Retraite : l’urgence d’une réforme

10/05/2023 mis à jour: 00:26
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Une réforme structurelle des retraites s’impose comme une urgence. L’actuel projet d’amendement de la loi relative à la retraite, qui vise à rehausser le seuil minimum des pensions et des allocations de retraite, est certes nécessaire, mais peut être amélioré. 

La situation exige une refonte globale du système de retraite, appelé à être réformé en profondeur. Outre la nécessité de maintenir la vocation sociale, il y a l’impératif de soutenir le pouvoir d’achat des retraités. La Caisse nationale des retraites (CNR), qui compte près de 3 millions de retraités, est en difficulté structurelle, car les cotisations des actifs sont, à elles seules, insuffisantes pour financer les pensions et les allocations. Des réformes sont dès lors nécessaires pour permettre au modèle actuel de faire face à l’évolution démographique et surtout de résister à tout scénario de baisse des recettes tirées de l'exportation des hydrocarbures, qui maintiennent le régime de retraite, appelé à garantir un niveau décent de revenu. Au bout d’une longue carrière, de nombreux retraités se retrouvent avec une maigre pension, alors que le coût de la vie est de plus en plus cher. 

Des valorisations des pensions et allocations de retraite allant de 3 à 5% sont annuellement faites. Mais les syndicats réclament l’indexation des pensions sur l'inflation réelle pour faire en sorte que lorsque les prix augmentent sur fond d’inflation, les retraites sont revalorisées dans les mêmes proportions. En décembre dernier, le seuil minimum de la pension de retraite a été augmenté à 15 000 DA pour ceux qui percevaient une pension inférieure à 10 000 DA et à 20 000 DA pour les bénéficiaires de pension de 15 000 DA. 

Le projet d’amendement de la loi relative à la retraite vise «à augmenter le seuil minimum du montant annuel de la pension de retraite de 75 à 100% du salaire national minimum garanti (SNMG) et à instaurer un seuil minimum pour l’allocation de retraite annuel à 75% du SNMG». L’amendement de loi veut aussi instituer une allocation de retraite en faveur des travailleurs âgés de moins de 65 ans qui ne remplissent pas, à cet âge, la condition de durée du travail et qui peuvent faire valider au minimum 5 ans d’activité. 

Des experts estiment qu’il faut aller au-delà des amendements et proposent l’idée de trois piliers : l'assurance vieillesse, la prévoyance professionnelle et la prévoyance individuelle. Le premier pilier est censé assurer le minimum vital et est obligatoire pour toutes et tous, le deuxième garantit le niveau de vie antérieur et est imposé à toutes les personnes salariées. Le troisième pilier est une épargne privée facultative et fiscalement avantageuse, connue sous la formule de retraite complémentaire.

Cette dernière est prévue par la loi algérienne. Toutefois, sur le terrain, certaines compagnies d'assurance, qu'elles soient publiques ou privées, proposent, certes, des retraites complémentaires, mais par manque de rentabilité de ce segment, les primes de cotisation sont onéreuses. 

Des réformes peuvent être introduites pour faire en sorte que l’Etat verse aux retraités dans le besoin des prestations complémentaires financées par l’argent des contribuables. Dans le cas où la retraite ne suffirait pas à couvrir toutes les dépenses, la loi doit prévoir des possibilités de soutien financier de l’Etat sous forme de retraite complémentaire, qui permet d’assurer le minimum vital. 

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