Pratiquant la lutte, un sport de combat depuis l’âge de 12 ans, Samy Boufatit, 44 ans, est plutôt le type raffiné dans sa vie quotidienne. Un paradoxe ! Non, selon lui. «La discipline que je pratique ne se limite pas à la bagarre, mais plutôt à un état d’esprit qui contribue à l’élévation de l’âme», estime-t-il.
Pour lui, le sport est une belle route, surtout droite, qui nous évite les déviations et qui nous apprend à avoir du goût ! «Je me suis engagé non seulement à faire du sport, mais surtout à récupérer des jeunes ados en pleine crise d’adolescence pour les sauver d’une éventuelle dérive.
Comment ? Chaque jeune sauvé peut constituer un bon exemple pour son frère, cousin, voisin... C’est en quelque sorte l’effet mouton qui se produit dans ce genre de situation. Bref, nous avons tous besoin d’un modèle dans notre vie. Un jeune bon sportif qui dégage la confiance en soi en est l’exemple à suivre», explique-t-il.
Fils d’un grand lutteur et du fondateur de cette discipline dans la wilaya de Blida, jadis pépinière de lutteurs, l’influence paternelle y ait pour beaucoup sur sa personnalité.
A 12 ans, il commençait ses premières luttes sous l’œil vigilant, attentionné et surtout encourageant de son père. A 17 ans, il est champion d’Algérie, catégorie junior, puis vice- champion d’Algérie, catégorie senior deux ans après et fait un passage d’une année à l’équipe nationale.
Arbitre international
Après une pause durant ses études universitaires d’architecture, et après avoir fait un pied dans l’univers pop-rock et les parties à la guitare en pleine période de terrorisme à Blida, Samy Boufatit revient à son sport favori et se lance, cette fois-ci, dans l’arbitrage. Arbitre régional, national puis international dans la lutte gréco-romaine, il a vite grimpé les échelons, d’autant qu’il maîtrise plusieurs langues, dont le turc.
Mais en dépit de son «standing» international, en arbitrant plusieurs compétitions dans le monde, son amour pour la pédagogie sportive l’a poussé à maintenir ses contacts avec ceux qui aimeraient apprendre ce sport. «Pour une question de prestige, un arbitre international se consacre uniquement à son domaine. Moi, par contre, je me vois dans l’obligation de continuer à entraîner les jeunes, mais avec beaucoup de passion.
J’ai d’ailleurs un club de lutte dans un quartier déshérité à Blida. Mes déplacements dans les grandes capitales du monde ne doivent surtout pas me priver de mes disciples, moi qui aime transmettre mes connaissances et mon savoir faire dans le domaine» insiste-t-il, lui qui est d’ailleurs fils d’un père et d’une mère enseignants et qui a baigné dans le monde du sport et de la pédagogie dès son jeune âge.
Aussi, ce lutteur, architecte de formation, se lutte à développer le design de meuble en Algérie, un domaine qui a pignon sur rue dans le monde. «Pour le maîtriser, il aura fallu que je travaille dans des sociétés d’importation de meubles pour m’inspirer et me former avant l’ouverture de ma propre boîte. Malheureusement, la formation de design de meuble n’est pas encore dispensée dans nos universités, et ou centres d’apprentissage», raconte t-il.
Il lutte aussi pour le classement de la lutte algérienne qui se pratique depuis des siècles dans les Hauts-Plateaux et chez les Mozabites.
«La lutte n’est pas forcément d’origine gréco romaine. Elle est instinctive chez l’humain, exactement comme chez l’ours. Les Occidentaux veulent tout s’accaparer Et pourtant, les Perses, qui ont aussi une très ancienne civilisation pratiquait cette discipline. En Algérie, des études s’imposent pour faire des recherches sur ce que je qualifie de la lutte propre à notre pays», conclut-il.