Repenser le métier d’enseignant

22/10/2023 mis à jour: 14:43
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Qui devient enseignant ou enseignante en Algérie ? Qu’attend exactement l’école publique de l’instituteur ou de l’institutrice ? Comment est évalué le corps enseignant ?

 Ce sont autant de questions qui devraient être au cœur des grands chantiers de la réforme du système éducatif. Pour améliorer la qualification de l’encadrement pédagogique, les experts en pédagogie estiment que l’évaluation des enseignants demeure la matrice fondamentale et l’un des plus puissants moyens d’améliorer l’atteinte des objectifs de qualité dans l’école publique. Nécessaire, indispensable et sensible, l'évaluation du corps enseignant devrait figurer au cœur de toute politique de réforme. 

L'évaluation du corps enseignant prend de l'importance avec le débat sur la qualité de l'enseignement à l'école. Pour les pédagogues, le système actuel gagnerait à repenser le dispositif d’évaluation des enseignants. Ce volet de taille attend le ministère de l’Education. L'école algérienne aurait beaucoup à gagner à installer des instruments fiables et universellement reconnus de contrôle de la qualité de l'enseignement. Pour l’heure, les enseignants peuvent être évalués essentiellement sur des questions disciplinaires, mais assez peu sur leurs compétences pédagogiques. 
 

La qualité de l’enseignement nécessite une réforme du système d’évaluation et d’avancement de carrière des enseignants. La réforme doit conduire à une rémunération davantage fondée sur le mérite. Reste à savoir ce qui est défini par mérite et comment il doit être mesuré quand on parle du travail enseignant. L’évaluation des aptitudes pédagogiques des enseignants a besoin d’une base légale qui doit être consacrée. Les experts en pédagogie préconisent un rythme plus régulier et inopiné des inspections et un renforcement qualitatif et quantitatif des instances de l’évaluation du corps enseignant. 

Le travail de terrain de l’inspecteur a besoin d’être renforcé en quantité et en qualité. Le rôle des directions d’école est de favoriser des pratiques plus qualitatives. La réforme doit permettre aux enseignants d’être davantage accompagnés par les inspecteurs. Ce qui est, aujourd’hui, peu le cas. Le nombre réduit des inspecteurs ne permet pas la mise en place d’un suivi performant. 

La part d’évolution de carrière au «mérite» doit être forte. Ceci nécessite un dispositif qui devrait permettre aux inspecteurs d’évaluer plus facilement les enseignants et favoriser une rémunération au mérite. Les instruments d'appréciation doivent être renforcés pour permettre aux enseignants d’améliorer leurs prestations. La notation des enseignants doit céder la place à une véritable évaluation des compétences professionnelles sur la base d’un référentiel de compétences qui reste à concevoir. 

Une telle évolution est susceptible d’aboutir à une dynamique d’évaluation formative. La réforme de l’évaluation doit toutefois être précédée d’un débat sur la sélection de ceux qui peuvent enseigner. Le système de formation des enseignants doit attirer les meilleurs étudiants. 

La formation sélective, exigeante et continue des enseignants constitue le principal facteur de valorisation du métier, autant que l’instauration d’un système de rémunération au mérite. Enfin, il est utile de préciser que toute réforme ne doit pas s’éloigner du but fondamental des enseignants, qui est de développer chez les élèves l’esprit critique, l’ouverture au monde et la créativité. 

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