Sadek Djemaoui, chanteur et interprète : «La musique m’a apporté beaucoup de joie, mais aussi de l’amertume»

31/01/2023 mis à jour: 06:17
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Sadek Djemaoui, chanteur et interprète

Je ne suis pas de ceux qui frappent aux portes des médias pour faire parler de moi.» Cette confession empreinte d’amertume, mais qui renvoie à la personnalité de l’homme et de l’artiste, entier et digne, ne cédant rien sur ses principes et les valeurs d’humilité, de sobriété, de générosité du cœur qui le caractérisent, n’est pas le signe d’un quelconque abattement, d’une capitulation face à l’adversité et l’environnement délétère dans lequel baignent les artistes en Algérie. Mais c’est plutôt une sorte d’exorcisme de l’âme, de complainte intérieure, en apparence sourde, mais combien lourde de sens et prégnante par les messages sous-jacents délivrés par ce chanteur à la voie entraînante qui fut le précurseur de la chanson populaire à la gloire de l’équipe nationale de football avec son tube immortel, inoxydable Djibouha ya laouled qui a enflammé les stades lors des matchs officiels du Onze national. Nous l’avons rencontré fortuitement. Il s’est livré à El Watan dans cet entretien express, tout en promettant, ultérieurement, de partager avec ses fidèles fans ses joies et ses peines, sans fard, avec le regard introspectif et lucide sur son parcours d’artiste riche en émotions avec cet engagement citoyen intimement associé à sa vie d’artiste.

Que devient Sadek Djemaoui, l’interprète de la chanson culte sur l’équipe nationale de football du mondial de Gijon Djibouha ya laouled qui a fait vibrer les stades d’Algérie et continue de le faire aujourd’hui encore, 41 ans après ? Vous avez disparu de l’espace médiatique. Pourquoi ?

Je suis toujours là et aussi prolifique que par le passé. Hélas, l’activité artistique a diminué de nos jours, donc je fais partie des artistes qui donnent l’impression d’avoir disparu de la scène artistique. Pour votre deuxième question, je ne suis pas de ceux qui frappent à la porte des journalistes pour parler de moi…

Depuis votre tube à succès, vous êtes resté plutôt en retrait sur ce créneau, et pourtant les rendez-vous sportifs dans lesquels le Onze national était engagé n’ont pas manqué depuis l’épopée en terre espagnole ?

Cette question, il faut la poser aux responsables des sports et aux organisateurs événementiels, pourtant, je suis leader de la chanson sportive sans frontière.

Que pensez-vous des chansons à la gloire de l’équipe nationale de football qui enflamment le stade lors des compétitions du Onze national aux plan du texte et de la musique ?

Il y a des jeunes chanteurs qui ont fait de leur mieux pour apporter de la joie et encourager l’équipe nationale, en revanche, d’autres chantent pour leur public…

Dans votre répertoire musical, vous avez la réputation d’être un chanteur à texte, vous ne chantez pas uniquement pour l’ambiance, mais aussi et surtout pour faire passer des messages, pour faire de l’éducation civique. Votre vie artistique est-elle imprégnée par l’enseignant que vous êtes ?

Absolument, j’ai chanté presque tous les sujets, mais la thématique de l’éducation occupe une place prépondérante dans mon répertoire artistique.

Peut-on vivre aujourd’hui en Algérie de sa passion pour la chanson, la musique ?

Cette passion de la musique m’a apporté beaucoup de joie mais aussi de l’amertume. Il est vrai, je n’ai pas gagné des fortunes, mais en revanche, j’ai le respect, la considération et l’estime du peuple algérien et de tous les gens, au-delà de nos frontières, qui apprécient toujours avec le même élan de sincérité et de fidélité mes productions artistiques.

Il y a un aspect méconnu de vous, votre seconde passion : l’écriture. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

En effet, j’ai une autre passion, il s’agit effectivement de l’écriture. Je travaille actuellement sur un essai de sociologie politique Le Mépris et les dérives de l’Occident, à paraître prochainement qui se veut une radioscopie sociétale universelle.

C’est un cri du cœur contre ces donneurs de leçons autoproclamés, chantres de la démocratie et gardiens de la défense universelle des valeurs des droits de l’homme mais qui ont une conception sélective de la pratique démocratique. On s’offusque, on s’indigne de quelques missiles de fabrication artisanale tirés des Territoires palestiniens occupés vers des villes frontalières israéliennes et on se tait sur les raids quotidiens, la répression féroce, la mort  des civils palestiniens, les destructions de biens, la profanation de la mosquée Al Aqsa. 

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