Les récentes pluies torrentielles qui ont balayé plusieurs wilayas du Sud-Ouest ont certes provoqué des inondations et des dégâts considérables, mais elles ont également apporté une bouffée d’air frais en matière de ressources hydriques.
Ces précipitations, particulièrement intenses, ont permis de remplir plusieurs barrages dans cette région aride, offrant ainsi une opportunité précieuse pour pallier le déficit en eau accumulé au fil des années. Plusieurs wilayas, habituellement marquées par une sécheresse chronique, ont vu leurs infrastructures hydrauliques se remplir à des niveaux inédits.
Le barrage de Djorf Torba, par exemple, a connu une hausse spectaculaire de son niveau de remplissage, renforçant ainsi l’approvisionnement en eau potable pour les populations locales et l’irrigation des terres agricoles. Cette situation constitue un tournant important pour les activités agricoles et pastorales, souvent paralysées par le manque d’eau dans ces zones sahariennes.
Le barrage de Djorf Torba (wilaya de Béchar) a atteint, ces dernières 48 heures, un volume de remplissage de plus de 247 millions de mètres cubes, soit un nouvel apport de 107 millions de m3, selon un responsable de l’antenne locale de l’Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT), Ahmed Djebli.
Les importantes chutes de pluies qui se sont abattues en début de semaine sur la région et les crues des oueds de la région, à l’instar du Guir, dont les eaux sont retenues dans ce barrage, sont à l’origine du remplissage total de son lac de 94 km2, qui était auparavant «pratiquement asséché».
Ce remplissage record, qui n’a pas été enregistré depuis plusieurs années au niveau de ce barrage d’une capacité de retenue de 365 millions de mètres cubes et dont la problématique de son envasement ne lui permet pas d’atteindre sa pleine capacité, «a incité à ouvrir plusieurs de ses vannes pour sécuriser l’infrastructure de retenue».
Le remplissage du barrage permettra le renforcement de l’offre en eau potable au profit des habitants des communes de Béchar, Abadla et Kenadsa, à travers sa station de traitement et épuration des eaux, en plus de répondre aux besoins en eaux d’irrigation des agriculteurs de la plaine agricole d’Abadla, qui s’étend sur 5400 hectares, selon la direction locale du secteur de l’hydraulique.
Réserves d’eau reconstituées
Outre le remplissage de ce barrage, l’un des autres plus grands oueds de la région du Sud-Ouest, en l’occurrence oued Saoura, issu de la jonction entre les oueds Guir et Zouzfana, près de la commune d’Igli (wilaya de Beni Abbès), est en crue record depuis plusieurs jours, ont indiqué les services de cette wilaya.
Le barrage de Brezina (El Bayadh) a reçu un apport de plus de 24 millions de mètres cubes d’eau, suite aux fortes pluies qui se sont abattues dernièrement sur la région, selon le directeur des ressources en eau, Lyazid Lounis. Cet apport a augmenté le niveau d’eau du barrage à 27 millions de mètres cubes, soit un taux de 65% de la capacité de stockage estimée à 42 millions de m3.
Ce barrage, destiné principalement à l’irrigation des périmètres agricoles, a connu une baisse considérable du niveau d’eau ces dernières années, en raison de la faible pluviométrie. Pour faire face au stress hydrique enregistré dans la wilaya, la direction locale des ressources en eau a accordé, depuis le début d’année en cours, plus de 1300 autorisations de forage de puits dans la wilaya, alors que 300 autres demandes sont actuellement à l’étude.
Le remplissage des barrages est perçu comme une opportunité stratégique à long terme. Il permettra non seulement d’améliorer l’approvisionnement en eau potable, mais aussi de relancer des projets agricoles et de développement dans cette région qui souffre d’un déficit hydrique depuis des années. Les experts en gestion des ressources hydriques appellent néanmoins à une gestion rigoureuse de ces nouvelles réserves afin d’éviter le gaspillage et de garantir une utilisation durable de l’eau.