Réouverture des frontières avec la Tunisie : Le grand rush n’a pas eu lieu

16/07/2022 mis à jour: 06:03
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Les services de la DGSN et des douanes algériennes ont été à la hauteur de l’événement

Jeudi 14 juillet avant minuit, une cinquantaine de voitures se sont déjà alignées sur le point de départ du poste frontalier de Oum Teboul (El Kala, El Tarf) en direction de Tabarka (Tunisie). Les formalités ont débuté à 00h00 précise le 15 juillet comme prévu, tout était fin prêt, réglé comme du papier à musique et les premiers vacanciers à franchir la frontière sont un couple de Annaba arrivé sur les lieux en milieu d’après-midi. «Cela n’a pas été éprouvant et il y avait des places d’ombre», nous dit-on. 

En effet, il y a toujours l’air frais de la mer qui remonte sur les hauteurs du Feidj Bababrik, le col du djebel Haddada où se trouvent les deux postes frontaliers algérien et tunisien qui se font face. La nuit est douce et la pleine lune, qui se cache puis réapparaît entre les arbres sur la route, l’embellit. Au petit matin de vendredi et jusqu’à 7h, le poste est étonnement vide. Pas de rush, du moins pas encore, et c’est peut-être un bon signe, mais il contredit toutes les supputations. On dit maintenant que ce sera après les résultats du bac. Très peu de familles avec enfants, des jeunes par groupe de deux ou trois.

Des passagers seuls qui nous expliquent qu’ils vont d’abord prendre la température en Tunisie, «on raconte tant de choses». La Covid qui reprend de plus belle, les prix des produits de large consommation inabordables, l’huile, le sucre et la semoule notamment. Les tarifs des hôtels qui ont fait un bond de 30% à 40% depuis l’annonce de la réouverture. «Ils ne nous mettent pas de sabots aux roues, mais en pleine figure», ironise-t-on de ce côté-ci de la frontière par allusion à l’annonce faite mardi 12 juillet à El Tarf par le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, sur une exonération des sanctions à l’encontre des automobilistes algériens. Une décision qui a soulevé un tollé, légitime du reste, chez nos voisins et sur laquelle le ministre «est revenu avec souplesse», ont rapporté hier nos confrères tunisiens. 

Pas de rush non plus chez les assureurs pour s’acquitter de l’assurance panarabe exigée dès l’entrée sur le territoire de la République tunisienne et, dans le cas contraire, il faudra en prendre une sur place auprès des Douanes tunisiennes au prix de 15 euros et valable seulement 10 jours. Les agences de voyages que nous avons contactées n’ont pas non plus constaté encore une demande notable pour la destination Tunisie. «Dix jours après l’annonce de la réouverture, ça ne bouge pas encore. Des clients s’informent, nous dit-on, mais ils déchantent vite lorsqu’on leur donne les tarifs établis sur les prix tunisiens. Billet d’avion non compris, c’est plus avantageux d’aller en Turquie», nous explique le directeur d’une agence à Annaba réputée pour ses offres en Tunisie.

Mais beaucoup d’Algériens ne vont pas dans les hôtels. Ils louent chez l’habitant dans les grandes villes balnéaires, dont Nabeul, Hammamet, mais surtout Sousse. Ils étaient en gros, pour la moitié de ceux à qui nous l’avons demandé, sur la ligne de départ de vendredi minuit. Ils seraient près d’un million, selon des estimations, et un autre million serait attendu dans les hôtels, selon les évaluations qui tablent sur la grande migration estivale des Algériens vers l’Est.

Le grand problème des pass sanitaires

Les services de la DGSN et des Douanes algériennes ont été manifestement à la hauteur de l’événement, bien que ne soit que le début. Nous n’avons pas pu obtenir l’autorisation pour voir par nous-mêmes la situation de l’autre côté, mais un responsable de la douane tunisienne nous a assuré à l’entrée de son poste que tout baigne dans l’huile. Les premiers Tunisiens entrés en Algérie après minuit nous ont déclaré qu’il y a effectivement peu de monde et que les agents tunisiens étaient en place pour les formalités d’usage. Avec le peu monde de ce vendredi, les formalités ont cependant provoqué des goulots d’étranglement dans le flux des passagers. Pour éviter l’un d’entre eux, le plus pénible, il faut veiller à se munir des quittances de résidence pour ne pas surcharger les services sur place. La taxe dite de carburant, qui équivaut à 500 DA pour un véhicule de tourisme et plus pour les autres catégories, et la taxe de voyage passée à 1000 DA pour chaque passager. Le TPD, le titre de transport temporaire pour véhicule, est toujours téléchargeable sur le site internet des Douanes.

Deux familles algériennes revenant au pays étaient dans la nuit du 15 juillet vers 2h complètement désemparées. Mal informées sur les mesures sanitaires en vigueur, elles sont restées coincées entre les deux postes frontaliers.

Faute d’une campagne d’information. Il faut savoir en effet que pour entrer en Algérie, il faut un pass sanitaire de moins de 9 mois. Rien que pour les enfants de moins de 12 ans, une PCR de moins de 72 heures pour les 12-18 ans et pour les plus de 18 ans, une PCR de moins de 72 heures ou une vaccination (pass) de moins de 9 mois avec 2 doses pour tous les vaccins, sauf le Johnson. Pour entrer en Tunisie, il est exigé une vaccination (pass) avec 2 doses, 1 pour le Johnson, et pas de limitation à 9 mois. 

Sinon une PCR de moins de 48 heures ou un test antigénique de moins de 24h. Le test PCR coûte 170 DT soit 12 000 DA. Hier, nous avons appris qu’il y a eu de nombreux cas de personnes refoulées pour défaut de documents sanitaires valables, une cinquantaine seulement dans la matinée au poste de Oum Teboul, le plus important du territoire national. 

De notre envoyé spécial à la frontière algéro-tunisienne 
Slim Sadki

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