Le front des accidents de la circulation ne connaît pas de répit. Le fléau chevauche les années, les saisons, et ignore les campagnes de prévention lancées à l’adresse des usagers de la route.
La situation n’est pas loin de rappeler le syndrome du candidat au permis de conduire qui accélère devant un obstacle au lieu de freiner.
C’est pourtant le moment de mettre un coup d’arrêt à cette hécatombe et de rompre cet enchaînement fatidique qui affecte ou endeuille chaque jour des dizaines de familles. Tous les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics à l’effet de donner corps et consistance à la notion de sécurité routière doivent être remis à plat, réaménagés avant de les redéployer avec de meilleures chances d’efficacité.
Comme dans tous les dossiers et les secteurs de la vie nationale, il importe d’encourager une concertation avec les organisations de la société civile et professionnelle pour aider l’administration et les services concernés à engager les solutions les plus adaptées pour endiguer ce phénomène qui altère dangereusement les conditions de la circulation sur le réseau routier dans ses différentes configurations.
Le premier chapitre devant être réexaminé et remis en œuvre avec plus d’impact concerne la communication en direction de l’opinion publique. Tous les conducteurs, même ceux ayant été témoins ou impliqués dans quelque épreuve routière, ont une véritable soif d’informations pour comprendre les ressorts des dysfonctionnements qui surviennent avec fracas sur les voies de circulation rapides mais aussi secondaires. Les émissions de télévision animées récemment à l’occasion de la publication du bilan annuel et global des accidents ont duré presque une demi-heure, avec force introductions aux différentes statistiques.
Ce format peut ne pas correspondre aux exigences de cette époque, basée précisément et avec beaucoup de dommages sur la vitesse. Les usagers des médias traditionnels et nouveaux réservent une plus grande attention aux messages les plus courts et les plus concis.
Dans son souci de compréhension du «pourquoi» des accidents, et comment s’en prémunir, le citoyen s’oriente vers des contenus internet reprenant les conclusions des études sur le sujet. Les bilans les plus dramatiques sont enregistrés dans les collisions sur les routes à double sens. L’équation tragique est synthétisée ainsi par des spécialistes : «Au dessus de 80 km/h, un choc frontal peut entraîner des séquelles irréversibles, voire la mort des passagers même lorsqu’ils sont ceinturés.»
Contrairement à l’idée répandue, les chauffeurs scrutent fébrilement les panneaux de limitation de vitesse quand ils sont mis en évidence le long de la route, et s’y conforment instamment lorsqu’ils sont conscients que le dépassement du seuil réglementaire n’est pas seulement interdit mais mortel.
S’agissant des carambolages, de plus en plus récurrents, il y a urgence à insister sur l’obligation du respect de la distance de sécurité entre les véhicules. Cette règle de base contrebalance tous les aléas les plus cités dans la chronique routière, comme la détérioration de la chaussée, la surcharge des camions ou les pannes inattendues et non signalées.
Le volet le plus déterminant est sans doute d’ordre culturel et éducatif. Seul un investissement sur ce plan, en entamant ce long processus dès l’école, est susceptible de réhabiliter le civisme dans l’espace public et en particulier sur les routes. Un seul comportement qui heurte ce principe peut compromettre l’effort collectif pour le respect du code de circulation et du vivre-ensemble.