduire la dépendance aux importations. L’objectif est d’atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici la fin de 2025, suivi de l’orge et du maïs en 2026 pour assurer notre sécurité alimentaire. Les pouvoirs publics   s’efforcent par ailleurs d’étendre les terres irriguées, en particulier dans le Sud, avec un objectif d’un million d’hectares d’ici 2027. Des efforts sont également déployés pour attribuer des terres aux investisseurs afin de stimuler la production de cultures-clés.

L’Algérie recherche dans le cadre du partenariat des investisseurs nationaux et étrangers dans le secteur agricole, y compris pour les projets à grande échelle, notamment dans les régions du sud du pays, des partenariats fructueux (gagnant-gagnant) avec des entreprises internationales, en particulier en agro-transformation, activement sollicitées à investir en Algérie. La volonté des pouvoirs publics d’ici la fin de 2025 vise à résoudre définitivement le problème lié à la propriété des terres agricoles afin d’offrir une sécurité aux agriculteurs et d’encourager l’investissement agricole.

Il ne vous échappe pas que les investissements dans les installations de transformation alimentaire visent également à ajouter de la valeur aux produits agricoles bruts, à créer des emplois et augmenter les exportations de produits transformés. L’adoption des techniques agricoles avancées, de système d’irrigation moderne et de variétés de cultures à haut rendement est encouragée pour améliorer la productivité. L’intégration de la technologie dans la production et la transformation alimentaire est également une priorité des pouvoirs publics.

Des initiatives et des projets ont été mis en œuvre dans ce cadre. Nous pouvons citer quelques-uns tels que l’expansion des terres cultivables pour les céréales, notons dans ce cadre que plus de deux millions d’hectares ont été alloués au blé et environ un million d’hectares à l’orge pour la campagne céréalière d’hiver 2025, les projets agricoles à grande échelle : la mise en œuvre pour d’importants projets agricoles intégrés, tels que celui avec le groupe italien BF Spa pour un projet de 420 millions d’euros à Timimoun axé sur les céréales, les légumineuses et la production de pâtes, des investissements dans la production de lait en poudre.

Un projet majeur avec le Qatar est en cours pour stimuler la production locale de lait en poudre, et la mise en place d’une plateforme numérique pour les investisseurs pour faciliter l’investissement dans le secteur agricole, y compris l’attribution de terres pour des projets et une reconnaissance croissante de l’importance du développement agricole durable pour faire face aux défis, tels que la rareté de l’eau et le changement climatique, est observée.

Malgré ces efforts déployés par les pouvoirs publics dans le secteur agricole, notre pays,  à l’instar de beaucoup de pays dans le monde entier, est toujours confronté à des défis tels que la pénurie d’eau due essentiellement au climat aride de l’Algérie, la dégradation des sols. Une partie considérable des terres agricoles souffre de dégradation chimique, physique et biologique, et du changement climatique.

La diminution des précipitations et l’évolution des températures constituent une menace pour la production agricole et la dépendance aux importations d’intrants. Notre pays importe des quantités importantes de ses intrants agricoles, y compris le lait en poudre et les plants de pommes de terre, bien qu’elle ait atteint l’autosuffisance cette dernière décennie dans certains domaines, comme les fruits et les légumes.

En 2025, le développement de l’agriculture en Algérie est marqué par un fort engagement des pouvoirs publics à atteindre une plus grande sécurité alimentaire et une diversification économique. Des investissements importants, des réformes politiques et des projets stratégiques sont en cours de réalisation. Bien que ces défis subsistent, l’accent est mis sur la modernisation, l’adoption de technologies et l’expansion des terres agricoles qui offrent des perspectives prometteuses pour la croissance du secteur et sa contribution à l’économie algérienne.

Dans cette optique et à l’effet de booster les projets à caractère innovant dans le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire en Algérie, plusieurs pistes peuvent être explorées et renforcées initiées notamment par les jeunes et femmes futurs diplômés qui souhaitent contribuer à ce développement agricole à travers la création de micro-entreprises agricoles et start- up innovantes en la matière. Nous citerons en premier lieu le volet formation et développement des compétences.

Il est important à notre sens d’adapter les programmes de formation par rapport au marché : Intégrer des modules sur l’innovation, les nouvelles technologies et l’entrepreneuriat dans les cursus agricoles et agroalimentaires au sein des instituts et écoles spécialisés est indispensable à l’heure actuelle, organiser des formations continues pour proposer des sessions de formation et de perfectionnement pour les jeunes et femmes futurs «agri preneurs», les agriculteurs et les employés du secteur sur les pratiques et technologies innovantes sans oublier les adhérents de la Chambre de l’agriculture, promouvoir l’apprentissage et l’échange de connaissances dans le but est de créer des réseaux d’agripreneurs innovants et faciliter ainsi les échanges d’expériences et les bonnes pratiques en la matière.

La mise en place des plateformes qui permettront sans aucun doute l’échange des bonnes pratiques au sein des écoles et instituts spécialisés dans le domaine de l’agriculture, échanger leurs expériences de réussite dans le domaine technique et commercial. En second, l’accent est mis sur les structures en charge d’accompagner ces futurs «agripreneurs» dans la concrétisation de leurs projets innovants et générateurs de revenus dans le domaine des secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, des projets plus performants et surtout intelligents tout en étant respectueux de l’environnement et au changement climatique.

Il s’agit bien entendu des incubateurs. Ces structures qui font partie intégrante de l’écosystème doivent jouer pleinement leur rôle dans la prise en charge dans le domaine de la formation (renforcement des capacités et compétences), accompagnement et conseils (techniques, commercial et financier) au profit des agripreneurs domiciliés au sein de ces structures.

La formation théorique seule n’est pas suffisante pour renforcer les compétences des jeunes et des femmes qui souhaitent devenir un agripreneur, la création d’incubateurs et d’accélérateurs spécialisés, fab labs. Leurs objectifs est d’offrir  un encadrement personnalisé de qualité, des formations, du mentorat et un accès à un réseau d’experts, soutenir la création de start-up innovantes à travers la simplification  des procédures administratives et offrir un accompagnement juridique et commercial pour les agripreneurs (jeunes et femmes). Ces structures doivent être aussi des espaces pour booster l’innovation dans le secteur agricole et agroalimentaire pour stimuler l’entrepreneuriat au niveau de ces écoles et instituts spécialisés dan l’agriculture.

Il ne vous échappe pas que la mise en œuvre de la formation à l’entrepreneuriat agricole nécessite aussi des compétences (Soft-Skills/Hard-Skills) que doivent acquérir les formateurs en charge de la formation et de l’accompagnement de ces jeunes et des femmes futurs agripreneurs. Pour mener à bien leur mission, en termes de pédagogie et d’apprentissage entrepreneurial agricole (innovation et technologie) entre autres, les formateurs à l’entrepreneuriat doivent également développer leurs propres connaissances, compétences et attitude entrepreneuriale pour guider et faciliter le processus d’apprentissage à l’entrepreneuriat aux agripreneurs.

Aussi, il est indispensable de mettre en place des campagnes d’information et de sensibilisation au sein des écoles et instituts spécialisés pour informer et sensibiliser les jeunes et femmes étudiants sur les opportunités offertes dans la création de micro-entreprises agricoles et start-up innovantes dans l’agriculture et l’agrobusiness et d’encourager aussi l’utilisation de technologies, l’intelligence artificielle pour optimiser les pratiques agricoles actuelles.

Ces initiatives ne peuvent voir le jour que si est seulement si nous mettons à la disposition des ces futurs agripreneurs des mécanismes de financement de soutien et d’aide à l’accès au crédit à travers des fonds dédiés à l’innovation, c’est-à-dire créer ou renforcer des fonds publics et privés spécifiquement destinés au financement de projets innovants dans l’agriculture et l’agroalimentaire, faciliter l’accès au crédit bancaire à travers la mise en place des mécanismes de garantie et des taux d’intérêt préférentiels pour les entreprises et les start-up portant des projets innovants, des subventions et aides directes pour soutenir le volet de la recherche et développement, l’adoption de nouvelles technologies et la mise en œuvre de pratiques durables, et enfin mettre en place un  capital-risque et investissement en capital-amorçage, c’est-à-dire encourager le développement de structures de capital-risque et d’investisseurs nationaux ou étrangers intéressés par le secteur agroalimentaire innovant en Algérie.

Une structure dédiée à la veille technologique et prospective devient une nécessité à mettre en place au niveau des structures d’accueil et d’accompagnement (incubateurs) pour identifier les tendances et les opportunités d’innovation dans le secteur agricole et l’agribusiness au niveau national et international.  
 

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