Pour la première fois, constatent les professionnels du secteur, après la reprise de l’activité, le tourisme interne a déclassé les voyages à l’étranger.
La pandémie de Covid-19 et les conditions sociales marquées par une chute sensible du pouvoir d’achat ont impacté la saison estivale 2022. En effet, pour la première fois, constatent les professionnels du secteur, après la reprise de l’activité, le tourisme interne a déclassé les voyages à l’étranger, et la demande pour le domestique a augmenté par rapport aux années précédentes.
Les agences de tourisme qui espéraient une vraie reprise des voyages vers d’autres cieux ont été déçues. Elles ont été surprises par la baisse des réservations pour l’étranger surtout après l’ouverture de la frontière terrestre avec la Tunisie, qui, depuis des années, est sur la plus haute marche du podium des destinations touristiques préférées des Algériens.
La plupart des voyages à l’étranger enregistrés auprès des agences de tourisme concernent, pour cette saison estivale, deux principales destinations : la Turquie au premier rang, avec Istanbul et Antalya, et Charm El Sheikh en Egypte arrive en deuxième position.
Les villes du littoral ont la cote. Elles ont été boostées par les publications des réseaux sociaux postées par de nombreux «influenceurs» et par des internautes à travers leurs blogs.
Pour Mourad Kezzar, consultant en management hôtelier, la saison a été fructueuse «pour ceux qui s’y sont préparés». Selon ses analyses, la reprise a été freinée par «la coïncidence des fêtes de l’Aid, du retard dans l’affichage des résultats du bac, des séquelles de la crise Covid-19 et du pouvoir d’achat des classes moyennes et des professions libérales. On a tendance à sous-estimer la situation, mais il s’agit d’un séisme socioéconomique mal mesuré».
Concernant la destination Tunisie, il veut placer les choses dans leur contexte : «Il y aura relativement de grands départs d’Algériens vers la Tunisie cet été avec une grande partie pour des séjours touristiques, les uns dans des hôtels et les autres dans des hébergements touristiques non homologués. Et quelles que soient les circonstances, le nombre de ces départs sera inférieur à celui de 2019.»
Malgré la réouverture de l’espace aérien et les offres des compagnies et des grandes destinations, telles que la Turquie et l’Egypte, «les départs vers ces destinations ont toujours été faibles. Ce n’est pas parce que 100 vols d’une moyenne de 200 sièges sont complets qu’on crie à la crise et à la menace sur le marché interne».
Face à cette nouvelle réalité, les agences de voyages ont rivalisé d’imagination pour proposer des offres adéquates et ont investi en force les réseaux sociaux pour atteindre le plus grand nombre de clients. Elles n’ont négligé aucun marché de niche. Outre les longs séjours (une semaine à 15 jours), il y a eu la formule «week-end» et «sortie d’une journée».
Des niches du marché exploitées par les agences de voyages
Les voyages organisés à l’ouest du pays (Mostaganem, Oran, Tlemcen et Maghnia) marchent très fort. Le circuit Ouest combine les sorties à la plage avec des visites culturelles des monuments et goûter aux plats de la région. Il y a tant de choses à découvrir : cascade Petit Vichy, café vintage, El Mellah, falaise Zouanif, Sidi Yakoub, ruines Siga, poisson Beni Saf (Témouchent), Mansourah, cascade Lourit (Tlemcen), paella Ain El Turck (Oran), Greenwich, Parc Sour, Bordj Ettork, Salamandre (Mostaganem), marché des épices et plage Moscada (Maghnia).
Ce type de tourisme permet d’échapper aux pressions de la vie de tous les jours. En général, les enfants sont attirés par des vacances où ils peuvent s’amuser, mais aussi partager des expériences avec leur parents.
Passer du temps tous ensemble durant les vacances est une grande priorité. Les avancées technologiques (internet, smartphones, jeux vidéo) sont des causes d’un éloignement entre les membres de la famille. Les parents attendent alors les vacances pour passer du temps ensemble et renforcer l’unité familiale. Les séjours de ce genre constituent autant de lieux de connaissance, d’éveil et d’ouverture au monde.
Les escapades, le temps d’un week-end, peuvent convenir parfaitement à ceux qui n’ont pas la possibilité de partir en vacances (long séjour), essentiellement à cause de leurs obligations professionnelles. Ils peuvent ainsi faire le plein d’énergie et partager des moments de convivialité en famille.
D’autres agences investissent même dans une sortie d’une journée de détente et de décompression, loin du travail, à découvrir et profiter en solo, en famille et entre amis. Certaines régions s’y prêtent comme Tipasa ou Jijel. La première est connue pour ses plages et ses ruines romaines et la seconde a des endroits magnifique à faire découvrir (le grand phare, parc zoologique, île d’El Aouana et pont des grottes merveilleuses).
Pour attirer plus de clients, les agences ont plus d’une corde à leur arc : transport par bus confortable avec plusieurs ramassages, shooting photo, musique et ambiance familiale et guide et assistance durant la journée.
Pour attirer toujours plus de clients, les agences définissent leur positionnement et leur cible de voyageurs idéale. Le but n’est pas de vendre à tout le monde, mais de définir quelle va être leur cœur de cible : les clients à qui elles vont s’adresser.
Sur leur site internet, elles mettent en ligne de belles photos représentatives, veillent à ce que leur site s’affiche vite et que leurs clients puissent consulter les offres sur leurs téléphones portables et tablettes.
Depuis son avènement, Internet a bouleversé le rôle des agents de voyages. De plus en plus formés, ceux-ci sont devenus des conseillers experts plutôt que des vendeurs de forfaits préalablement conçus. Plusieurs agences se spécialisent dans un produit de niche et proposent des offres personnalisées.