Salon national de l’habit traditionnel à Constantine : Miroir d’une culture et vecteur d’identité

14/10/2024 mis à jour: 01:22
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Photo : D. R.

La manifestation a été le théâtre de multiples activités, dont une présentation des cérémonies de mariage propres aux régions des Aurès, Constantine et Annaba.

Bien au-delà de sa fonction première, le costume traditionnel algérien s’impose comme un véritable témoin culturel, imprégné des marques d’une histoire millénaire, d’une identité singulière et d’un savoir-faire artisanal transmis de génération à génération. Il constitue un reflet palpable d’une civilisation, une fenêtre ouverte sur les traditions, les croyances et les valeurs d’une société.

C’est dans cet esprit que la maison de la culture Malek Haddad a orchestré un salon national consacré aux habits traditionnels, agrémenté de séminaires scientifiques et de défilés urbains à Constantine, sous la devise «Les tenues vestimentaires algériennes, identité du pays». Samedi dernier, une caravane colorée a déambulé à travers les artères et les quartiers de la ville, suscitant l’admiration des habitants.

Plus de cinquante femmes, accompagnées d’hommes, arboraient fièrement les diverses tenues traditionnelles telles que la gandoura constantinoise et celle d’Annaba, le haïk, la m’laya, la melhfa, la robe kabyle et le karakou algérois. Ce cortège festif célébrait non seulement la diversité culturelle de l’Algérie, mais réaffirmait également l’attachement profond à l’histoire millénaire du pays et de Constantine, ville fondée il y a plus de 2500 ans.

Parmi les participants se trouvaient des artistes, chanteurs de Malouf, membres des confréries Aïssaoua et Fekirate, qui ont accompagné le défilé à travers les ruelles de la vieille ville, jusqu’à leur destination finale qui est la maison de la créativité (Dar El Ibdaâ) à la rue Larbi Ben M’hidi.

Organisé du 3 au 13 octobre, ce salon a été le théâtre de multiples activités, parmi lesquelles une présentation des cérémonies de mariage propres à chaque région (Chaouie, Constantinoise et d’Annaba). Ces démonstrations ont permis au public d’apprécier la richesse des coutumes et d’en comprendre les significations profondes. L’essence poétique qui se dégage de ces rituels, transmise à travers les âges, a été magnifiée par les participants, en particulier les femmes, véritables gardiennes de ce patrimoine vivant.

Une essence poétique

«Pourquoi organiser un tel événement ?» a souligné à El Watan Amira Deliou, directrice de la maison de la culture Malek Haddad. «Il est essentiel de rappeler l’importance de préserver ces tenues, ce qui a d’ailleurs conduit le ministère de la Culture à soumettre un dossier à l’Unesco pour inscrire le costume féminin de cérémonie du Grand Est algérien au patrimoine culturel immatériel.

L’un des critères majeurs pour ce classement repose sur la dimension historique et civilisationnelle de ces habits, qui ont su traverser les âges», a-t-elle ajouté. Mme Deliou a également précisé que malgré les défis posés par la mondialisation et l’uniformisation des modes de vie, le savoir-faire artisanal lié à la confection de ces tenues traditionnelles demeure vivace, constituant ainsi un rempart contre l’effacement des diversités culturelles.

Loin de se limiter à des animations folkloriques, ce salon a également pris une tournure académique, voire scientifique. Des séminaires animés par des chercheurs et stylistes ont exploré en profondeur la richesse culturelle des tenues traditionnelles, mettant en lumière les techniques et le savoir-faire d’un artisanat minutieux.

La cérémonie de clôture, qui s’est tenue dans l’après-midi du dimanche 13 octobre à Dar El Ibdaâ a été marquée par un dernier défilé intitulé «Traditions et renouveau». Selon Mme Deliou, l’objectif était de créer une véritable mosaïque vestimentaire, où l’artisanat contemporain se conjugue harmonieusement avec les traditions anciennes, tout en mettant en exergue l’enracinement profond de la culture algérienne, et plus particulièrement constantinoise. Enfin, Mme Deliou a annoncé la tenue d’un colloque avant la fin de l’année 2024, consacré au patrimoine culturel religieux matériel de Constantine, avec un accent particulier sur les monuments, mosquées et zaouïas de la ville.
 

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