Résorption de l’habitat précaire à Ouled Saber (Sétif) : Des milliards de dinars partis en fumée

21/06/2022 mis à jour: 04:00
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Photo : D. R.

Inscrits au titre du plan quinquennal 2006/2010, les 500 logements se trouvent dans un état de délabrement avancé, alors que les travaux de VRD sont en instance.

Le cas des 500 logements initiés pour la résorption de l’habitat précaire à Ouled Saber chef-lieu de commune située à 10 km à l’est de Sétif est l’exemple type de la dilapidation des deniers publics et du laisser-aller. Inscrits au titre du plan quinquennal 2006/2010, les logements construits en R+1 se trouvent dans un état de délabrement avancé. Lancés en 2007, les travaux ou, plutôt, le volet relatif à l’habitat, sont achevés en 2013.

Le récurrent problème des VRD (voirie et réseaux divers) bloque la finalisation de l’opération ayant, faut-il le rappeler, coûté les yeux de la tête au Trésor public, accentue la déprime des centaines de familles concernées par un tel segment, donne un coup d’accélérateur à la dégradation des habitations exposées depuis presque dix longues années aux aléas du temps et aux intrusions des pilleurs à la recherche d’objets précieux dont les fils de cuivre.

La visite du site vous donne la nausée. Abandonné, l’espace qui a vu passer pas moins de six walis (Bedoui, Zoukh, Bouderbali, Maskri, Belkateb et Abla) s’apparente, le moins que l’on puisse dire, à des vestiges des temps anciens, au grand dam des citoyens d’Ouled Saber et d’ailleurs. «La situation lamentable des 500 logements n’incombe pas à l’État qui a mis les moyens et injecté des milliards pour offrir une vie décente aux familles démunies.

Les autorités locales endossent toute la responsabilité. Trouvez-vous normal que 500 logements devant rendre le sourire à autant de familles fassent du surplace à cause de la route, de l’éclairage public et d’autres raccordements ? Nous profitons de l’opportunité pour solliciter l’intervention personnelle du président de la République et l’ouverture d’une enquête devant déterminer et sanctionner les auteurs de ce crime économique», fulminent des citoyens rencontrés non loin du site ressemblant à un cimetière.

Parlant à El Watan sous le sceau de l’anonymat, un architecte connaissant bien le dossier dit sans ambages : «Les logements ont subi d’innombrables dégradations. Ils ont besoin non seulement d’une expertise, mais aussi d’une onéreuse réhabilitation. Exposés aux aléas climatiques, les logements ne sont pas habitables en l’état. Vous avez vu l’état de la boiserie et des fenêtres ?» Pour connaitre les causes d’un tel désastre, nous avons dans un premier temps pris attache avec le directeur général de l’OPGI.

Avant de nous orienter vers le DUCH (directeur de l’urbanisme et de la construction), notre interlocuteur estime que l’OPGI n’est aucunement responsable d’une situation pénalisant aussi bien le citoyen attendant sur des charbons ardents, que l’OPGI faisant face à un incommensurable manque à gagner ainsi qu’aux importantes charges de gardiennage.

Lenteurs administratives

Le son de cloche du DUCH n’est pas le même. «Effectivement, le projet des 500 logements RPHP d’Ouled Saber est un point noir. Le désistement de l’entreprise désignée pour les VRD, ainsi que la période de la Covid 19, ont compliqué un peu plus les choses. Une partie des réseaux est à la charge de l’OPGI devant en outre procéder à la réhabilitation des logements. Chargée d’une partie des travaux, l’Emivar vient de terminer le réseau d’assainissement.

Le dossier des trottoirs, de la chaussée, de l’AEP et des aires jeux, se trouve actuellement au niveau du contrôleur financier», souligne notre interlocuteur. Les lenteurs des procédures administratives et l’ampleur des travaux nécessitant une importante manne financière et une armée de travailleurs, le dossier ne trouvera pas de sitôt un heureux épilogue. Pour rattraper le temps perdu, limiter les dégâts, les autorités vont-elles rectifier le tir et faire des 500 logements d’Ouled Saber, n’offusquant pas outre mesure les sénateurs et députés, la priorité des priorités ? Affaire à suivre.        

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