République démocratique du Congo : Amnesty accuse l’armée de «possibles crimes contre l’humanité»

12/12/2024 mis à jour: 19:32
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La plupart des victimes de Goma appartenaient à un mouvement mystico-religieux - Photo : D. R.

Amnesty International demande que l’ONU ouvre «sans délai une enquête indépendante sur le rôle de la Monusco, notamment de sa direction, et d’en rendre les conclusions publiques».

Amnesty International a accusé, dans un rapport publié hier, des hauts responsables des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) de «possibles crimes contre l’humanité» lors du massacre d’au moins 56 personnes à Goma en 2023, rapporte l’AFP. Selon l’ONG, «les forces de sécurité congolaises se sont livrées à une folie meurtrière» en ouvrant le feu sur des manifestants le 30 août 2023 à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu (est), en proie à des violences de groupes armés depuis plus de 30 ans. «Au moins 56 personnes ont été tuées illégalement et plus de 80 ont été blessées», souligne Amnesty.

La plupart des victimes appartenaient à un mouvement mystico-religieux, Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations (FNJMN), dont le leader a appelé à une manifestation contre la Monusco (Mission des Nations unies en RDC). L’organisation dit avoir «identifié trois officiers de l’armée devant faire l’objet d’enquêtes individuelles et, si des éléments de preuve suffisants sont trouvés, être poursuivis pour de possibles crimes contre l’humanité».

«Enquête»

Il s’agit, selon Amnesty, de Constant Ndima Kongba, ancien gouverneur militaire du Nord-Kivu, du colonel Mike Mikombe Kalamba, commandant de la Garde républicaine, et du major Peter Kabwe Ngandu, son subordonné lors de l’opération meurtrière. En octobre 2023, la justice congolaise a condamné à mort le colonel Mike Mikombe et trois autres militaires à dix ans de prison pour «meurtres».

Amnesty International demande également que l’ONU ouvre «sans délai une enquête indépendante sur le rôle de la Monusco, notamment de sa direction, et d’en rendre les conclusions publiques». «Un rapport confidentiel des Nations unies consulté par Amnesty International a établi le nombre de morts à 102», dont «90 hommes, huit femmes et quatre garçons, et plus de 80 blessés», selon les auteurs du rapport. FNJMN a assuré, le 30 août 2024, avoir établi un décompte de 103 personnes tuées. 

Par ailleurs, le président de la RDC a avancé hier devant le Parlement l’idée d’une «réforme constitutionnelle», l’opposition dénonçant depuis des semaines une manœuvre du chef de l’Etat pour tenter de rester au pouvoir. Félix Tshisekedi a été réélu en décembre 2023 pour un second et dernier mandat avec plus de 73% des voix. La Constitution prévoit que le président est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Cet article dit «verrouillé» ne peut faire l’objet d’aucune modification.

Depuis plusieurs semaines, le chef d’Etat fait avancer cette idée à travers le pays, haranguant des foules de milliers de soutiens lors de visites dans plusieurs villes du pays. «Personne ne va changer ma position sur la révision ou le changement de la Constitution», a-t-il notamment lancé le mois dernier à Lubumbashi (sud-est) à destination d’une opposition qui dénonce un «coup d’Etat constitutionnel» et accuse Tshisekedi de vouloir briguer un troisième mandat. Les principaux opposants ont promis des «manifestations citoyennes à travers tout le pays».

En RDC, toute modification de la Constitution doit être approuvée par référendum sur convocation du président de la République, sauf si le projet est approuvé à la majorité des 3/5e du Parlement. En 2015, des manifestations contre une loi électorale susceptible de permettre à l’ex-président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de deux mandats avaient fait des dizaines de morts.

 

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