Repenser l’assurance maladie

17/02/2022 mis à jour: 05:02
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L’actualité est rythmée par l’accélération de l’érosion du pouvoir d’achat des Algériennes et des Algériens. Face à cette situation intenable, il est certes nécessaire de prendre des mesures sociales pour soutenir conjoncturellement le segment alimentaire, mais il est tout aussi urgent de régler structurellement la question de l’explosion des dépenses de santé, qui ne cessent de saigner les ménages à revenus modestes.

L’explosion des coûts des soins qui ne semble pas près de s’arrêter et la réduction de la liste des médicaments remboursables appellent à réformer l’assurance maladie au même titre que toute la matrice du financement du système de santé publique. Basé sur deux caisses étatiques (CNAS et Casnos), le modèle actuel de financement doit absolument être réformé. Les modestes citoyens payeurs de cotisations se plaignent d’alimenter un système qui ne leur rend pas assez de justice sociale.

La réforme doit permettre aux familles, confrontées à la maladie de l’un de leurs membres, de ne plus être obligées d’engloutir leurs économies ou d’emprunter de l’argent, au risque de sombrer dans la pauvreté, comme c’est encore trop souvent le cas. La carence la plus criante est l’absence d’une assurance universelle qui couvrirait tous les citoyens du pays. La couverture universelle qui couvrirait même les actifs de l’informel est un enjeu moral lorsque l’on constate combien les inégalités se sont accrues ces dernières années.

Il est urgent de cibler le secteur informel en promouvant les mutuelles ou encore la micro-assurance, qui est un mécanisme de protection des personnes à faibles revenus contre des risques spécifiques en échange du paiement de primes d’assurance adaptées à leurs besoins.

La part des dépenses de santé non remboursées ne cesse d’exploser. Une situation qui produit des effets catastrophiques sur les familles, les plongeant dans la pauvreté. En théorie, les prestations médicales couvrent un large éventail de dépenses de soins. Mais dans la réalité, les remboursements des interventions chirurgicales, dont le coût peut atteindre dans le privé près d’un million de dinars, sont souvent dérisoires.

De même, les taux de remboursements des appareillages et les prothèses dentaires sont tout aussi dérisoires. Cette carence affectant les soins dentaires doit être remédiée en prévoyant une subvention grâce à un conventionnement des dentistes. Ces derniers peuvent ainsi fixer librement leurs tarifs et établir la part restante à la charge du patient. Enfin, grâce aux nouvelles technologies et en particulier à l’émergence du paiement mobile, les assureurs peuvent promouvoir des systèmes de paiement des frais de soins. C’est ce que propose Amana Assurances, qui a lancé une application sur les smartphones.

Cette société, dont l’ancêtre est la Société d’assurance, de prévoyance et de santé (SAPS), est la première société mixte des assurances de personnes en Algérie. Elle a été créée, il y a un peu plus de dix ans, en partenariat entre la SAA, la société d’assurance mutuelle française Macif, la BDL et la BADR. Ce service complémentaire vise à couvrir les frais qui ne sont pas entièrement remboursés par la CNAS ou la Casnos. Les tarifs sont certes abordables, mais les taux de remboursement des frais médicaux sont malheureusement tout aussi modestes. L’amélioration de tels dispositifs est largement souhaitée.

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