Le journal britannique The Guardian (version australienne) a diffusé un article sur un nouveau scandale diplomatique impliquant le régime du makhzen en Australie, où trois diplomates marocains ont agressé verbalement le représentant du Front Polisario à Canberra, Kamel Fadel, et tenté de l’empêcher de participer à un événement célébrant la Journée mondiale de l’Afrique, pour lequel il a officiellement été invité.
L’événement, organisé jeudi dernier par le corps diplomatique africain accrédité en Australie à l’occasion de la Journée mondiale de l’Afrique, coïncidant avec le 60e anniversaire de l’Organisation de l’Unité africaine (Union africaine actuellement), a dégénéré en une altercation avec des fonctionnaires de l’ambassade du Maroc, qui ont agressé verbalement un représentant du peuple sahraoui puis tenté de l’empêcher d’entrer dans la salle, a écrit le journal dans son édition de mercredi.
Le représentant Kamal Fadel, qui avait été officiellement invité à l’événement organisé à la salle de spectacle de l’Albert Hall, a d’abord été empêché d’entrer par des diplomates marocains, ce qui a contraint des agents de la police fédérale australienne et d’autres ambassadeurs africains à intervenir, comme le montre une vidéo visionnée par The Guardian.
La vidéo de l’incident montre trois fonctionnaires de l’ambassade du Maroc à Canberra attendant à l’entrée de l’Albert Hall, faisant la queue pour empêcher le diplomate sahraoui d’entrer. «C’est un embarras total pour les missions africaines ici et, en tant qu’officier de police, je ne devrais pas avoir à m’occuper de cela», a déclaré dans cette même séquence Chris Hedley, agent de la police fédérale australienne. Il a notamment dit aux trois responsables marocains qui bloquaient l’entrée de la salle : «Vous vous êtes mis dans l’embarras (...).»
Selon le journal britannique, 30 minutes après l’incident, Kamel Fadel a pu assister à l’événement, escorté à l’intérieur par d’autres diplomates africains. Il a été accueilli par le gouverneur général australien avec lequel il a pris des photos. Le comportement des trois diplomates marocains a suscité l’incompréhension et l’indignation parmi les invités, le représentant du Front Polisario en Australie ayant été invité à l’événement par le haut commissaire sud-africain Marthinus van Schalkwyk, qui est également le doyen du corps diplomatique africain en Australie. L’invitation de Kamel Fadel a, par ailleurs, été approuvée par les ambassadeurs africains en Australie avant l’événement.
Le diplomate sahraoui a déclaré que les actions des responsables marocains «ont causé un grave embarras à tous les Africains et à leurs amis qui célébraient un jour historique et important pour l’Afrique». «Les célébrations organisées en cette occasion propice sont également destinées à mettre en évidence notre unité et notre fierté en tant qu’Africains.
C’est une occasion de joie et d’espoir, et non d’agression et d’intimidation». Par la suite, le haut commissaire sud-africain a écrit au représentant du Front Polisario pour lui dire qu’il considérait les efforts visant à empêcher sa présence comme «graves, inacceptables et en aucun cas comme une indication de la manière dont nos invités devraient être traités». «Vous étiez tout à fait en droit de participer à l’événement à notre invitation, mais aussi d’y assister sans obstruction, ni abus», a-t-il ajouté à l’adresse de Kamel Fadel.
L’UE appelée à clarifier sa position concernant le pillage du phosphate sahraoui
L’eurodéputé Carles Puigdemont a appelé la Commission européenne à respecter le règlement européen interdisant l’importation de minerais et métaux à partir de zones de conflit et à élargir le champ d’application du texte en vigueur à l’importation de phosphate en provenance du Sahara occidental occupé. L’homme politique catalan a demandé, mercredi à Bruxelles, à la Commission européenne de «clarifier sa position» concernant l’importation de phosphate depuis les territoires occupés du Sahara occidental, dénonçant «un trafic des richesses minières du Sahara occidental entre Rabat et Madrid». «Plusieurs entreprises espagnoles font partie de la chaîne d’approvisionnement en minerais du Sahara occidental, dont un constructeur d’infrastructures de base à Boucraa (une centaine de kilomètres au sud-est de Laâyoune occupée) et un cabinet d’avocats d’un ancien ministre des Affaires étrangères qui aide à ‘‘justifier’’ le commerce en agissant comme un groupe de pression», a révélé le parlementaire européen. Puigdemont a interpellé la Commission européenne au sujet de ce trafic en invoquant notamment le règlement de l’Union européenne (UE), approuvé en mai 2017, qui interdit aux Vingt-Sept d’«importer des métaux et minerais à partir de zones de conflit et politiquement instables». Malgré le statut des territoires sahraouis, classés non autonomes par l’ONU, le Maroc continue depuis quatre décennies d’exporter le phosphate du Sahara occidental, ont dénoncé les eurodéputés. R. I